Le proche conseiller du pape, membre du C9, est accusé d’«attouchements» par une personne qui était âgée de 17 ans au moment des faits (en 1987-1988), soit à une période où le cardinal était encore séminariste ou à peine ordonné prêtre. Le nom du cardinal Lacroix apparaît dans une liste de possibles agresseurs déposée par une action de classe contre l’Église, qui rassemble les plaintes de 147 victimes potentielles. L’identité de la possible victime est maintenue secrète pour la protéger.
Le cardinal canadien a été ordonné prêtre le 8 octobre 1988, soit pendant la période concernée par les attouchements. Il avait découvert sa vocation en 1982 après avoir effectué un voyage en Colombie avec l’Institut séculier Saint-Pie X, un mouvement proche de la Jeunesse ouvrière catholique, engagée dans l’évangélisation par les laïcs.
De retour au Canada, il s’était inscrit au séminaire, continuant son activité au sein de l’Institut séculier Saint-Pie X dont il devient le secrétaire général entre 1982 et 1987. Il a aussi dirigé la Maison du Renouveau, un lieu de retraite situé à Québec, de 1985 à 1987.
Après son ordination, le cardinal Lacroix est reparti en Colombie comme missionnaire, où il reste jusqu’en 1998, date à laquelle il retourne à Québec pour prendre la tête de l’Institut séculier Saint-Pie X. En 2009, il est nommé évêque auxiliaire de Québec par Benoît XVI, puis en devient l’archevêque en 2011 après l’appel à Rome de son prédécesseur, le cardinal Marc Ouellet, nommé à la tête de la Congrégation pour les Évêques – où il est resté jusqu’en 2023.
En 2014, le pape François le crée cardinal. Le pontife en a récemment fait un de ses plus proches conseillers en l’intégrant le 7 mars 2023 au groupe des neuf cardinaux (C9) chargés de le conseiller dans sa réforme de l’Église.
Sur la question de la lutte contre les abus, le cardinal Lacroix assurait dans un entretien publié en 2022 qu’«il n’est plus question de fermer les yeux» et que l’attitude de l’Église vis-à-vis des victimes avait changé ces dernières années.
Sa mise en cause intervient un an et demi après celle de son prédécesseur à la tête de l’archidiocèse, le cardinal Ouellet. En août 2022, ce dernier a été mis personnellement en cause après le dépôt d’une plainte pour des gestes inappropriés sur une ancienne collaboratrice du diocèse de Québec. Moins de 48 heures après la diffusion de cette affaire, le pape François a fait savoir par son service de presse qu’il avait jugé qu’il n’y avait «pas suffisamment d’éléments pour ouvrir une enquête canonique». Le pape s’est appuyé sur les conclusions d’une enquête menée au début de l’année 2021 par le Père Jacques Servais – un proche du cardinal Ouellet.
Le 13 décembre 2022, le cardinal Ouellet a annoncé entreprendre un recours judiciaire en diffamation devant les tribunaux québécois, pour «démontrer la fausseté des allégations» et «rétablir (sa) réputation et (son) honneur». Quelques semaines plus tard, la victime présumée est sortie de l’anonymat alors qu’une nouvelle plainte sur une possible inconduite sexuelle a été déposée dans son pays d’origine. Le cardinal a réagi en affirmant à la presse canadienne qu’il n’avait «rien à cacher». En juin 2023, il a été mis en cause par la presse canadienne pour d’autres allégations de «gestes inappropriés». (cath.ch/imedia/cd/bh)
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