Alors que diverses entités – comme les conférences épiscopales du monde – sont en train d’être consultées pour préparer le document de travail de la prochaine session d’octobre, le secrétariat du Synode a précisé que les membres du Synode ne devraient pas aborder la question du célibat des prêtres, ni le document controversé sur la bénédiction des couples homosexuels, Fiducia suplicans. En revanche, ils se pencheront sur d’autres thématiques délicates comme le diaconat féminin, ou encore les critères de sélection des évêques.
À l’aune de ces annonces, I.Media fait le point sur le chantier du Synode en cours, ses étapes et ses perspectives.
– Où en est le Synode aujourd’hui?
Le grand chantier synodal a été ouvert en octobre 2021, avec une consultation qui a été lancée d’abord au niveau local, dans les paroisses et les diocèses. Toutes les composantes de l’Église catholique, clercs, religieux, laïcs, se sont mêlées aux débats pour rendre l’Église plus participative, plus décentralisée, moins cléricale. L’année suivante, les travaux se sont poursuivis de la même manière au niveau continental.
Puis a eu lieu en octobre 2023 la première phase de l’assemblée mondiale à Rome. Pendant un mois, 464 personnes, cardinaux, évêques, prêtres, laïcs hommes et femmes – qui avaient pour la première fois de l’histoire le droit de vote – se sont rassemblés autour du pape. Cette assemblée très médiatisée s’est conclue par une synthèse, qui sert d’orientation jusqu’à la seconde assemblée prévue du 2 au 27 octobre 2024. Les participants devraient y être les mêmes que lors de la session d’octobre 2023.
Diverses entités sont impliquées dans les préparatifs de la deuxième session de l’assemblée mondiale. Du 28 avril au 2 mai prochain, 300 prêtres de toutes les Églises du globe se retrouveront ainsi à Rome pour échanger. La liste des participants à cet événement doit être bientôt constituée. Par ailleurs, les diocèses du monde, qui ont été conviés à étudier le document de synthèse, sont invités à faire remonter leurs contributions à Rome d’ici au 15 mai.
Enfin, cinq groupes d’experts constitués par le secrétariat du Synode réaliseront une étude théologique sur cinq orientations, touchant des thèmes aussi divers que les ministères – dont le diaconat féminin –, la responsabilité de l’évêque dans la lutte contre les abus ou la question de l’autorité dans l’Église. Les résultats de toutes ces réflexions serviront à la rédaction de l›Instrumentum laboris, le document de travail de l’assemblée d’octobre.
En parallèle, le pape François a décrété la constitution de 10 groupes pour «une étude approfondie» de 10 questions/thématiques majeures soulevées pendant le processus synodal, comportant des répercussions «théologiques et pastorales», comme il l’a expliqué dans une lettre publiée ce 14 mars. Le pontife garde la main sur les résultats d’un Synode censé réformer l’Église et qui devait aboutir à la fin de l’année.
Thématiques des 10 groupes de travail instaurés par le pape:
1. «Certains aspects des relations entre Églises orientales catholiques et Église latine»
2. «L’écoute du cri des pauvres »
3. «La mission dans le monde digital»
4. «La révision de la Ratio Fundamentalis Institutionis Sacerdotalis dans une perspective synodale missionnaire»
5. «Certaines questions théologiques et canoniques autour de formes de ministères spécifiques»
6. «La révision, dans une perspective synodale et missionnaire, des documents qui disciplinent les relations entre évêques, vie consacrée, agrégations ecclésiastiques»
7. «Certains aspects de la figure de l’évêque (en particulier : les critères de sélection des candidats à l’épiscopat, la fonction judiciaire de l’évêque, la nature et le déroulement des visites ad limina Apostolorum dans une perspective synodale missionnaire
8. Le rôle des représentants pontificaux dans une perspective synodale missionnaire
9. Les critères théologiques et les méthodologies synodales pour un discernement partagé de questions doctrinales, pastorales et éthiques controversées
10. La réception des fruits du chemin œcuménique dans les pratiques ecclésiales
Ces groupes doivent être mis en place avec la contribution des dicastères du Vatican – équivalent des ministères – compétents pour chaque thème, signe d’une plus grande implication de la Curie romaine. Ces groupes rendront leur conclusion au pape fin juin 2025.
Depuis son ouverture, le Synode a fait couler beaucoup d’encre, en tant qu’il aborde des questions brûlantes pour l’avenir de l’Église (place des femmes, accueil des couples irréguliers, gouvernance, lutte contre les abus, etc). En octobre prochain, l’accès des femmes au diaconat, ou encore les critères de choix des candidats à l’épiscopat, seront notamment à l’ordre du jour, a confirmé le père Piero Coda, secrétaire général de la Commission théologique internationale.
En revanche, a assuré le cardinal Mario Grech, secrétaire général du Synode, le thème du célibat des prêtres n’a jamais été sur la table. Le document Fiducia supplicans du dicastère pour la Doctrine de la foi, permettant les bénédictions pastorales – non rituelles – de couples homosexuels ne devrait pas non plus être repris en assemblée, a estimé le cardinal Jean-Claude Hollerich, rapporteur général du Synode.
Par ailleurs, une présentation des pistes étudiées par les 10 groupes de travail mandatés par le pape est prévue devant les participants. Ces pistes viendront s’ajouter aux réflexions présentes dans l’Instrument de travail qui sera divulgué avant la session.
Le Synode sur la synodalité doit se conclure le 27 octobre, mais de nombreux chantiers resteront ouverts bien après cette date. Ainsi, le fait que les conclusions des 10 groupes de travail soient rendues au pape fin juin 2025 laisse à penser que ce processus entamé par François est amené à se poursuivre. Le pontife argentin a lui-même expliqué à maintes reprises vouloir instiller une «manière d’être synodale» dans l’Église.
Les 10 thèmes sélectionnés par le pape, a expliqué le père Coda, ne sont pas l’objet prioritaire du Synode, mais doivent être affrontés comme des «questions de longue haleine». En lançant ces groupes, a ajouté le cardinal Grech, le pape n’a pas attendu les conclusions de la deuxième session mais il a «pris acte» des thèmes «importants» émergés dans les débats et il «attend des résultats».
«Le processus synodal n’est pas fait pour créer de grandes nouvelles, ici on avance doucement et sereinement», a glissé pour sa part le cardinal Hollerich, se défendant une nouvelle fois de verser dans la «politique ecclésiastique». (cath.ch/imedia/ak/gr)
I.MEDIA
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/le-pape-fixe-le-cap-pour-la-suite-du-synode-sur-lavenir-de-leglise/