Une culture de mort et d’impunité s’est installée dans le pays

Congo: Après les destructions de la guerre civile, la reconstruction de l’homme

Brazzaville, 7 août 1998 (APIC) Après les destructions de la guerre civile, le Congo doit s’atteler à la reconstruction de l’homme, de la société et de ses valeurs, face à une « culture de mort et d’impunité » qui gangrène le pays. C’est la tâche que s’est donnée l’abbé François Wambat, l’aumônier national des universitaires à Brazzaville. « L’Eglise catholique n’est pas la seule institution en crise dans la République du Congo, il y a aussi la famille, l’école, l’Etat… »

A Brazzaville, face à une société en manque de repères solides, l’abbé François Wambat se bat corps et âme pour relancer l’aumônerie universitaire dans une ville ravagée ces dernières années par les combats fratricides pour le contrôle du pouvoir. « Peut-on construire sa vie sur la fraude, les assassinats ? Le mal s’appelle mal, c’est tout », lance l’aumônier national des universitaires, reconduit à ce poste à l’issue de la 25ème session plénière de la Conférence épiscopale du Congo. Pour lui, après cette guerre fratricide, un mea culpa de l’Eglise s’impose: « Comment a-t-elle évangélisé le peuple ? « 

Il a rouvert l’aumônerie de Brazzaville en novembre dernier en se donnant pour but cette réflexion à promouvoir parmi les universitaires congolais: « Peut-on laisser s’installer une culture de l’impunité et de la mort au Congo? »

La guerre a mis a rude épreuve le témoignage chrétien

Dans une interview accordée à la « La Semaine africaine », le prêtre ne cache pas qu’il lui a été très difficile de relancer l’aumônerie universitaire de Brazzaville, où le pillage de son bureau, en outre saccagé par des obus, a réduit considérablement les services possibles pour les étudiants. Au-delà des activités pastorales indispensables, dont l’eucharistie dominicale et l’accompagnement des malades, François Wambat a choisi d’axer son travail d’animation sur le thème: « Le Christ dans la société ».

« Avec ce qui s’est passé, explique-t-il, le témoignage chrétien a été mis à l’épreuve. Il faut revoir le catéchisme et la pastorale. Tout ce qui s’est passé, c’est le résultat de notre travail d’évangélisation. Est-ce que nous croyons encore en Jésus-Christ mort et ressuscité ? Il faut que nous soyons capables de nous remettre humblement en question. »

L’aumônier entend interpeller les chrétiens sur leurs propres fautes dans les événements de ces dernières années. « Pourquoi les chrétiens qui étaient avec Sassou, Lissouba et Kolélas (les chefs dont les milices se sont affrontées dans des combats meurtriers et destructeurs) n’ont-ils pas dissuadé leurs leaders respectifs de ne pas prendre les armes ? Et pourtant les églises sont archicombles ! Est-ce la magie ou la sorcellerie qui les fait courir chez nous ? Tout le monde parle de Dieu, (…) les jeunes portaient des chapelets, des médailles. Quel témoignage chrétien ? Une culture de la mort a pris corps dans notre pays. L’humanité n’existe plus. »

Dans ce contexte, l’aumônier national des universitaires est convaincu que le rôle de l’Eglise est, plus que jamais, d’aller à l’essentiel, c’est-à-dire « d’éduquer à la foi, aux valeurs évangéliques, pour conduire à la civilisation de l’amour ».

« Nous devons continuer à éduquer à temps et à contretemps. » A cette fin, il mise notamment sur les conférences-débats dans la cité universitaire pour apporter aux uns et aux autres des « repères solides », qui les aident à faire le point sur la crise de l’Eglise, de la famille, de l’école et de l’Etat. Avec l’aide de Rome, l’aumônerie a pu acquérir un terrain à Kintélé, au nord de Brazzaville, derrière l’académie militaire. Cette année, le prêtre et ses collaborateurs bénévoles vont essayer de mettre cet espace en valeur. Le projet englobe la construction d’un amphithéâtre de 300 places, d’un presbytère, de dortoirs, et d’une grotte dédiée à la Vierge. (apic/dia/be)

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