Mgr Huonder a voulu être inhumé aux côtés de Mgr Lefebvre

Mgr Vitus Huonder, évêque émérite de Coire sera inhumé le 17 avril 2024 dans le caveau du séminaire de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X (FSSPX) à Ecône (VS). Selon ses propres termes, il a voulu être enterré aux côtés de Mgr Marcel Lefebvre, «l’évêque qui a tant souffert pour l’Eglise». L’occasion pour la Fraternité schismatique de faire un nouveau plaidoyer pro domo.  

La FSSPX a publié le 5 avril un faire-part de décès pour le «cher et fidèle» Mgr Vitus Huonder, évêque émérite de Coire. Avant l’inhumation à Ecône, une chapelle ardente est prévue l’Institut traditionaliste Sancta Maria de Wangs (SG) où il est décédé, puis à l’église saint Charles Borromée de la FSSPX à Oberriet (SG).

Aucun hommage n’est prévu à la cathédrale de Coire dont Mgr Huonder a été l’évêque de 2007 à 2019. Ce qui illustre toute la distance que l’évêque émérite avait pris ces dernières années avec l’Eglise romaine en rejoignant de facto la Fraternité intégriste.  

Coire prend acte

A Coire, Mgr Joseph Bonnemain a pris acte de la volonté de l’ancien évêque et indiqué vouloir respecter ses dernières volontés. Lors de sa dernière visite à son prédécesseur, deux jours avant son décès, Mgr Bonnemain lui a rappelé que sa décision de ne pas être enterré à la cathédrale de Coire risquait d’être mal comprise. Mais Mgr Huonder lui a confirmé sa volonté.

Mgr Bonnemain a promis qu’il ferait son possible pour être présent aux obsèques à Ecône. En outre le diocèse et le chapitre cathédral célébreront une messe de requiem à Coire.  

Les raisons du rapprochement avec les fidèles de Mgr Lefebvre

Profitant de l’occasion pour un large plaidoyer pro domo, le bulletin de la FSSPX revient par ailleurs longuement sur les raisons qui ont poussé Mgr Huonder à se rapprocher de la fraternité lefebvriste dissidente en reprenant en particulier les vidéos parues en 2023 sur la chaîne Youtube Certamen.

«Par lettre du 9 janvier 2015, j’ai reçu la demande d’entamer des discussions avec des représentants de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X. Cette lettre émanait du cardinal Gerhard Müller, alors préfet de la Congrégation romaine pour la Doctrine de la Foi, racontait Mgr Huonder. Le but était d’établir une relation amicale et humaine avec la Fraternité.

D’autre part, les questions doctrinales de l’Église devaient être abordées. Il s’agissait de questions liées aux documents du Concile Vatican II (1962-1965), ainsi que de questions relatives aux déclarations romaines des années précédentes. Il convient de mentionner en particulier les questions relatives à la liturgie, et plus particulièrement à la messe romaine authentique.

Les autres thèmes concernaient la compréhension de l’Église, l’œcuménisme, les relations entre l’Église et l’État, le dialogue interreligieux et la liberté religieuse. Cette mission a donné lieu, depuis le 9 avril 2015, à des contacts réguliers avec la Fraternité, que ce soit avec les supérieurs généraux ou avec d’autres représentants. »

Adepte du combat de Mgr Lefebvre

Selon la FSSPX, ces contacts lui ont permis de connaître les écrits de Mgr Marcel Lefebvre et d’approfondir les raisons doctrinales du combat qu’il a mené depuis le Concile et jusqu’à sa mort en 1991. (après avoir été excommunié en 1988 pour avoir illicitement ordonné quatre évêques NDLR)

C’est donc en toute logique qu’en 2019, lorsqu’il a quitté sa charge d’évêque diocésain, Mgr Huonder a demandé de pouvoir passer ses dernières années à l’Institut Sancta Maria de la FSSPX à Wangs, ce que la Commission romaine Ecclesia Dei lui a explicitement autorisé.

La crise de la foi dans l’Eglise conciliaire

Selon la FSSPX, ces années l’on conduit à une ›véritable rétractation’. Comme il l’expliquait lui-même: «Nous pouvons parler d’une retractatio, d’une nouvelle évaluation de la situation de la foi au moment du Concile et après. Il m’est apparu plus clairement pourquoi l’Église en est arrivée là où elle en est aujourd’hui. L’Église se trouve aujourd’hui – en 2023 – dans l’une des plus grandes crises de son histoire. C’est une crise interne à l’Église. Elle a touché tous les domaines de la vie de l’Église : la prédication, la liturgie, la pastorale et le gouvernement.» En créant la FSSPX, Mgr Lefebvre  a voulu »remédier à la crise et venir en aide à l’Eglise», estimait Vitus Huonder.

La crise de la messe

La FSSPX insiste encore sur le retour de Mgr Huonder à la messe et à la foi ›de toujours’. Le prélat défunt jugeait «qu’un tel bien ne pourra jamais être retiré aux fidèles. Ce qui s’est passé à la suite de Vatican II, avec l’abolition intentionnelle du rite traditionnel de la messe, est une injustice, un abus de pouvoir. »

Pour sortir de la crise, Mgr Huonder ne voyait plus qu’une seule voie: «revenir aux valeurs et aux vérités de foi que l’on a abandonnées, négligées ou illégitimement mises de côté.» 

«Defunctus adhuc loquitur – Le défunt parle encore».

Cette parole de saint Paul aux Hébreux peut s’appliquer à la lettre à Mgr Huonder au lendemain de son rappel à Dieu, relève encore la Fraternité: »Je demande justice pour la Fraternité Saint-Pie X. L’étude de sa situation exige cette demande. Il conviendrait que l’Eglise présente des excuses à l’égard de cette société, comme elle le fait dans d’autres cas. (…) «Il conviendrait également que les autorités ecclésiastiques, avec ces excuses, expriment leur gratitude pour le travail accompli par la Fraternité, et leur reconnaissance sans réserve pour cette œuvre authentiquement catholique. » (cath.ch/com/mp)

Maurice Page

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