Le pape salue le cardinal Simoni, «martyr vivant» du communisme 

Devant le cardinal Ernest Simoni, le pape François a salué ce «martyr vivant» albanais qui a passé 18 ans de sa vie entre la prison et les travaux forcés, sous l’ère communiste. À l’issue de l’audience générale du 14 février 2024, le pape a fait applaudir cet homme de 95 ans «qui continue à travailler pour l’Église sans se décourager». 

«Cher frère, je te remercie pour ton témoignage». Dans la salle Paul VI du Vatican, le pape François s’est tourné vers le cardinal Ernest Simoni pour lui adresser un vibrant hommage. Évoquant les très nombreux martyrs qui meurent aujourd’hui à cause de leur foi en Jésus Christ, et «peut-être plus que par le passé», le pape François a improvisé devant la foule des remerciements appuyés pour ce prêtre qu’il avait rencontré en 2014 lors d’un voyage en Albanie. La veille, le cardinal Simoni a célébré la messe à la chapelle de la Garde suisse, au Vatican.

«Lui a vécu 28 ans [en l’occurrence 18 ans, ndlr] en prison. La prison communiste en Albanie qui était la persécution sans doute la plus cruelle. Il continue à rendre témoignage», a confié le pape sous les applaudissements de la foule. 

En 2016, touché par le parcours de ce prêtre qui allait avoir 88 ans, le pape François l’avait créé cardinal – une décision rare puisque Ernest Simoni n’était pas évêque. 

Arrêté après une messe de Noël

Né dans une famille profondément religieuse, Ernest Simoni est entré à dix ans, en 1938, au collège des franciscains de Troshani. En 1948, son couvent a été saccagé par les forces communistes du dictateur Enver Hoxha, et transformé en un lieu de tortures pour les prisonniers. 

À vingt ans, le jeune franciscain a été envoyé par le régime dans un village perdu de montagne, avant de faire deux ans de service militaire. Ayant continué à étudier en toute clandestinité, il a été ordonné prêtre en 1956. En accord avec son évêque, il a été incardiné dans le diocèse de Scutari, tout en restant franciscain de cœur. 

Le 24 décembre 1963, il est arrêté après la messe de Noël. Condamné à mort, sa peine est commuée à 25 ans de travaux forcés, et lui permet d’assurer la direction spirituelle des prisonniers, de célébrer la messe en latin de mémoire, et de les confesser. «Je priais beaucoup, en particulier le saint rosaire», racontera-t-il. Sur les murs de sa prison, il avait écrit: «Ma vie est Jésus». De nouveau condamné à mort en 1973, il a échappé à l’exécution grâce aux témoignages de prisonniers en sa faveur.

Libéré en 1981, au bout de 18 années d’incarcération, il fut toujours considéré comme ‘ennemi du peuple’ par le régime, et obligé de travailler dans les égouts de Scutari. Il exercera son ministère de prêtre de façon clandestine, jusqu’à la chute du régime communiste en 1990. 

«Aujourd’hui nous avons touché des martyrs», avait déclaré le pape François  après avoir entendu son témoignage et celui d’une religieuse, lors de son voyage en Albanie, en septembre 2014. À 95 ans, le cardinal Ernest Simoni peut toujours se déplacer et célébrer les sacrements. (cath.ch/imedia/hl/bh)

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