Il quitte « Famiglia Cristiana » et sa rubrique assumée depuis 1980
Rome, 16 novembre 1998 (APIC) Le Père Leonardo Zega quitte « Famiglia Cristiana ». Après avoir répondu depuis 1980 au courrier du premier hebdomadaire italien, don Zega s’en va. Ses appréciations morales ont été jugées trop laxistes. Il a été démis de ses fonctions sur décision du Saint-Siège, révèle le quotidien « La Croix ».
Le Père Zega a signé jeudi 12 novembre dans « Famiglia Cristiana » sa dernière rubrique « Colloqui con Padre » (entretien avec le Père), dans laquelle il répondait au courrier des lecteurs depuis 1980. Cela aurait pu être un événement banal, écrit le quotidien français, un simple départ à la retraite à l’âge de 70 ans. Il en va tout autrement: don Zega a été démis de ses fonctions sur décision du Saint-Siège.
Il s’agit là d’un nouvel épisode dans la tourmente que traverse depuis plus de deux ans la Société Saint-Paul, congrégation religieuse propriétaire du premier groupe de presse catholique italien, avec, pour publication majeure, l’hebdomadaire « Famiglia Critiana », diffusé à un million d’exemplaires.
L’affaire a pris un nouveau tour en février 1997, lorsque Jean Paul II a nommé un délégué pontifical auprès de la congrégation en la personne de Mgr Antonio Buoncristiani, évêque de Porto-Santa Rufina. Le pape expliquait sa décision pour deux motifs: « une situation délicate (…) au sein de cette famille religieuse »; et « d’assez nombreuses perplexités (sur) le contenu de diverses interventions publiées dans les périodiques paulistes ».
La « situation délicate » résidait dans une forte tension entre les deux tendances au sein de cette congrégation, fondée en 1914 pour l’apostolat de la presse. D’un côté, ceux qui conçoivent leur mission comme un dialogue avec la société sécularisée; de l’autre, ceux qui prônent un changement d’orientation afin d’affirmer de manière plus tranchée la doctrine de l’Eglise.
Le second motif invoqué dans la lettre de Jean Paul II visait, pour beaucoup, don Zega lui-même et sa rubrique « Colloqui col Padre ». Les lettres adressées à cette rubrique portent souvent sur des questions touchant à la morale familiale. Dans ses réponses, don Zega ne mettait pas en contestation la doctrine de l’Eglise, mais faisait preuve de pragmatisme et de compassion.
Compromis pas accepté
Ses propos étaient reproduits à un million d’exemplaires et repris – de manière simplificatrice – par d’autres journaux qui se plaisaient à en souligner la différence de ton avec le discours du magistère de l’Eglise. C’est à cela que la hiérarchie ecclésiastique voulait mettre fin, avec, en filigrane, commente « La Croix », un enjeu beaucoup plus important: le désir de la Conférence épiscopale italienne de disposer d’un pôle médiatique homogène.
Face au choc de la nomination d’un délégué pontifical, les paulistes se sont employés à reconstruire leur unité lors de leur chapitre général, tenu en mai dernier, et du chapitre de province italienne, en octobre. S’agissant de la ligne éditoriale, un compromis a été tenté. En mars dernier, un communiqué du groupe de presse annonçait que don Zega quittait ses fonctions de directeur de « Famiglia Cristiana », tout en conservant « Colloqui col Padre ». Don Franco Pierini, un autre pauliste dont le nom avait été avancé par Mgr Buoncristiani, était alors nommé directeur.
Le compromis n’a pas été accepté. Le 12 octobre dernier, son mandat arrivant à échéance avec la fin du chapitre italien, Mgr Buoncristiani adressait une lettre extrêmement sèche, stipulant: « Le Saint-Père désire votre « destitution de toute fonction au sein du groupe périodique Saint-Paul et, par-dessus tout, au sein de l’hebdomadaire ’Famiglia Cristiana’ ».
Une décision sans appel, dont on notera, écrit encore « La Croix », qu’elle n’a pas été assumée par les supérieurs de don Zega.
Inquiétude pour l’avenir de l’hebdomadaire
Au sein de la rédaction, certains s’inquiètent aujourd’hui d’un changement d’orientation de l’hebdomadaire qui le ferait ressembler au quotidien « Avvenire », l’organe officiel de la Conférence des évêques, au risque de faire fuir de nombreux lecteurs attachés à son esprit actuel. Don Pierini se refuse pour l’heure à tout commentaire. Il devrait en principe présenter un plan éditorial à la fin de ce mois.
De son côté, dans son mot d’adieu aux lecteurs de « Famiglia Cristiana », don Zega n’a pas voulu polémiquer sur les raisons de son départ: « Ce n’est pas à moi de m’exprimer. J’espère que ce sera fait par qui doit le faire avec cette ’franchise’ évangélique qui devrait toujours nous distinguer et qui était si chère à notre patron et inspirateur, saint Paul ».
Don Zega ne sera pas pour autant réduit au silence, écrit enfin « La Croix ». Il admet avoir reçu beaucoup de propositions. « Je n’ai pas encore fait mon choix. Mais je vais continuer à écrire. Je ne sais pas faire autre chose! » (apic/cx/gg/pr)
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