Plus de 1’500 jeunes ont vécu le « remake » des JMJ
De notre envoyé spécial, Pierre Rottet, APIC
Bellinzone, 13 septembre 1998 (APIC) Quelque 1’500 jeunes, tessinois en grande majorité, ont vécu samedi à Bellinzone et dimanche au Monte Tamaro le « remake » des JMJ de Paris. L’immense foule et le pape en moins. Parce que l’enthousiasme, lui, était bien présent pour cette première rencontre ensoleillée de la jeunesse suisse. Une rencontre dessinée en vue de donner une continuité aux Journées parisiennes de l’été dernier. Le rassemblement était placé sous le thème de « l’unité ». Rien de plus normal à l’heure où la Suisse moderne fête son 150e anniversaire. « Les jeunes peuvent faire beaucoup pour l’unité en Suisse », assurait d’ailleurs l’un d’eux, le bâton de pèlerin à la main. Six évêques dont un émérite avaient tenu à faire le déplacement. Ils n’étaient, de loin, pas les moins enthousiastes.
C’est en effet une première sous cette forme. Les jeunes du diocèse de Lugano ont ouvert cette année leur traditionnelle rencontre du Monte Tamaro à tous les jeunes catholiques de Suisse, les 12 et 13 septembre. Sur la lancée des Journées Mondiales de la jeunesse (JMJ), à Paris, et des nombreux rassemblements cantonaux organisés en Suisse romande et alémanique, Tessinois, Romands, Alémaniques et même Romanches ont fait le choix de poursuivre le chemin vers le Grand Jubilé de l’An 2000. Cela à l’invitation de la Commission diocésaine tessinoise pour la pastorale de la jeunesse, appuyée par la Conférence des évêques suisses (CES).
La première rencontre suisse de jeunes catholiques n’aura cependant pas suscité l’intérêt escompté. Les organisateurs attendaient en effet plus de 3’000 jeunes, dans la foulée de l’engouement de l’an dernier.
Une « déception » toute relative. « Il s’agit d’une première en Suisse. Le chiffre de 3’000 était probablement beaucoup trop optimiste. Si les Alémaniques, par exemple, avaient été moins de 100, alors oui, j’aurais pu parler de déception », relève Stephan Kaiser, président des associations et organisations des jeunes catholiques en Suisse alémanique. Chiffre largement dépassé puisqu’ils étaient près de 150, venus des diocèses d’outre-Sarine.
Les jeunes tessinois n’ont pas attendu les JMJ pour faire dans le décor grandiose du Monte Tamaro leur lieu annuel de pèlerinage. C’est sur cette montagne en effet qu’a été érigée une statue de la Vierge Marie que le pape Jean Paul II avait offerte au diocèse de Lugano lors de sa visite en Suisse, en 1984.
D’Evry à la chapelle de l’alpage
C’est aussi là, qu’en présence de six évêques – Mgr Giuseppe Torti, évêque de Lugano, Mgr Amédée Grab, nouvel évêque de Coire et président de la CES, Mgr Martin Gächter, Mgr Pierre Bürcher et Mgr Pierre Farine, évêques auxiliaires à Bâle, Lausanne et Genève, ainsi que Mgr Ernesto Togni, évêque émérite -, que les jeunes se sont donnés rendez-vous pour une eucharistie célébrée près de la chapelle construite en pierres de taille, de Mario Botta, arrimée comme un bastion à la montagne qui surplombe la vallée de Valdeggio. Les constructions de l’architecte tessinois ont décidément la cote auprès des jeunes. A Evry, l’an dernier, dans le cadre des JMJ également, ils s’étaient réunis pour accueillir le pape Jean Paul II dans la moderne cathédrale de l’architecte tessinois. Une cathédrale dont l’unique point commun avec la chapelle réside dans la forme cylindrique.
Ne pas en faire qu’un feu de paille!
C’est encore là qu’une centaine de Romands, près de 150 Alémaniques et plus de mille jeunes tessinois se sont promis de ne pas laisser ce rassemblement sans lendemain, de ne pas en faire qu’un feu de paille, après avoir gravi à pied, durant plus de 3 heures et par étapes, l’alpage du Monte Tamaro. Un alpage fort heureusement baigné de soleil.
Un feu de paille? Une semaine après les JMJ de Paris, devait récemment confier Mgr Bürcher à l’APIC, nous étions à Rome avec les évêques suisses pour la visite « ad limina ». Le Saint-Père a demandé à Mgr Amédée Grab, à Mgr Pierre Farine et à moi-même, quelle suite nous pensions donner aux Journées Mondiales de la Jeunesse dans notre diocèse. De toute évidence, c’est la volonté du pape et de l’Eglise que ces rassemblements ne restent pas sans lendemain.
