APIC -interview
Rome: Alois Estermann nouveau commandant de la garde suisse
« Etre un soldat en lettres majuscules »
Jean-Marie Guénois, agence APIC
Rome, 5 mai 1998 (APIC) Quelques heures avant d’être assassiné avec sa femme Gladys Meza le 4 mai vers 21 heures, le colonel Aloïs Estermann, nouveau commandant de la Garde Suisse, nommé le 4 mai par Jean Paul II, avait accordé au correspondant de l’APIC à Rome une interview dans laquelle il donnait sa vision de sa nouvelle tâche. Il avait dit sa volonté d’être un soldat en lettres majuscules.
APIC: Quel est votre impression à quelques heures de cette nomination ?
A.E : Je connais très bien ce métier de part les diverses responsabilités que j’ai exercées ici au Vatican. Il n’y a donc pas pour moi de grandes nouveautés. En revanche je me sens très honoré de cette désignation qui est une nomination pontificale.
APIC: Quelles seront vos lignes d’action ?
A:E: Un chef doit surtout donner des objectifs à atteindre et aider ses hommes à le faire. Le règlement nous donne des devoirs et nous ferons tout notre possible pour les remplir, c’est-à-dire que nous ferons bien notre service.
APIC : Vous insisterez sur quelle priorité ?
A.E.: Je m’inscris dans la continuité de mon prédécesseur, le colonel commandant Roland Buchs. J’insisterai sur le professionnalisme de la Garde Suisse. Cela suppose d’injecter une motivation forte, celle d’être des soldats, en lettres majuscules. Cela suppose de faire son devoir avec tout l’engagement possible, et comprendre l’importance de ce travail pour le Saint-Siège et pour le Saint-Père.
APIC : Comment interprétez-vous les problèmes de recrutement de la Garde Suisse ?
A.E: Nous avons eu des problèmes ces deux dernières années. Ils s’expliquent par la situation économique plutôt difficile de la Suisse, mais aussi par le fait qu’un service à l’Eglise est plutôt moins désiré qu’il y a plusieurs années. Et vous connaissez la situation suisse par rapport à tout ce qui touche Rome et le Saint-Père, ce qui n’aide pas non plus.
APIC : Pensez-vous faire plus pour l’image de la Garde-Suisse en Suisse même ?
A.E. : Il faut certainement trouver d’autres méthodes pour motiver les jeunes à venir ici. C’est un défi permanent. La Garde Suisse n’est pas un produit que l’on vendrait en faisant de la publicité pendant un mois. Nous avons continuellement besoin de personnel nouveau. C’est une question d’information et de recrutement.
APIC : Est-ce que ce point sera une priorité pour vous ?
A:E. : Sans aucun doute, c’en est une !
APIC: Est-il exact que l’on ait fait appel à des étudiants ou des séminaristes pour combler les manques de gardes suisses pendant l’été ?
A.E. : Il existe un service d’auxiliaire. Quand le Saint-Père est à Castelgandolfo, nous ne pouvons pas réduire de beaucoup le service ici au Vatican. Nous avons alors la possibilité d’enrôler des auxiliaires. Ces auxiliaires sont des étudiants qui pendant leurs vacances viennent de Suisse pour faire ce service. Parmi eux, il peut arriver que certains soient des étudiants en théologie mais ce n’est pas une règle. Cette année toutefois nous pourrons assurer notre service sans ces auxiliaires.
APIC : Votre nomination intervient deux jours avant le serment que quarante nouvelles recrues effectueront le 6 mai. N’est-ce pas un peu à la dernière minute ?
A.E.: Je n’ai pas tous les détails sur ma nomination. Sans doute a-t-on cherché à nommer la personne la plus adaptée à la situation. Le Saint-Père tient beaucoup à sa Garde Suisse. On ne nomme pas quelqu’un ici par hasard.
APIC : La presse a rapporté deux raisons qui auraient pu expliquer le retard dans cette nomination. La première touche la question du traitement, la seconde concerne le fait que le commandant de la Garde Suisse doit être d’origine noble.
A.E.: Pour ce qui est du premier point, je ne suis pas concerné. Je vis du salaire du Saint-Siège. Certes, si je fais des comparaisons avec la Suisse, il y a une grande différence. Mais ici, on vit bien. Quant au second point, la noblesse, c’est une invention qui est née de la fantaisie d’un journaliste. C’est sans fondement. Qu’il y ait eu des commandants d’origine nobles est un fait, mais aujourd’hui ce n’est plus requis pour devenir commandant de la Garde Suisse.
APIC : Comment voyez-vous le futur de la garde suisse ? Son existence est-elle menacée ?
A.E.: Cette question ne se pose pas. Aujourd’hui, plus que jamais, les organismes chargés de question de sécurité sont toujours plus demandés. Et ceci vaut pour le Saint-Siège. La Garde Suisse a tout ce qui fait pour assurer un service efficace pour assurer la sécurité. Et il importe que les gardes soient bien entraînés pour assurer ce service. C’est un défi permanent.
APIC : La Suisse soutient-elle suffisamment « sa » Garde, par ailleurs connue universellement ?
A.E.: Je ne parle pas seulement de la Suisse catholique, mais de la Suisse en général qui n’a pas encore suffisamment compris l’importance de la Garde suisse sur le plan international. Elle est une image de la Suisse que l’on ne peut pas et que l’on ne doit pas sous-estimer.
APIC : Vous êtes postulateur de la cause de Nicolas Wolf, un suisse laïc et père de famille, homme politique. En quoi son action vous inspire-t-elle ?
A.E.: Sa vie tout simplement. C’est un homme bien sur ses deux pieds. Il a toute confiance en Dieu d’où il tire la force de s’engager pour les autres.(apic/jmg/mp)
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