Décès de l’abbé Gérard Barone, «un curé de grand cœur»

L’abbé Gérard Barone, figure marquante de l’Église catholique de Genève (ECR), est décédé le 5 avril 2024 à l’âge de 88 ans. «Tout le monde le connaissait, et pas seulement les catholiques, et chaque personne vous racontera quelque chose de différent de lui, car il avançait avec chacun à partir de là où la personne se situe», résume Mercedes Lopez, secrétaire du Conseil pastoral de l’ECR.

Durant ses 53 ans de service sacerdotal – très actif – à Genève, l’abbé Barone a rencontré et accompagné un nombre impressionnant de personnes. Des catholiques, investis dans l’Église ou très éloignés d’elle, mais aussi des personnes d’autres confessions voire d’autres religions ou sans religion. Actif jusqu’au bout au service de l’Église, malgré sa mauvaise santé, il célébrait encore parfois la messe à Satigny où il vécut ses 19 dernières années.

Célébration œcuménique avec l’abbé Gérard Barone

L’abbé Robert Truong, de la paroisse St-Pierre et Paul de Confignon, a été son vicaire pendant huit ans à la paroisse Saint-Joseph de Genève, aux Eaux-Vives. «Gérard Barone était un curé de grand cœur. Il invitait toujours chacun à aimer, à pardonner», témoigne-t-il. «Il se mettait lui-même au service de tout le monde, sans s’économiser, malgré sa santé fragile. Il a dû subir une vingtaine d’opérations.» Car l’abbé Barone soufrait depuis sa jeunesse de problèmes de dos. Il s’était même rendu à Lourdes en tant que malade.

Un prêtre proche des malades

«Cette santé fragile a sans doute était un atout quand il était aumônier d’hôpital. Il savait ce que les gens vivaient et cela lui a permis d’être proche des personnes souffrantes», témoigne Catherine Riedlinger, qui a participé durant 40 ans à un groupe d’approfondissement des lectures du dimanche créé sous l’impulsion de l’abbé Barone et accompagné par lui dans la paroisse de Collonge-Bellerive.

«C’était une personne qui avait une grande écoute. Quand il était là, il était vraiment avec nous, pour nous», poursuit l’ancienne présidente du Conseil pastoral cantonal. L’abbé Barone cherchait à mettre la personne en lumière, tout en tentant de créer une communauté partout où il passait.

Cette ouverture à l’autre se retrouvait aussi dans la façon dont l’abbé prêchait. «Il ne lisait jamais son homélie», se souvient l’abbé Robert Truong. «Il regardait les gens, et s’adressait vraiment à eux.» «Ses sermons n’étaient pas des explications théologiques, mais des témoignages de vie», renchérit Catherine Riedlinger. «Tout le monde pouvait les comprendre.»

Une personnalité généreuse, parfois excessive

La très forte personnalité de l’abbé Barone, sa présence généreuse marquée auprès des gens, son désir d’ouvrir l’Église aux périphéries ne passaient pas toujours sans heurts ou éclats. «Parfois il pouvait heurter par sa manière de gouverner», témoigne son ancien vicaire aux Eaux-vives. «Il avait des idées et il se battait pour elles avec une énergie incroyable», souligne le Père jésuite Joseph Hug.

Au moment où le nombre des personnes atteintes par le VIH a explosé, et où de nombreuses personnes regardaient ces malades comme des «pêcheurs», l’abbé Barone s’est engagé tout suite en tant qu’aumônier auprès d’eux, avec la pasteure Dominique Roulin. «Les Églises ne doivent pas faire des lois, mais appeler à l’amour, donner de l’amour, car Dieu est amour», déclarait-il en 1993 lors d’une table ronde sur le sida, avec Mgr Grab, des prêtres et des pasteurs.

La pastorale des funérailles

C’est ce même charisme particulier qui fit de l’abbé Barone «le» prêtre des enterrements, notamment auprès de familles qui ne fréquentaient pas ou peu l’Église, un don d’ailleurs reconnu par ses confrères. Les pompes funèbres elles-mêmes avaient pris l’habitude de le contacter. Pour beaucoup de catholiques fâchés avec l’Église, des funérailles présidées par l’abbé Barone furent des moments de réconciliation. «Je privilégie la pastorale des funérailles, car c’est là où l’on peut vraiment toucher le cœur des gens», avait-il lui-même confié à Catherine Riedlinger.

Les propres funérailles de l’abbé Barone seront célébrées dans l’intimité familiale, comme l’a annoncé le faire-part diocésain. (cath.ch/lb)

Abbé Gérard Barone, bio express
Naissance le 10 mars 1936 à Genève, au sein d’une famille ouvrière d’origine italienne, de trois enfants;
apprentissage de dessinateur architecte de 1955 à 1959;
séminaire à Fribourg;
vicaire à la paroisse Saint-Nicolas-de-Flue de Lausanne, de 1968 à 1971;
vicaire à la paroisse Saint-François de Sales de Genève, de 1971 à 1972;
aumônier à l’Hôpital cantonal de Genève et vicaire à la paroisse du Saint-Esprit de Genève de 1972 à 1978;
curé de la paroisse de Collonge-Bellerive, de 1978 à 1988;
curé de la paroisse Saint-Joseph de Genève, de 1988 à 2005;
prêtre auxiliaire au sein de l’Unité pastorale Meyrin – Mandement, de 2005 à 2011, puis prêtre retraité au Mandement, jusqu’à son décès, le 5 avril 2024.
Parmi ses nombreuses activités, l’abbé Gérard Barone a été aumônier auprès des personnes ayant un handicap mental, via l’association Foi et Lumière, et aumônier auprès des personnes atteintes du sida dans les années 90.

Lucienne Bittar

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