Hong Kong: le secret de la confession visé par la loi sur la sécurité?

Le diocèse de Hong Kong a publié un communiqué afin d’assurer que le secret de la confession ne serait pas violé par la nouvelle loi sur la sécurité nationale, obligeant toute personne ayant connaissance d’une «trahison» à la dénoncer aux autorités. Le message n’a pas pour autant rassuré alors que les autorités n’ont pas garanti de dérogation pour l’Eglise catholique.

Avec Eglises d’Asie

Dans son bref message, publié le 15 mars dernier, le diocèse de Hong Kong a estimé que la nouvelle législation n’affectera pas la nature confidentielle de la confession dans l’Église hongkongaise. Selon les chiffres officiels diocésains, Hong-Kong – une ville de près de 7,5 millions d’habitants – compte environ 392’000 catholiques.

Prison à vie pour trahison

La nouvelle loi hongkongaise sur la sécurité nationale, développée sur 212 pages, également connue comme l’Article 23 de la Loi fondamentale (le document constitutionnel qui garantit un degré élevé d’autonomie sous l’autorité chinoise), est la dernière tentative pour réduire les libertés civiles et réprimer les crimes contre la sécurité nationale – y compris ceux de trahison, espionnage, ingérence extérieure et violation de secrets d’État.

Ce nouveau projet de loi de la Région administrative spéciale hongkongaise survient près de quatre ans après que Pékin a imposé la loi sur la sécurité nationale en juin 2020, afin de permettre au gouvernement local d’interpréter librement les menaces éventuelles envers la sécurité nationale et de réprimer sans limite toute forme de dissidence politique présumée et de manifestation publique. Il s’agit d’une version locale de la loi imposée en 2020 par Pékin.

La proposition de loi a été dévoilée le 8 mars après une période de consultation publique de quatre semaines, qui a abouti à un rapport de synthèse de 220 pages. La nouvelle législation inclut jusqu’à la prison à vie pour trahison, sans compter que le fait de ne pas dénoncer un tel crime commis par d’autres est passible d’une peine maximale de 14 ans de prison. Le projet de loi prévoit une provision protégeant les avocats contre toute poursuite éventuelle pour trahison, mais le texte ne précise aucune protection similaire pour le clergé.

La «sécurité nationale» utilisée contre l’opposition

La semaine dernière, le secrétaire à la Justice du gouvernement hongkongais, Paul Lam Ting-kwok, a déclaré aux journalistes qu’il serait «très difficile de créer des exceptions» pour des catégories comme le clergé et les travailleurs sociaux. Aux États-Unis, de nombreux législateurs ont exprimé leurs craintes que la nouvelle loi puisse servir à éroder encore davantage les libertés fondamentales à Hong-Kong, et qu’elle soit utilisée pour ramener encore un peu plus la ville sous l’autorité directe de Pékin.

«Avec la législation relative à l’Article 23, le gouvernement de Hong-Kong cherche explicitement à faire concorder les lois locales avec la large vision de la République populaire de Chine sur la sécurité nationale. Cela correspond au programme politique du secrétaire général Xi Jinping ainsi qu’il est stipulé dans la loi de 2015 sur la sécurité nationale chinoise», a réagi la Commission exécutive du Congrès américain sur la Chine (CECC) le 14 mars, dans une lettre adressée au secrétaire d’État américain Antony Blinken.

«Le gouvernement hongkongais utilise déjà couramment le prétexte de la ‘sécurité nationale’ afin de réprimer la liberté de la presse et d’étouffer tout semblant d’opposition politique», poursuit le communiqué. En 2003, suite à la rétrocession de Hong-Kong à la Chine par le Royaume Uni en 1997, une première tentative de voter la loi sur l’Article 23 avait échoué en raison d’une forte opposition populaire – plus de 500’000 personnes étaient descendues dans la rue. (cath.ch/eda/cna/bh)

Bernard Hallet

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