Jacqueline Straub, kath.ch/traduction et adaptation: Raphaël Zbinden
En août 2023, la mise au concours du poste de professeur de judaïsme à l’Université de Lucerne avait suscité des remous. La raison en était que le ou la candidat(e) devait être obligatoirement de confession catholique romaine. Alfred Bodenheimer, professeur de littérature juive et d’histoire des religions à l’Université de Bâle, avait notamment fortement critiqué cette disposition, la qualifiant «d’anachronique».
C’est en effet en vertu du droit ecclésiastique que les titulaires des chaires de la faculté de théologie doivent être de confession catholique. Margit Waismaier-Sailer, doyenne de la Faculté de théologie de Lucerne, a confirmé ce point en août 2023. L’appartenance à la religion catholique romaine est une condition préalable à l’obtention du « nihil obstat » pontifical.
Christian Rutishauser a finalement été choisi pour le poste de professeur de judaïsme et de théologie à Lucerne. « Je me réjouis beaucoup d’occuper cette fonction », a déclaré l’ancien provincial des jésuites de Suisse (de 2013 à 2021) à kath.ch.
Au cours des dernières années, il a occupé des postes de direction, mais aussi de nombreuses missions d’enseignement universitaire et dispose d’un bon réseau international. Spécialiste du judaïsme, il décrit le dialogue judéo-chrétien comme la « mission de sa vie ».
Depuis 2004, Christian Rutishauser est membre de la Commission de dialogue judéo-catholique romaine de la Conférence des évêques suisses (CES) et de la Fédération suisse des communautés israélites (FSCI). Il fait également partie de la délégation de la Commission vaticane pour les relations avec le judaïsme auprès du Comité international de liaison catholique-juif (ILC-au sein du dicastère pour la Promotion de l’unité des chrétiens).
En 2012, le Saint-Gallois a rejoint une sous-commission de la Commission œcuménique de la Conférence épiscopale allemande pour les relations religieuses avec le judaïsme. Au cours des dix dernières années, il a été conseiller permanent du Saint-Siège pour les relations religieuses avec le judaïsme.
A la faculté de théologie, Christian Rutishauser veut sortir les études juives de leur niche et mettre encore plus l’accent sur le dialogue. « Dialoguer signifie communiquer par la parole et la raison. Le dialogue, c’est la communication, c’est apprendre à comprendre, c’est la rencontre. Et le dialogue est la seule alternative à la violence ». Il s’agit selon lui d’une culture qui concerne tous les êtres humains.
Le jésuite veut en outre réfléchir aux missions du judaïsme et du christianisme dans la société actuelle et à la manière de formuler leur contribution à une société ouverte et démocratique fondée sur les droits humains.
En même temps, il souligne que le christianisme, l’Église et la théologie sont constitutivement liés au judaïsme. « Que cela nous plaise ou non.» « Chaque fois que l’Église refoule cela, c’est une source d’antijudaïsme. La théologie doit réfléchir à la relation avec le judaïsme et la rendre positive ». Il s’agit selon lui de la meilleure prévention contre l’antisémitisme et l’antijudaïsme.
Comme il ressort d’un communiqué de l’Université de Lucerne, une nouvelle chaire d’études juives doit être créée. Elle sera intégrée dans la Faculté des sciences culturelles et sociales et financée par des fonds tiers. Aucune condition concernant la confession ne sera requise pour son occupation. Le poste devrait être mis au concours à l’automne 2024. (cath.ch/kath/js/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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