En octobre 2023, les participants à la première session internationale du Synode – grand chantier de réflexion ouvert en 2021, censé rendre l’Église plus participative et moins cléricale – avaient déploré le manque d’implication des prêtres. Le secrétariat du Synode a donc invité des curés de tous les coins du globe pour y remédier.
Le père François Luyeye Luboloko est venu ainsi de Kinshasa en République démocratique du Congo, archidiocèse sous la houlette du cardinal Fridolin Ambongo. Un détail qui n’est pas négligeable, puisque ce dernier a coordonné la lettre des évêques africains s’opposant à la mise en pratique des bénédictions de couples de même sexe, établie dans la récente déclaration doctrinale Fiducia supplicans.
Selon le curé de paroisse congolais, cette thématique polémique n’est pas ressortie dans les échanges à Sacrofano. Si des sujets sensibles comme «la question de l’ordination des femmes, du mariage des prêtres» ont pu être «évoqués» au détour des conversations, cependant «on ne s’est pas arrêtés dessus parce que ce n’était pas l’objet », a-t-il rapporté à I.Media.
Même son de cloche chez le père Julien Dupont, curé à Niort et vicaire épiscopal dans le diocèse de Poitiers. Les sujets clivants, qui ont agité les débats depuis le début du processus synodal, «n’étaient pas le cœur de la rencontre». La discussion, a-t-il expliqué, portait principalement sur «la gouvernance de l’Église et la manière d’être co-responsable dans l’Église».
«Qui décide dans l’Église et qui écoute qui?», telles étaient les questions fondamentales, a-t-il assuré, faisant observer cependant qu’il «existe déjà des équipes pastorales, des conseils pastoraux, des conseils pour les affaires économiques… On partage déjà la gouvernance en partie dans l’Église».
Le prêtre français, qui s’est impliqué dans ce synode au niveau de son diocèse, a noté des «différences d’approche» liées notamment «aux cultures». En France par exemple, «les évêques sont accessibles». Mais «dans d’autres endroits du monde, certains évêques ne rencontrent jamais leurs confrères, […] ils sont très loin, il y a une forme de pyramide qui est restée très fortement présente».
Pour certains prêtres africains, il est «inimaginable» de remettre en question la parole d’un évêque, qui représente «une forme d’autorité avec laquelle on ne peut pas dialoguer», a poursuivi le père Dupont. Étant données toutes ces divergences, le partage des responsabilités dans l’Église ne va pas «être résolu du jour au lendemain» grâce au Synode, a-t-il averti. Il s’agit «d’une longue recherche».
Pour le prêtre libanais Boulos Nahed Youssef, du diocèse d’Antelias, cette rencontre à Sacrofano était nécessaire car «ce sont les curés qui sont sur le terrain, qui connaissent bien la réalité des gens, qui savent de quoi ils souffrent».
La question est maintenant de savoir comment ces 200 prêtres vont aider les plus de 400’000 prêtres du monde entier à s’emparer de cette démarche. Le pape François leur a en effet confié cette mission en les recevant au Vatican ce matin.
Outre la lettre qu’il a signée sous leurs yeux et qu’il leur a remise, le pontife argentin leur a demandé avec insistance d’être «des ambassadeurs de la synodalité», comme l’a raconté le Burundais Dieudonne Niyibizi, de l’archidiocèse de Bujumbura, visiblement ému. Et d’exprimer sa ferme intention de «négocier un espace» pour parler de synodalité, à son retour dans son diocèse. (cath.ch/imedia/hl/ak/gr)
I.MEDIA
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