L’archevêque de Calcutta se dit perplexe

Rome: Enquête sur les écrits du Père Dupuis par la Congrégation pour la doctrine de la foi

Calcutta, 16 novembre 1998 (APIC) Mgr Henry D’Souza, archevêque de Calcutta et président de la Conférence catholique des évêques de l’Inde (rite latin), a adressé un message au Père Jacques Dupuis, un jésuite d’origine belge (et de nationalité indienne) âgé de 74 ans, dont le cours de christologie à l’Université Grégorienne a été annulé. Son dernier livre, « Vers une théologie chrétienne du pluralisme religieux », est actuellement examiné par la Congrégation pour la doctrine de la foi.

Dans ce message, diffusé par la Conférence européenne des provinciaux jésuites, l’archevêque de Calcutta se dit « sérieusement affecté » d’apprendre que le Père Dupuis fait l’objet d’un examen de la part de la Congrégation romaine. « J’imagine que vous n’aurez pas trop de difficulté à exposer votre position, écrit-il. Cependant, je m’inquiète des retombées. Si telle est l’approche, on ne demandera plus à un théologien d’écrire ce qu’il pense. Celui qui vote mon porte-monnaie s’attire la raclée. Celui qui s’approprie mon nom me prend tout ce que j’ai ». »

Mgr D’Souza signale qu’il a demandé à la Conférence épiscopale indienne (de rite latin) de réfléchir au cas du Père Tony De Mello. (1931-1987), un théologien indien dont les écrits, influencés par le bouddhisme et le taoïsme, dénotent « un éloignement progressif des contenus essentiels de la foi chrétienne », faisait savoir le 22 août dernier la Congrégation pour la Doctrine de la foi. Déjà cette condamnation avait inquiété Mgr D’Souza. « Il a beaucoup donné pour le monde de la prière et pour le développement des peuples. Beaucoup ont été fortifiés par ses vues pénétrantes sur l’être humain. Fallait-il jeter le bébé avec l’eau du bain? », s’interroge-t-il dans le message adressé au Père Dupuis.

Revenant au cas du Père Dupuis, il poursuit: « Vous êtes connus pour votre orthodoxie et pour la poursuite constante de votre réflexion théologique en conformité avec l’enseignement de l’Eglise. Il est regrettable que vous ayez dû mettre fin à votre enseignement afin de vous défendre ».

« Tous ces événements m’interrogent sérieusement. D’une part, on réaffirme l’inculturation, ainsi que la nécessité de s’ouvrir à la présence de Dieu dans le monde, dans d’autres foi religieuses et dans l’enseignement d’autres religions. D’autre part, on craint qu’une pensée qui ne se formulerait pas dans les mots du passé ne devienne suspecte. En Orient, nous parlons en paraboles et en récits; on va naturellement les prendre en défaut. ’’Omnis comparatio claudicat’’ (toute comparaison est boiteuse – ndr), si mon latin est fidèle.

« Quoi qu’il en soit, je souhaite dire ces quelques mots d’encouragement. Vous demeurez dans mes prières. Peut-être devons-nous prier aussi pour ceux qui continuent de dresser des murs autour de la foi et de la priver de l’enrichissement qu’elle peut retirer du partage et des échanges avec la présence de l’Esprit au dehors. Chaleureusement ». (apic/cip/pr)

webmaster@kath.ch

Portail catholique suisse

https://www.cath.ch/newsf/rome-enquete-sur-les-ecrits-du-pere-dupuis-par-la-congregation-pour-la-doctrine-de-la-foi/