Russie: Une étrange chapelle flottante fend les flots de la Volga
Volgograd/Lucerne, 20 octobre 1998 (APIC) Depuis six mois, le « St-Nicolas », un bateau d’un genre particulier, fend les flots de la Volga… pour annoncer l’Evangile, comme aux bons vieux temps d’avant la Révolution d’Octobre. Fait intéressant, en ces temps de repli identitaire et d’anti-œcuménisme militant en Russie: la chapelle flottante a été offerte à l’Eglise orthodoxe russe par l’œuvre d’entraide catholique internationale « Aide à l’Eglise en détresse ».
Sur le pont d’un large radeau poussé par un bateau, une chapelle au clocher à bulbe, caractéristique des églises orthodoxes. L’équipage, composé de prêtres, de diacres et de séminaristes, a pour mission d’apporter l’Evangile, la liturgie et les sacrements à la population vivant sur les berges du grand fleuve.
La Volga, avec ses quelque 3’700 km, est le plus grand fleuve d’Europe. Il prend sa sources sur les hauteurs de Valdaï et se jette dans la Mer Caspienne. Dans la région de la Volga, les voies de communication terrestres sont rares et quand il y a des routes, elles sont généralement mauvaises. Les distances entre les localités sont longues dans ce pays immense. Les fleuves jouent donc un grand rôle également pour la nouvelle évangélisation en Russie. Un bateau convient donc particulièrement bien parce que la plupart des gens vivent au bord du fleuve et sont ainsi facilement accessibles.
Des chapelles flottantes déjà à l’époque du tsar
La difficulté de rejoindre les gens existait bien avant la Révolution. Si l’on se réfère aux reportages d’antan, aux temps du tsar, on trouvait déjà des bateaux-églises qui fendaient les flots de la Volga pour desservir les populations vivant dans les villes et les villages le long du fleuve. Cette initiative a désormais été remise au goût du jour: grâce à la transformation d’une sorte de barge, une chapelle flottante a vu le jour, reconnaissable de loin à son clocher en forme de bulbe. Une cinquantaine de fidèles peuvent trouver place dans ce lieu de culte particulier. La réalisation de ce projet a coûté plus de 50’000 dollars.
L’équipage du bateau comprend un capitaine, deux à trois matelots et un cuisinier. Ils sont accompagnés de prêtres, de diacres et de séminaristes. Quand la chapelle flottante accoste, l’équipage, mais surtout les hommes de Dieu, n’ont plus une minute de repos. Le bateau-église est presque constamment « en service »: outre les offices divins, il faut aussi célébrer mariages, baptêmes et messes pour les morts. Un prêtre se rend par exemple au cimetière avec les gens pendant qu’un autre bénit des maisons. La bénédiction des maisons, en effet, fait partie de la tradition et est très demandée en Russie.
Le bateau, qui est poussé par un remorqueur, sillonne les flots en permanence. Un à deux jours de voyage, puis au moins deux jours à quai. Mais le « St-Nicolas » ne navigue que durant la saison estivale. De novembre à avril, le bateau reste à quai. Le thermomètre descend alors si bas qu’il est plus facile de circuler sur le fleuve en voiture…
Au centre des « croisières » du « St-Nicolas », voici la ville de Volgograd, l’ancienne Stalingrad, qui a connu en 1942/43 de féroces combats qui ont marqué le tournant de la guerre sur le front russe. C’est la capitale de la région de la Basse-Volga. De là, le bateau remonte le fleuve jusqu’à Saratov et dans les environs, redescend au Sud jusqu’à la Mer Caspienne ou se dirige vers l’Ouest – à travers le grand canal Volga-Don -, pour naviguer sur le Don et ses affluents jusqu’à Mikhaïlovka. En tout, la chapelle flottante parcourt une distance de quelque 1000 km, environ la distance Lausanne-Rome.
Le bateau-église de la Volga a été financé par l’œuvre d’entraide catholique internationale « Aide à l’Eglise en détresse ». En mai dernier, la chapelle flottante a été baptisée « St-Nicolas », du nom du patron des gens de mer. Elle a ensuite été confiée à l’évêque orthodoxe German, en signe d’œcuménisme et de fraternité entre les deux Eglises, dont les relations, au plan national, sont loin d’être toujours au beau fixe. (apic/br/be)
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