La composition du collège cardinalice va donc passer à 132 cardinaux électeurs – susceptibles de passer à un éventuel conclave – et à 108 cardinaux non votants. L’Opus Dei perd son dernier cardinal électeur au conclave.
Juan Luis Cipriani Thorne est né à Lima, au pérou, en 1943 dans une famille de onze enfants. Ses parents étaient surnuméraires – membres laïcs – de l’Opus Dei. Après ses études secondaires, il a étudié l’ingénierie industrielle, obtenant son diplôme en 1966. Entre-temps, en 1962, il a rejoint l’Opus Dei.
Excellent basketteur, il a fait partie de l’équipe nationale qui remporte le tournoi des «Jeux bolivariens» en 1965, a fini sur la deuxième marche du championnat d’Amérique du sud organisé à Lima en 1963 et a aussi participé à une édition des Jeux panaméricains au Canada en 1967. Il a ensuite commencé à travailler au sein de la multinationale américaine W.R. Grace, spécialisée en matériaux de construction, tout en étant promoteur pour l’Institut rural Valle Grande, une institution aidant les petits producteurs à se développer.
Mais Juan Luis Cipriani Thorne a finalement décidé de répondre à sa vocation de prêtre, et a rejoint le séminaire international de l’Opus Dei à Rome, avant de poursuivre ses études à l’Université de Navarre à Pampelune où il a obtenu un doctorat en théologie. Il a été ordonné en 1977 à Madrid, puis est devenu professeur dans la faculté de théologie de Lima avant d’être nommé directeur spirituel au grand séminaire de la capitale péruvienne. De 1986 à 1988, il a été vicaire régional de l’Opus Dei au Pérou et vice-chancelier de l’Université de Piura.
En 1988, Jean Paul II l’a nommé évêque auxiliaire d’Ayaucho. Il s’est alors révélé un adversaire farouche de la théologie de la libération. En 1991, il a été désigné comme administrateur apostolique de son diocèse, poste qu’il occupera jusqu’à ce que le pontife polonais le nomme archevêque de plein titre en 1995.
En décembre 1996, c’est lui qui a été choisi par le Saint-Siège comme intermédiaire pour aller négocier avec un groupement de terroristes qui avait pris 700 personnes en otage dans l’ambassade du Japon, dont plusieurs officiels. Si certains otages ont été libérés grâce à son intervention, il n’est pas parvenu à débloquer la situation et à empêcher l’intervention militaire en avril 1997, qui a entrainé la mort de tout le groupe terroriste, de deux commandos et d’un otage.
L’opération a été interprétée comme un succès pour le gouvernement péruvien du président conservateur Alberto Fujimori, dont Mgr Cipriani Thorne était proche, mais qui a été emprisonné plusieurs années plus tard pour corruption. L’archevêque péruvien s’est révélé au grand public à cette période, montrant une certaine aisance avec les médias.
Deux ans plus tard, en 1999, Jean Paul II l’a nommé nomme primat du Pérou en lui confiant l’archidiocèse de Lima. Il est devenu dans le même temps grand chancelier de l’université pontificale catholique du Pérou. En 2001, le pape polonais l’a créé cardinal lors du même consistoire que celui qui habille de pourpre Mgr Jorge Mario Bergoglio, alors archevêque de Buenos Aires.
Il a participé au conclave de 2005 qui choisit Benoît XVI comme 265e pape. En 2007, il est devenu membre du Conseil des cardinaux que le pontife allemand a constitué pour réfléchir aux problèmes économiques et organisationnels du Saint-Siège. Il a participé à la conférence d’Aparecida au Brésil en 2007, tout comme le cardinal Bergoglio.
À partir de 2009, il est entré en conflit avec l’université pontificale catholique du Pérou, qu’il jugeait trop libérale, obtenant en 2012 du Vatican que lui soient retirés les termes «pontifical» et «catholique». Au prix d’une longue bataille, l’université a fini, sur intervention du pape François, par garder son nom. L’archevêque, pour sa part, a perdu en 2016 sa fonction de chancelier de l’université.
Le cardinal a participé au conclave de 2013 qui élit François sur le trône de Pierre. Pendant les congrégations, il a fait partie des cardinaux qui ont demandé une réforme en profondeur de la Curie, et qui défendent l’idée d’un pape venant d’Amérique latine. En 2018, il a reçu François au Pérou. Ce dernier a accepté sa démission de l’archidiocèse de Lima en 2019, moins d’un mois après qu’il ait dépassé la limite d’âge, et l’a remplacé par un simple prêtre du diocèse, le Père Gustavo Castillo Mattasoglio.
Ce changement rapide a été interprété par certains comme une volonté du pape de tourner la page. Après avoir participé à l’ordination de son successeur, l’archevêque émérite de Lima s’est effacé de la scène publique. À noter que le cardinal Cipriani Thorne n’a pas fait l’unanimité au Pérou, puisqu’il n’a jamais été élu président de la conférence des évêques de son pays. (cath.ch/imedia/cd/bh)
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