Washington/New York, 19 août (APIC) Les baptistes américains se disent déçus de « leur » président, après les aveux finalement concédés par Bill Clinton sur sa « relation déplacée » avec Monica Lewinski. La plus grande Eglise baptiste des Etats-Unis, la Southern Baptist Convention (SBC) à laquelle appartient le président américain, considère que son aveu du bout des lèvres relève davantage de l’opportunisme que d’un repentir sincère.
Le président de la SBC, Paige Patterson, a estimé que la confession tardive de Clinton montre un matérialisme et un déécadence morale des Etats-Unis qui saute aux yeux. « Nous avons maintenant un président qui avoue qu’il a menti à sa famille, à ses amis et à son pays, et qui a entretenu une relation sexuelle avec une jeune employée qui pourrait avoir l’âge de sa fille », a-t-il lâché, avant de l’exhorter à demander pardon à Jésus.
Bob Reccord, président de la Société missionnaire baptiste, a demandé de son côté à ses collaborateurs de ne pas débattre maintenant pendant les cultes de ce qu’a dit ou n’a pas dit Clinton, mais de prier plutôt pour la famille du président. L’éthicien baptiste Richard Land a déploré pour sa part que la prestation télévisée du président des Etats-Unis soit apparue « davantage comme une auto-disculpation que comme une authentique reconnaissance de ses péchés. «
La relation du président avec une jeune stagiaire de la Maison Blanche relève de l’exploitation sexuelle et équivaut à une tromperie à l’égard de sa propre famille et de la nation américaine, ont laissé entendre d’autres hauts reponsables de l’Eglise baptiste.
Des responsables religieux conservateurs demandent la démission de Bill Clinton
Les réactions des responsables religieux après les aveux télévisés du président Clinton reflètent clairement les lignes de front idéologiques, avec d’un côté les conservateurs qui réclament la tête du président qui a menti – une occasion rêvée de l’abattre politiquement – et de l’autre les libéraux, qui demandent que l’on soutienne Bill Clinton et sa famille.
Le 17 août, le président Clinton, qui a aujourd’hui 52 ans, a en effet confessé avoir « trompé le public et sa femme » à propos de sa liaison avec l’ancienne jeune stagiaire de la Maison Blanche. « Cette affaire ne concerne désormais plus que moi, les deux personnes que j’aime le plus, ma femme et notre fille, et Dieu. Cela ne regarde personne d’autre que nous. Même les présidents ont une vie privée », a-t-il souligné à cette occasion.
Une présidence déshonorée
Pour Randy Tate, directeur exécutif de la Coalition chrétienne, une des plus grandes organisations chrétiennes conservatrices des Etats-Unis et adversaire déclaré du président démocrate, Bill Clinton a déshonoré la présidence et a « menti de manière flagrante » au
peuple américain. Dans son allocution, dit-il, Bill Clinton n’a exprimé ni « profonds remords » ni « vrai repentir » et il a rejeté la faute sur le procureur indépendant, Kenneth Starr, qui enquête sur les activités du président. « Nous ne pouvons espérer guérir les maux de la société, quand nos responsables donnent des exemples mauvais et immoraux à nos enfants », a-t-il déploré.
Reconnaître la faiblesse humaine
Jerry Falwell, autre responsable conservateur chrétien, détracteur de longue date de Bill Clinton, a appelé le président à démissionner. « Je pense qu’il devrait se retirer et laisser le vice-président Al Gore s’efforcer de rétablir le niveau de santé et de dignité morales à la Maison Blanche, qui ont été tant discréditées et mises à mal ces cinq dernières années », a-t-il dit.
Par contre, Joan Brown Campbell, secrétaire générale du Conseil national des Eglises des Etats-Unis, la plus grande organisation œcuménique du pays (le Conseil représente 34 Eglises protestantes, anglicanes et orthodoxes), réclame une « réponse pastorale » qui reconnaisse la « faiblesse humaine », et demande que l’on soutienne la famille Clinton.
« Notre longue expérience du travail pastoral nous enseigne qu’il est sage de protéger la vie personnelle de tout étalage public », a dit Joan Brown Campbell qui a été l’invitée de la Maison Blanche sous l’actuelle présidence. « J’espère qu’en tant que nation, nous retiendrons aujourd’hui cette vérité. Il vaudrait mieux protéger les vies privées de nos leaders sinon il ne restera personne qui pourra nous diriger. »
Pas tout simplement pardonner puis oublier
Quant au président honoraire du Séminaire de théologie de l’Union, à New York, Donald Shriver, pourtant partisan de longue date de Bill Clinton, il se déclare déçu par le président. Il n’est tout simplement « pas vrai » que des actes personnels commis par un président n’ont pas de conséquences publiques. « Je ne suis pas disposé à dire que ce qui est arrivé n’était pas important », a déclaré Donald Shriver, auteur d’une étude sur l’éthique et le pardon en politique, au correspondant de l’agence de presse œcuménique ENI. Mais les leaders politiques « nous doivent quelque chose de plus » et Bill Clinton n’a pas « pleinement tenu compte des conséquences personnelles et politiques de ce qu’il a fait ». « Nous ne devons pas pardonner puis oublier », a-t-il conseillé, « mais plutôt nous rappeler et ensuite pardonner ». (apic/eni/idea/be)
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