Les religions asiatiques vont scruter l’intelligence artificielle

Des représentants des religions asiatiques devraient signer l’Appel de Rome pour l’éthique de l’intelligence artificielle (IA) lors d’une réunion en juillet 2024 à Hiroshima, au sud-ouest du Japon.

L’Appel de Rome est le document publié par l’Académie pontificale pour la vie en 2020 avec l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et certains géants de l’informatique. Il promeut «l’algoréthique», c’est-à-dire les lignes directrices morales aujourd’hui  indispensables pour s’assurer que le développement d’applications de plus en plus avancées de la science des données serve l’humanité.

Cette annonce a été faite par Mgr Vincenzo Paglia, président de l’Académie pontificale pour la vie. Il s’exprimait devant l’Assemblée plénière de la Conférence des évêques catholiques de l’Inde (CCBI) de rite latin, actuellement en cours à Bangalore, dans le sud de l’Inde, rapporte le 3 février le média catholique Asianews.

Le prélat italien a rappelé que des représentants de l’islam et du judaïsme avaient déjà signé l’Appel de Rome, en 2022. Les leaders des religions originaires d’Asie, telles que le bouddhisme et l’hindouisme devraient également approuver le document en juillet prochain, à Hiroshima.

Opportunités et responsabilités

«J’espère pouvoir vous communiquer bientôt l’ordre du jour de cet événement, qui témoigne de la responsabilité globale des religions, appelées non pas à se défendre dans un environnement apparemment hostile, mais à servir l’humanité à chaque époque et en tout lieu», a assuré Mgr Paglia. Il a précisé qu’il était important de se concentrer sur les avantages que l’IA apporte déjà à l’humanité dans de nombreux domaines, de la médecine à l’agriculture, en passant par les communications et la vie ecclésiale elle-même.

Pour le prélat, les évêques indiens ne doivent pas se laisser contaminer par le pessimisme de ceux qui, à l’heure actuelle, «énumèrent, sur un ton inquiet, voire apocalyptique, les nombreux dangers que ce changement semble apporter à la vie humaine, au point de postuler même la fin de la civilisation humaine sur la planète». Cela ne signifie pas qu’il faille ignorer les responsabilités que ces outils impliquent, a souligné le prélat italien. «Nous sommes conscients que des réponses articulées et complexes peuvent être apportées à cette question éthique, et pas toujours des réponses univoques et simples».

La présidente de Taïwan, consciente des défis

Asianews mentionne qu’une réponse au message du pape François pour la Journée mondiale de la paix 2024, consacrée à l’IA, est venue récemment d’Asie. Tsai Ing-wen, présidente sortante de Taïwan, premier fabricant mondial de semi-conducteurs, a répondu au pontife par une lettre dans laquelle elle soutient son appel et explique les mesures prises par son gouvernement pour une approche éthique de l’IA.

«Nous comprenons parfaitement – comme vous (le pape) l’avez souligné dans votre message – que ‘les algorithmes ne doivent pas être autorisés à déterminer la façon dont nous comprenons les droits de l’homme’. C’est pourquoi Taïwan, en travaillant intelligemment au développement de la technologie de l’IA, gardera toujours l’humanité à l’esprit.»

La présidente  a assuré que Taïwan approfondirait la coopération avec le Saint-Siège dans de nombreux domaines dont celui de l’éthique technologique. (cath.ch/asianews/arch/rz)

Raphaël Zbinden

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