Le pape François s’est rendu au Palazzo Senatorio, siège de la municipalité romaine depuis le XIIe siècle, sur la fameuse colline qui surplombe les antiques forums impériaux. Pour cette deuxième visite auprès de l’administration de la Ville éternelle (après celle de 2019), il a été accueilli par le maire Roberto Gualtieri. Après une entrevue en privé avec celui-ci, il a aussi rencontré les conseillers, les assesseurs et les autorités de la ville.
Dans son discours devant les élus, l’évêque de Rome a évoqué les préparatifs du grand Jubilé, qui devrait attirer quelque 32 millions de fidèles dans la Ville éternelle, selon le Vatican. Depuis des mois, Rome est devenue un chantier à ciel ouvert, entre rénovation de ses gares et réalisation de tunnels afin de fluidifier la circulation dans le centre historique.
Le pape François a souligné que cet événement religieux, qui s’ouvrira le 24 décembre prochain, pouvait avoir «une retombée positive» sur toute la cité, en lui permettant de «rendre les services publics plus efficaces». Et d’encourager en particulier à mieux relier le centre et les périphéries de cette ville tentaculaire, s’étendant bien au-delà de ses murs historiques, et dont la gestion en termes d’infrastructures et de services publics est souvent la cible de critiques sévères.
«L’énorme afflux dans l’Urbs de pèlerins, de touristes et de migrants […] pourrait être considéré comme un alourdissement, un fardeau qui ralentit et entrave le cours normal des choses», a glissé le pontife. Mais, a-t-il assuré, les problèmes de Rome sont «le revers de sa grandeur» et peuvent devenir «une opportunité de développement: civil, social, économique, culturel».
«L’autorité se réalise pleinement lorsqu’elle se met au service de tous, lorsqu’elle utilise son pouvoir légitime pour répondre aux besoins des citoyens et, en particulier, des plus faibles», a commenté le pape. Sortant un instant de ses notes, il a aussi assuré que les relations entre l’Italie et le Saint-Siège étaient «des relations humaines». «La mesquinerie peut faire penser que ce sont des rapports d’argent, mais non, c’est secondaire», a-t-il affirmé, déclenchant les applaudissements.
Le successeur de Pierre est également revenu sur l’histoire de Rome, sa naissance il y a 2800 ans, et l’arrivée du christianisme. Le message chrétien a permis aux institutions antiques «d’évoluer vers un stade supérieur, en abandonnant progressivement […] l’esclavage», a rappelé le pape, soulignant au passage que «même des civilisations raffinées peuvent présenter des éléments […] contraires à la dignité de l’être humain».
Aujourd’hui, a-t-il poursuivi, «presque inconsciemment, nous risquons parfois d’être sélectifs et partiaux dans la défense de la dignité humaine, en marginalisant ou en écartant certaines catégories de personnes». S’il n’est pas allé plus en détails sur cette allusion, le pape plaide souvent en faveur de la protection des plus vulnérables, y compris les personnes âgées ou les enfants à naître, face aux gouvernements occidentaux qui légifèrent sur le début et la fin de la vie.
François a aussi évoqué la «Rome des papes», qui a succédé à «la Rome des Césars». Il a reconnu les «comportements pas très heureux» de certains papes qui, au cours des siècles, ont dû «jouer un rôle de substitution des pouvoirs civils».
Le pontife argentin, qui a laissé sa signature sur le Livre d’Or de la commune durant cette visite, a offert à Rome une mosaïque réalisée par l’atelier du Vatican et représentant l’Arche de Titus. (cath.ch/imedia/ak/lb)
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