Pressions sur le président Robert Mugabe

Zimbabwe : Appel à la prière pour obtenir le retrait des troupes militaires du Congo

Harare, 4 septembre 1998 (APIC) Des défenseurs des droits de l’homme au Zimbabwe ont lancé mercredi une pétition et un appel à la prière pour obtenir le retrait des troupes militaires du pays de la République démocratique du Congo (RDC). « Les Eglises devraient faire pression sur le président Robert Mugabe pour qu’il retire les 800 soldats zimbabwéens dépêchés au Congo pour aider le président Laurent-Désiré Kabila à faire face à l’offensive rebelle », exigent-ils.

Une réunion, organisée mercredi par l’Assemblée nationale constitutionnelle (NCA), a permis de récolter les premières signatures de la pétition. Les participants ont déclaré à l’unanimité qu’il n’y avait aucune justification de la présence militaire du Zimbabwe en RDC. « Si le gouvernement ne retire pas ses troupes, ont-ils dit, la NCA se verrait obligée d’organiser une manifestation ».

La NCA, qui représente les syndicats, le Conseil des Eglises du Zimbabwe (ZCC) et d’autres organisations civiles, envisage aussi la possibilité d’entamer une action juridique pour arrêter l’intervention militaire du gouvernement en RDC. Il a été décidé que la NCA assurerait la liaison avec les Eglises prêtes à organiser « une veillée de prière » pour demander que cesse l’intervention militaire en RDC.

L’avis du secrétaire général du Conseil des Eglises

A la fin du mois d’août, le secréétaire général du ZCC, Densen Mafinyane, avait pourtant affirmé que son organisation soutenait l’intervention militaire en RDC par le Zimbabwe et d’autres nations voisines comme l’Angola et la Namibie.

Contacté par « Nouvelles œcuméniques internationales » (ENI) jeudi, le secrétaire général a déclaré: « Les Eglises du Zimbabwe ne soutiennent ni la violence ni l’effusion de sang. Les troupes zimbabwéennes sont en RDC et nous prions pour que leur présence rétablisse la paix et la réconciliation ».

Un juriste, spécialiste du droit constitutionnel, Tendai Biti, a de son côté émis une autre opinion lors de la réunion du 2 septembre. Pour lui, « le président Mugabe n’avait aucun mandat légal, même après consultation avec son cabinet, d’envoyer des troupes en RDC. Mugabe n’a déclaré la guerre à personne », a-t-il encore souligné. « Il ne peut donc se réveiller un matin et envoyer des soldats en RDC. Nulle part dans la Constitution, il n’est inscrit qu’il a ce pouvoir », a-t-il lancé sous les applaudissements del’assistance.

Le Zimbabwe, l’Angola et la Namibie ont décidé d’une intervention militaire en RDC à la suite d’une demande du président Kabila adressée aux 14 Etats membres de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC). Les responsables de ces trois pays ont souligné que leur présence en RDC était destinée à protéger la population locale et le gouvernement légitime de Laurent Kabila.

Protection d’investissements?

Selon des sources non confirmées, le Zimbabwe dépenserait environ 1,2 million de dollars par jour pour le maintien de ses troupes en RDC. Certains observateurs estiment qu’une des raisons de l’intervention militaire du Zimbabwe serait la protection d’investissements de plus de 80 millions de dollars en RDC.

« Nos soldats devraient-ils mourir pour protéger les investissements de l’Union nationale africaine du Zimbabwe\ZANU, parti politique de Robert Mugabe? », a demandé John Makumbe, enseignant en sciences politiques à l’Université du Zimbabwe. « Je suis sûr que nous avons dépensé à ce jour plus que ce que nous essayons de protéger. J’affirme que le Zimbabwe ne peut se permettre cela, en particulier à l’heure où notre économie s’est presque effondrée. »

Les médias contrôlés par l’Etat ont affirmé que quatre soldats zimbabwéens avaient été tués en RDC et 20 autres blessés. Cependant d’autres agences de presse ont rapporté que plus de 30 soldats avaient été tués. (apic/eni/ba)

webmaster@kath.ch

Portail catholique suisse

https://www.cath.ch/newsf/zimbabwe-appel-a-la-priere-pour-obtenir-le-retrait-des-troupes-militaires-du-congo/