« C’est extraordinaire, note aujourd’hui Mgr Gächter, les délégations linguistiques suisses aux Journées mondiales de la jeunesse se rencontraient à Manille, Denver et Paris mais jamais en Suisse. « Les gens, chez nous, note-t-il, avant d’entreprendre la marche à pied du Monte Tamaro, se rencontrent et se connaissent en paroisse…mais au niveau des cantons et de la Suisse, il reste un grand pas à franchir. C’est une première étape qui vient de se faire à Bellinzone ».
L’Eucharistie, point fort de la rencontre
Point fort de cette journée, qui a rassemblé une foule considérable, l’Eucharistie a été présidée par Mgr Amédée Grab, entourés des évêques Torti, Bürcher, Farine, Gächter et Togni, ainsi que du secrétaire de la CES, le Père Roland B.-Traufer et du Père Mauro Lepori, Abbé de l’abbaye d’Hauterive. Une dizaine de prêtres ont également concélébré la messe avec eux.
Lors de la messe, Mgr Grab a rappelé le défi que la société lance aujourd’hui aux jeunes, celle de faire de leurs lendemains une véritable société humaine et empreinte de justice pour tous. « L’Evangile, estime-t-il, est le soubassement de cette conviction. L’évêque de Coire a encouragé tous les jeunes à être témoins de l’Evangile dans leur milieu tant professionnel, social que paroissial surtout. Dans son homélie, Mgr Grab a en outre lancé un appel aux jeunes pour qu’ils réalisent l’unité. Pour qu’ils fassent ensemble l’Eglise dans l’unité. Une conviction que partage Mgr Torti, pour qui cette rencontre doit être placée sous le signe de l’amitié, celle qui mènera les jeunes vers l’an 2000.
Avec les jeunes, des centaines de pèlerins avaient tenu à s’associer à cette rencontre du Monte Tamaro. Les visages quelque peu marqués par l’effort de plus de 3 heures de marche, les jeunes ont fait de cette première rencontre un véritable succès. « Cela fait du bien de revoir des visages connus à Paris », lance Delphine, une jeune fribourgeoise. Le Monte Tamaro ? Un « Paris en miniature ». « Cette rencontre nationale n’est qu’un début », relève de son côté Yvana, une jeune étudiante fribourgeoise. « Pourquoi suis-je ici? » « C’est mon témoignage. Le témoignage de cette Eglise présente et qui se construit. Nous habitons dans différentes régions. Le Monte Tamaro est une nécessité pour commencer à se connaître, pour vivre l’unité nationale avec tous les jeunes ».
Fête d’accueil à Bellinzone samedi
La rencontre tessinoise de la jeunesse catholique suisse avait débuté samedi déjà à Bellinzone par une fête d’accueil et d’échange entre les délégations linguistiques, pour se poursuivre en soirée par une veillée de prière avec des témoignages de Mgr Giuseppe Torti, évêque de Lugano, et de Nicolas Buttet, ancien ermite laïc, fondateur d’une communauté nouvelle en Valais. Un évêque orthodoxe s’est également glissé dans l’assemblée donnant une petite note œcuménique à la rencontre.
Pourquoi cette rencontre? « Une nouvelle sensibilité auprès des jeunes s’est créée à Paris, explique à l’APIC Luca Brunoni, l’un des organisateurs. Sans doute peut-on y voir là l’expression d’un mouvement alternatif à l’individualisme grandissant. Selon lui, la rencontre avortée de la cathédrale d’Evry, l’été dernier, a servi de détonateur pour faire ce que l’ensemble des délégations suisses au JMJ n’avait pas pu faire: se rencontrer. « L’idée d’Evry a été basculée en Suisse, au Tessin ». Les délégations suisses s’étaient en effet données rendez-vous dans la cathédrale de Botta. « Mais le pape a eu la même idée, le même jour et à la même heure… » Le but? « Commencer à bâtir une unité entre les jeunes de la Suisse. A Paris, la foi en Jésus a été le dénominateur qui a permis l’unité. Au niveau suisse, ce sera sans doute possible aussi ».
Les jeunes catholiques suisses romands qui avaient participé aux JMJ de Paris s’étaient réunis à St-Maurice cette année. Ils se retrouveront en 1999 dans la cité fribourgeoise de Romont. (apic/pr)
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