Le pape demande aux carmélites une réforme sans «stratégie défensive»

«La vocation contemplative ne conduit pas à garder des cendres, mais à nourrir un feu qui brûle d’une manière toujours nouvelle et peut donner de la chaleur à l’Église et au monde», a lancé le pape François en recevant le 18 avril 2024 les supérieures et déléguées des carmélites déchaussées, réunies à Rome pour travailler sur la réforme de leurs constitutions.

Devant les religieuses, le pape s’est inquiété de voir émerger «des stratégies défensives quand il s’agit de réfléchir sur un monastère à sauver ou à abandonner, sur des formes de vie communautaire, sur des vocations». 

«Les stratégies défensives sont le fruit d’un retour nostalgique au passé; cela ne marche pas, la nostalgie ne marche pas», a-t-il martelé. «L’espérance évangélique va dans l’autre sens, elle nous donne la joie de l’histoire que nous avons vécue jusqu’à présent, mais elle nous rend capables de regarder vers l’avenir», a insisté François.

Cette congrégation, issue de la réforme du Carmel à la fin du XVIe siècle, compte environ 10’000 femmes, les carmélites déchaussées, et 4’000 hommes, les carmes déchaux. Le terme «déchaussé» provient du fait qu’en signe d’austérité, leur tradition spirituelle les appelait à demeurer pieds nus dans des sandales.

Cet ordre, confronté à une baisse des vocations notamment en Espagne où il est né, se trouve contraint à des choix douloureux de fermetures de couvents. Certaines religieuses, en principe appelées à rester à vie dans le Carmel qui leur est affecté, vivent douloureusement leur transfert dans une nouvelle communauté. La réflexion sur les nouvelles constitutions vise notamment à harmoniser les règles liées aux suppressions et fusions de communautés. 

Une réforme ancrée dans la tradition de sainte Thérèse d’Avila

En remarquant que ces religieuses contemplatives vivent «pleinement la tension entre la séparation du monde et l’immersion dans le monde», le pape François a souhaité qu’elles ne se réfugient pas «dans une consolation spirituelle intime ou dans une prière détachée de la réalité». Situant son intervention dans la lignée des écrits de sainte Thérèse d’Avila et de saint Jean de La Croix, le pape a expliqué que «le dynamisme de la contemplation est toujours un dynamisme d’amour».

Cette tension spirituelle est «toujours une échelle qui nous élève vers Dieu, non pas pour nous séparer de la terre, mais pour nous la faire vivre en profondeur, comme témoins de l’amour que nous avons reçu», a expliqué François. Le sens des vocations contemplatives est de «se laisser toucher par l’amour du Christ jusqu’à s’unir à Lui, pour que cet amour imprègne toute l’existence et s’exprime dans chaque geste et dans chaque action quotidienne», a-t-il insisté.

Le pape a rendu hommage à la «sagesse» et à la «foi ardente» de sainte Thérèse d’Avila, qui était «convaincue que l’union mystique et intérieure par laquelle Dieu unit l’âme à Lui, comme en la ‘scellant’ de son amour, imprègne et transforme toute notre vie, sans nous séparer de nos occupations quotidiennes ni nous suggérer une évasion vers les choses de l’esprit». 

«De cette manière, la vie contemplative ne court pas le risque d’être réduite à une forme d’inertie spirituelle, distrayant des responsabilités de la vie quotidienne», a expliqué François. Appelant à se détacher «des illusions basées sur les calculs humains», le pape a souligné que les carmélites devaient «s’abandonner à Dieu, apprendre à lire les signes qu’il nous donne pour discerner l’avenir, savoir prendre une décision audacieuse et risquée même si le but vers lequel elle nous conduira reste caché sur le moment». (cath.ch/imedia/cv/bh)

I.MEDIA

Portail catholique suisse

https://www.cath.ch/newsf/le-pape-demande-aux-carmelites-une-reforme-sans-strategie-defensive/