Chanoine Jean-Robert Allaz – Eglise St-François-Xavier, St-Barthélemy
« Si le Père vous appelle, tressaillez de joie … à aimer, … à la tâche des apôtres… » Le chant de la chorale a donné le ton, au propre comme au figuré.
Si le monde vous appelle, à la moisson du Royaume, à tenir dans la prière …
Si l’Eglise vous appelle, à répandre l’Evangile, à semer un blé nouveau…
Bienheureux êtes-vous, vous avez de la chance.
De fait, nous sommes encore au début de l’année et des vœux. Si la santé fait partie des priorités, n’oublions pas que la santé corporelle ne doit pas faire de l’ombre à la spirituelle. Dieu nous a créé à son image, dont notre âme se doit le reflet. Et la Messe dominicale vient lustrer ce reflet. Et peaufiner le quotidien de nos vies.
Comment saisir ce programme de joie ?
A l’image d’un concours, il y a la faveur d’être appelé, choisi, d’être l’heureux élu. Mais avec le Seigneur, les codes humains sont différents, surpassés, puisque tout un chacun a la faveur d’être invité et supposé gagner la première place. Mais quelle est la récompense, le premier prix ? La mathématique et même l’informatique ne trouvent pas leur compte, car tous gagnent une place dans le Royaume des Cieux. « Il y une foule immense que nul ne peut dénombrer » lit-on à la Fête de la Toussaint. Alors, jouons, nous avons tous les mêmes jokers, les valeurs de l’Evangile : un peu de foi – à l’image de la petite graine de sénevé qui donne le plus grand arbre – et beaucoup d’amour. Et ce ne sont pas des branches à option, comme dans les programmes scolaires ici-bas.
Quelques points de repère dans l’histoire du salut
Comment et quand Dieu appelle-t-il ?
Dans l’Ancien Testament, nous rencontrons le jeune Samuel, pieux, vivant dans l’ombre du Temple de Jérusalem. Trois fois, il entend le même appel mais ne comprend pas et ne répond pas au premiers appels, Il faut la sagesse, la foi et l’expérience du vieux prêtre Eli pour l’inviter à répondre au Seigneur. Ne riez pas, la sagesse de l’âge n’est pas une découverte récente, parfois bien vite balayée.
Dans le Nouveau Testament, Jean-Baptiste a la chance, le privilège d’annoncer la venue du Messie, de préparer la foule en attente et d’accueillir et présenter Jésus. Par contre, il en perdra sa tête, martyr.
Pierre, Jacques et Jean étaient des croyants, en attente du Salut et en recherche du Messie. « Venez et vous verrez… » les invite Jésus. Les pêcheurs du Lac de Tibériade deviendront les premiers apôtres et Simon – devenu Pierre -, le roc auquel Jésus confiera son Eglise et les clés du Royaume des Cieux. Voilà l’enjeu de la course au trésor, il dépasse tout pronostic.
Et par la suite dans la vie de l’Eglise
Permettez-moi deux exemples dans notre pays. Jamais nous ne rivaliserons avec le nombre des canonisés de France, d’Italie, d’Espagne, du Portugal, de Pologne et d’autres pays.
Je citerai d’abord saint Nicolas de Flüe, le saint patron de notre pays, vivant en ermite au Ranft dans le cœur des montagnes et de notre pays. Un père de famille, appelé par le Seigneur, avec l’accord de son épouse Dorothée et de ses enfants, dans le village de Flüeli au 15e siècle (1417-1487). Il est invoqué pour la paix et fut beaucoup prié dans notre pays lors de la dernière guerre mondiale.
Beaucoup plus récemment et tout près de chez nous, près de Siviriez au hameau de La Pierraz, Marguerite Bays, une humble couturière. Elle faisait le catéchisme aux enfants et les réunissait auprès de sa crèche, elle secourait les pauvres et assistait les malades et les mourants. Une vie de foi, de simplicité et d’apostolat, dans son modeste milieu de vie (1815-1879).
Aujourd’hui, quelle joie ?
Nous sommes dans un monde de guerre et de violence dans beaucoup de parties du monde. Que dirait Jésus au sujet de la Palestine et d’Israël, terre de son Incarnation ? l’Ukraine ne peut nous laisser indifférents, pas plus que les tout jeunes soldats russes enrôlés de force au combat et pour beaucoup voués à la mort. Et dans d’autres parties du monde où les femmes et les enfants sont les premières victimes de situations de violence.
La joie restera possible, s’il y a dans les cœurs une immense Espérance. Des miracles sont encore possibles. Je lisais tout récemment qu’une dizaine d’enfants ont fait leur Première Communion dans une église catholique d’un endroit à Gaza. Dieu n’est pas absent. Et nous sommes venus chercher ici le Pain de vie, pour ne pas dire de survie.
Courage, Dieu nous appelle à vivre. AMEN
2e dimanche du Temps ordinaire
Lectures bibliques : 1 Samuel 3, 3-19; Psaume 39; 1 Corinthiens 6, 13-20; Jean 1, 35-42