Dans cette vidéo de près de six minutes, le prélat salue la «rigueur» de l’enquêteur québécois indépendant, le juge canadien André Denis, qui a déjà piloté les investigations sur des allégations d’abus sexuels dans les archives de 9 diocèses canadiens. Au terme de ses recherches, le magistrat a expliqué n’avoir trouvé aucune preuve de culpabilité à l’encontre du cardinal, reconnaissant cependant que son enquête n’était pas concluante, faute de contact avec la plaignante.
Réagissant au rapport, le cardinal Lacroix réitère son «innocence» et exprime son souhait «que la lumière soit faite de façon complète et entière» sur les allégations portées contre lui. Dans le dossier de l’action collective révélée en janvier 2024, qui donne très peu de détails sur l’affaire, il est reproché au cardinal des attouchements sur une jeune fille alors âgée de 17 ans, qui accompagnait ses parents à un cours biblique, en 1987-1988.
Dans son message à ses fidèles, l’archevêque de Québec regrette les «délais actuels du processus judiciaire». Un premier jugement – susceptible d’appel – sur les affaires du recours collectif doit être rendu en 2025. En attendant, tous les cas individuels, comme celui du cardinal, sont suspendus.
Le cardinal Lacroix lance donc un appel à la plaignante, l’invitant «à contacter le juge Denis», ou à porter plainte contre lui au pénal «afin qu’un procès en bonne et due forme soit fait». «La communauté a le droit de savoir si les faits qu’on me reproche ont eu lieu ou non, et je souhaite faire entendre mon témoignage», affirme celui qui est de par sa charge primat du Canada.
Le cardinal de 66 ans, qui s’est retiré de sa charge le 30 janvier, annonce qu’il choisit «volontairement de demeurer discret en poursuivant le retrait temporaire de [son] ministère public comme archevêque de Québec». «Je réévaluerai ma décision périodiquement», précise-t-il, confiant qu’il considère cette décision comme «le mieux à faire, dans les circonstances».
«J’espère seulement que mon attitude et mon choix, qui témoignent de mon respect à l’égard du processus judiciaire, puissent contribuer à l’évolution positive de la situation», déclare-t-il. Au terme de l’enquête, le pape François a décidé quant à lui de ne pas engager de procédure canonique plus poussée, faisant valoir que le rapport «ne permet pas d’identifier quelque geste d’inconduite ou d’abus de la part du cardinal Gérald C. Lacroix».
Lors d’une conférence de presse le 22 mai, le juge André Denis a cependant souligné que ses conclusions n’étaient pas un blanchiment du cardinal Lacroix. «Je m’en tiens à des faits, […] je n’ai d’opinion sur rien», s’est-il défendu, soulignant que «ce que fera le cardinal [par la suite], ce sera en son âme et conscience». En outre, «une dénonciation anonyme est toujours présente, dont l’issue est incertaine», a rappelé le magistrat à la retraite, laissant la porte ouverte à la plaignante pour entrer en communication avec lui.
Pendant cette période intérimaire, en l’absence de l’archevêque, c’est Mgr Marc Pelchat, évêque auxiliaire, qui assure le gouvernement du diocèse de Québec. Depuis son retrait, le cardinal Lacroix a cependant continué à participer aux réunions du «C9», le Conseil restreint de cardinaux autour du pape François, en février et en avril. (cath.ch/imedia/ak/bh)
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