À quelques jours du scrutin européen, le pontife profite de ce message pour lancer un appel au dialogue. Il s’inquiète «de la montée de l’antisémitisme, du racisme et d’autres idéologies qui tendent vers l’extrémisme et la violence».
La montée des partis d’extrême droite et des partis eurosceptiques aux prochaines élections européennes, les 8 et 9 juin 2024, est une tendance significative observée dans les récents sondages. Il est attendu que ces partis réalisent des gains substantiels, reflétant un changement plus large dans la politique européenne. En Allemagne, le groupe Identité et Démocratie (ID), qui comprend des partis comme l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), devrait notamment gagner plus de sièges. En France, selon certains sondages, le Rassemblement national (RN) pourrait remporter près de 35% des votes.
Dans sa brève lettre, le pontife ne s’exprime pas sur la question du Synode allemand, processus ecclésial national qui a provoqué l’inquiétude de Rome ces dernières années en promouvant des positions très progressistes. Le pape propose en revanche une brève réflexion sur le thème de la réunion annuelle des catholiques d’Allemagne: «L’avenir appartient à l’homme de paix». Il souligne combien l’unité et l’harmonie voulues par Dieu se sont «détraquées», et invite à amorcer un changement.
«Quelque chose ne va pas avec l’homme et avec le monde», affirme le pape. Il se fait le relais de ceux qui, «en particulier les jeunes», demandent «une véritable réorientation», notamment concernant les questions écologiques. Il plaide non seulement pour la charité envers les personnes abandonnées et isolées mais encourage aussi à s’engager «publiquement, politiquement» pour ces derniers, notamment du point de vue de la justice.
«Les droits de l’homme fondamentaux semblent actuellement menacés, non seulement en Europe, mais aussi dans d’autres endroits du monde par la montée de l’antisémitisme, du racisme et d’autres idéologies qui tendent vers l’extrémisme et la violence», dénonce le François. Affirmant que les crises actuelles – écologique, politiques, géopolitiques, sociales et économiques – sont liées entre elles, il invite à un «dialogue large, le plus polyphonique possible» pour envisager des solutions.
Bien que de nature pastorale, le message du pontife reprend des thématiques politiques en résonance avec celles qui animent l’Église catholique en Allemagne à quelques jours des élections européennes. Les évêques allemands se sont très majoritairement positionnés contre le parti d’extrême-droite Alternativ für Deutschland (AfD). Ils ont même pour certains interdit la participation des membres de ce parti aux structures de l’Église allemande – notamment les conseils paroissiaux. La conférence épiscopale allemande a aussi publiquement condamné le racisme, l’antisémitisme ainsi que la proximité avec d’anciennes thématiques nationales-socialistes professées par certains cadres du parti. Des évêques, dont Mgr Georg Bätzing, président de la conférence, ont même participé à des manifestations contre l’AfD ces dernier mois.
Le choix des évêques allemands d’organiser le Journée des catholiques allemands à Erfurt, capitale de la Thuringe, est sur ce point significatif. Dans la capitale catholique de ce land de l’ex-RDA traditionnellement à gauche, l’AfD est montée en puissance lors des scrutins de ces dernières années et pourrait obtenir un score important lors des prochaines élections européennes.
Dans son courrier, le pontife rappelle que la ville d’Erfurt fut un des hauts lieux de la Révolution pacifique pendant l’automne 1989. Ce courant amena à la chute du régime communiste et du mur de Berlin le 9 novembre 1989, et finalement à la réunification avec la RFA le 3 octobre 1990. Il insiste sur la dimension œcuménique de cette résistance, marquée par la prière commune des communautés protestantes et catholiques de la région. (cath.ch/imedia/cd/rz)
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