Israël déplore les propos du cardinal Parolin, le Vatican les défend

La déclaration du cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin, qui a récemment critiqué le «carnage» perpétré par Israël dans la bande de Gaza, est «déplorable», affirme l’ambassade d’Israël près le Saint-Siège dans un communiqué publié le 14 février 2024. De manière concomitante, le Saint-Siège a défendu les paroles du cardinal italien, qui cherchait à prévenir une nouvelle «spirale de violence».

Le communiqué s’arrête tout particulièrement sur la phrase prononcée le 13 février par le secrétaire d’État, qui avait jugé disproportionnée la mort de 30’000 Palestiniens en réponse au massacre du 7 octobre. «Juger la légitimité d’une guerre sans tenir compte de toutes les circonstances et données pertinentes porte inévitablement à des conclusions erronées», affirme l’ambassade, actuellement dirigée par Raphael Schutz, accusant le cardinal de s’appuyer sur des «sources du Hamas».

Dans la matinée, le cardinal Parolin s’était exprimé à propos de la guerre qu oppose le Hamas et l’armée israélienne à l’issue d’une rencontre avec le président de la république italienne et la présidente du Conseil, Giorgia Meloni. « Je pense que nous sommes tous indignés par ce qui se passe, par ce carnage, mais nous devons avoir le courage d’aller de l’avant et de ne pas perdre espoir », avait notamment indiqué le secrétaire d’Etat du Saint-Siège aux journalistes.

Selon le diplomate israélien, le cardinal italien ne prend pas en compte le fait que Gaza a été «transformée par le Hamas en la plus grande base terroriste jamais vue», et que presque toutes les infrastructures civiles – hôpitaux, lieux de culte et écoles compris – sont utilisées pour ses «plans criminels». Il insiste sur le fait que la population civile soutient «activement» le Hamas et a participé à «l’invasion» du 7 octobre.

Au contraire, les opérations de l’armée israélienne seraient menées «dans le plein respect du droit international», affirme l’ambassade, insistant sur le fait que le nombre de victimes civiles serait «trois fois» plus faible lors de ce conflit que lors des opérations des Nations unies ou des forces occidentales en Syrie, Irak ou Afghanistan ces dernières années. La responsabilité des morts est à imputer «au Hamas et seulement au Hamas», est-il enfin affirmé.

La réponse de Vatican News

Dans une tribune publiée sur le portail officiel Vatican News, le directeur éditorial des médias du Vatican Andrea Tornielli indique que les paroles du cardinal étaient une «invitation à ne pas se laisser prendre par le découragement, par l’inéluctabilité présumée d’une spirale de violence qui ne peut en aucun cas être annonciatrice de paix, mais risque malheureusement d’engendrer de nouvelles haines».

Andrea Tornielli souligne en outre que la position du secrétaire d’État rejoint celle d’Edith Bruck, poétesse juive proche du pape qui a survécu à son séjour à Auschwitz. Cette dernière avait critiqué la politique menée par Benyamin Netanyahou, affirmant qu’elle était responsable de l’augmentation de l’antisémitisme et qu’elle ne permettrait pas d’éliminer les terroristes.

«Pour le Saint-Siège, le choix du camp est toujours celui des victimes», insiste l’ancien journaliste de La Stampa, mettant sur le même plan les victimes du 7 octobre et celles, notamment les enfants, des bombardements de Gaza. «Le droit à la défense, le droit d’Israël de traduire en justice les responsables du massacre d’octobre, ne peuvent justifier ce carnage», insiste-t-il, demandant un «arrêt des armes avant qu’il ne soit trop tard pour notre monde au bord de l’abîme». (cath.ch/imedia/cd/bh)

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