Etats-Unis: une messe en latin «sauvage» au Capitole

Un groupe de fidèles a célébré, le 23 janvier 2024, une messe dans la forme extraordinaire de la liturgie, au sein du Capitole. L’événement entendait protester contre un mémo du FBI suggérant une convergence entre catholiques traditionalistes et extrémistes de droite.

Les participants se sont rassemblés dans la salle H-137 du Capitole pour la célébration prononcée entièrement en latin. C’était la première fois que la forme extraordinaire de la liturgie était célébrée au siège du pouvoir législatif américain, rapporte le média The Pillar.

Selon les organisateurs de l’Arlington Latin Mass Society, la messe n’a pas été approuvée par l’archidiocèse de Washington, en dépit des prescriptions imposées par le motu proprio Traditionis custodes (2021). Près de 50 personnes ont participé à l’office. Parmi eux se trouvaient aussi bien des visiteurs du Capitole que des membres du Congrès.

Ils se sont réunis pour marquer le premier anniversaire de la «note de Richmond» du FBI. Ce mémo, rédigé le 23 janvier 2023, identifiait la menace supposée pour la sécurité intérieure que représentaient les «catholiques radicaux-traditionalistes». Le document conseillait de développer des sources et des informateurs au sein des communautés pratiquant la messe en latin. Le mémo avait provoqué de vives protestations, à la fois de la part des milieux d’Eglise et politiques.

Les catholiques traditionalistes «ne sont pas des terroristes»

«L’idée est née à l’approche du premier anniversaire du mémo du FBI. Il m’est venu à l’esprit qu’il y avait là un excellent moyen de montrer que la majorité parlementaire soutenait les catholiques traditionnels calomniés par le FBI», a déclaré à The Pillar Ryan Ellis, membre du conseil d’administration de l’Arlington Latin Mass Society. «Et quel meilleur moyen de le montrer que d’organiser une messe en latin au Capitole, ce qui, d’après ce que nous savons, ne s’est jamais produit auparavant, du moins depuis la guerre de Sécession?» Ryan Ellis a espéré ainsi montrer au FBI «que les catholiques traditionalistes ne sont pas des terroristes nationaux».

Le FBI indiquait dans sa note avoir constaté une «convergence» entre les catholiques dits radicaux-traditionalistes et le «mouvement nationaliste blanc d’extrême droite«. «La collaboration croissante du média catholique d’extrême droite Church Militant (et de son aile militante, le réseau Resistance) avec le mouvement America First/’groyper’ en est une illustration», précise le document.

Ryan Ellis a cependant assuré qu’aucun accent n’était mis sur les politiques extrémistes lors des messes en latin auxquelles il assistait. «Cela ne correspond pas du tout à la réalité de mon expérience du catholicisme traditionnel. Les gens ici sont des passionnés de liturgie. Ils ne sont pas racistes. En général, ils ne sont même pas politisés.»

Célébration discrète

Bien que la participation à la messe n’ait pas été limitée aux invités, la promotion de l’événement a été volontairement restreinte. «Nous avons dû être un peu discrets en raison de la dynamique de Traditionis, a déclaré Ryan Ellis. Mais nous avons informé le personnel de confiance [du Congrès], et plus nous approchions de l’événement, plus nous avons en quelque sorte vendu la mèche au personnel», a-t-il confié.

L’archidiocèse s’est pour l’instant contenté de confirmer que la messe n’avait pas été autorisée. (cath.ch/thepillar/arch/rz)

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

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