L'Église est «migrante», rappelle le pape François

«La rencontre avec le migrant, comme avec tout frère et sœur dans le besoin, est aussi une rencontre avec le Christ», affirme le pape François, le 3 juin 2024. Il s’exprime ainsi dans son message pour la 110e Journée mondiale du migrant et du réfugié.

La 110e Journée mondiale du migrant et du réfugié sera célébrée le 29 septembre prochain. Instituée en 1914 par le pape Pie X, à l’aube de la Première Guerre mondiale, elle avait au départ pour but de venir en aide aux migrants italiens dans le monde.

Le message du pontife adressé à cette occasion part de l’expérience synodale vécue en octobre 2023 à Rome, qui se veut l’apprentissage d’un «cheminement commun du peuple de Dieu» et peut donc être comparé à l’expérience d’une migration. Il s’appuie pour cela sur l’épisode biblique de l’Exode, pendant lequel, pendant 40 ans, le peuple d’Israël a erré dans le désert en fuyant l’esclavage des pharaons d’Égypte.

«J’étais un étranger et vous m’avez accueilli»

Ce «long voyage de l’esclavage à la liberté qui préfigure celui de l’Église vers la rencontre finale avec le Seigneur» est comparable, affirme le pape, à l’expérience vécue par «les migrants de notre époque (…) Comme le peuple d’Israël au temps de Moïse, les migrants fuient souvent des situations d’oppression et d’abus, d’insécurité et de discrimination, d’absence de perspectives de développement».

«Dieu précède et accompagne la marche de son peuple et de tous ses enfants, en tout temps et en tout lieu», insiste le pontife. Dès lors, «la rencontre avec le migrant, comme avec tout frère et sœur dans le besoin, est aussi une rencontre avec le Christ», insiste-t-il. Le pape François affirme que pour beaucoup de migrants, Dieu est vécu comme «un compagnon de voyage, un guide et une ancre de salut (…) Combien de bibles, d’évangiles, de livres de prières et de chapelets accompagnent les migrants dans leurs voyages à travers les déserts, les fleuves, les mers et les frontières de tous les continents!».

Citant l’Évangile selon saint Matthieu, le pontife affirme que la Bible «ne laisse aucun doute» sur la place du migrant: «J’étais un étranger et vous m’avez accueilli». Chaque rencontre de migrant, insiste-t-il, est dès lors une «occasion chargée de salut».

Européennes: le cardinal Czerny fustige le discours sur les migrants

Venu présenter le message du pape François pour la 110e Journée mondiale du migrant et du réfugié, le cardinal Czerny a été interrogé sur le message qu’il souhaiterait adresser aux électeurs européens, à trois jours du début des élections européennes. Sa réponse comportait trois points.

En premier lieu, le cardinal canadien d’origine tchèque a encouragé les Européens à «reconnaître» qu’avec «les mêmes conditions, pressions, souffrances, manques» qui ont motivé les migrants au départ, «chacun de nous serait parti bien avant». «Souvent, la propagande et l’idéologie donnent l’impression que le migrant [part] pour le plaisir de le faire, par aventure: ceci est faux», a-t-il martelé. Le préfet du dicastère pour le Service du développement humain intégral a trouvé «dommage» de devoir encore insister sur ce point.

«Un frère ou une sœur n’est pas un problème global»

Il a ensuite encouragé les électeurs à ne plus parler de «migrations», mais de «migrants». Contre l’idée que «la migration est une crise mondiale», qu’il décrit comme «fausse» et qui «fait peur». Il s’agit pour lui de «reconnaître ces personnes comme des frères et sœurs» pour permettre un changement de perspectives. «Un frère ou une sœur n’est pas un problème global , a-t-il insisté, mais un «défi».

Le cardinal Czerny a enfin enjoint les Européens à ne pas oublier «leurs propres racines migratoires». Il a relevé que la «race humaine» n’était pas née sur le Vieux Continent. Il a affirmé que le problème concernant les migrants en Europe tenait à «l’écart» existant entre les «valeurs» européennes d’accueil et les valeurs opposées portées par certaines politiques et certains discours.

Le témoignage d’une victime des réseaux

Lors de la conférence, une jeune femme nigériane, Blessing Okoedion, a raconté le calvaire qu’elle a traversé, étant réduite en esclavage, prostituée et forcée à travailler alors qu’elle tentait de venir en Europe en 2013. Originaire de l’État d’Edo, «centre de la traite des êtres humains» dans son pays, elle a affirmé avoir connu le sort de «milliers de femmes et de jeunes filles», parlant d’un «phénomène largement incompris».

Sauvée par son courage et l’aide d’une association catholique – et en particulier d’une religieuse, sœur Rita Giaretta –, la jeune femme a depuis monté une association, «Weavers of Hope», pour venir en aide aux femmes réduites en esclavage et les aider à se réinsérer malgré les traumatismes vécus. «Il reste encore beaucoup à faire pour que ces femmes puissent réellement mener une vie indépendante sans risquer de retomber entre les mains des trafiquants», a-t-elle insisté. (cath.ch/imedia/cd/rz)

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