Autriche: Les moines du monastère de Geras boycotteront la messe du pape à Sankt Pölten
Vienne, 4 mars 1998 (APIC) Les moines du monastère de Geras, en Basse-Autriche, ne veulent pas participer à la messe du pape en juin à Sankt Pölten, annonce mercredi le quotidien viennois « Kurier ». Selon l’Abbé du couvent, le Père Joachim Angerer, cet appel au boycott ne vise pas le pape, que les moines iront saluer à Vienne. C’est en fait l’attitude de Mgr Krenn, l’évêque très contesté de Sankt Pölten qui est visée, ce qui révèle une fois de plus l’atmosphère délétère qui prévaut dans ce diocèse.
En arrière-fond de cette nouvelle querelle, le « Kurier » affirme que les moines de Geras auraient souhaité que la cérémonie de béatification du Père Jakob Kern par le pape Jean Paul II prévue lors de la prochaine visite du pape en Autriche(19-21 juin) ait lieu dans leur couvent. C’est en effet là que le religieux prémontré est enterré.
La Conférence des évêques d’Autriche avait décidé que la fête aurait lieu dans le couvent de Geras, mais Mgr Kurt Krenn, en tant qu’évêque local responsable, y a mis son veto. La cérémonie de béatification aura lieu par conséquent à Vienne. C’est pour cela que le pape visitera Sankt Pölten à la place de Geras, relève le quotidien viennois. A Geras, on aurait craint des manifestations à propos de l’ »affaire Groër » et contre le style de gouvernement de Mgr Kurt Krenn à la tête du diocèse de Sankt Pölten.
L’évêque d’Eisenstadt demande au cardinal Groër de briser son silence
L’évêque d’Eisenstadt, Mgr Paul Iby, a demandé à son tour mercredi au cardinal Hans Hermann Groër de briser son « silence de fer » sur les accusations d’abus sexuels qui lui sont reprochés. Un silence qui a rendu la situation de l’Eglise en Autriche « toujours plus insupportable ». Mgr Iby a regretté que même la demande pressante du cardinal Schönborn à son prédécesseur sur le siège archiépiscopal de Vienne n’a pu inciter le cardinal Groër à sortir de son mutisme. « Ce n’est plus supportable », affirme l’évêque d’Eisenstadt.
Mgr Klaus Küng, évêque de Feldkirch, attend de son côté des éclaircissements définitifs sur le cas Groër suite à la « visitatio » menée depuis lundi au monastère de Göttweig. Il a déclaré à « Radio Vorarlberg » que l’ancien archevêque de Vienne doit sortir de son silence et dire « ce qui est juste et ce qui ne l’est pas ». Concernant la déclaration de quatre évêques – Mgr Weber, Mgr Schönborn, Mgr Eder et Mgr Kapellari – affirmant que les reproches adressés au cardinal Groër « sont pour l’essentiel fondés », l’évêque de Feldkirch estime que cette prise de position « parle pour elle-même ».
Une demande de pardon qui se fait toujours attendre
Le professeur Johann Figl, doyen de la Faculté de théologie catholique de Vienne, a pour sa part déploré dans le quotidien « Die Presse » que le cardinal Groër n’ait pas encore adressé une demande de pardon à ceux qui furent d’abord victimes de ses agissements, les jeunes gens qui lui furent confiés à l’époque à l’internat de Hollabrunn. Le doyen a rappelé que c’est lui seul qui peut prononcer une telle parole d’excuse, qui peut avoir un effet salutaire pour guérir les blessures morales des victimes. Et de rappeler que les élèves concernés de l’école et de l’internat de Hollabrunn étaient des mineurs, contrairement aux moines qui étaient des adultes. Mais dans ce cas aussi, les rapports d’autorité et de conduite spirituelle ont été gravement violés.
Moins d’opacité dans les nominations épiscopales
Le doyen de la Faculté de théologie en a profité pour briser une lance en faveur de moins d’opacité et d’une plus grande participation pour les nominations épiscopales, ce qui aurait évité beaucoup de problèmes à l’Eglise autrichienne ces dernières années.
Pas question de céder, pour Mgr Krenn: « Pas de parallèle avec Mgr Haas à Coire »
Pour l’évêque contesté de Sankt Pölten, pas question de céder. Dans une interview au magazine d’information « News », Mgr Krenn estime qu’il n’y a pas de parallèle entre sa situation et celle de Mgr Haas à Coire. Il considère comme exclu qu’il soit transféré par le Vatican sous la pression de confrères, comme ce fut le cas pour Mgr Haas.
Mgr Krenn souligne qu’il n’y a pas de « haute surveillance » sur les diocèses à l’intérieur de l’Autriche. Le meilleur principe, pour lui, est que les autres évêques ne s’immiscent tout simplement pas dans son diocèse. Qu’ils se mêlent d’abord de mettre de l’ordre dans leur propre maison avant de donner éventuellement des conseils aux autres.
En outre, a-t-il déclaré à « News », ses collègues savent « tout à fait bien » qu’il n’est pas possible de le mettre sous pression. « Cela ne réussit pas. Je suis prêt à tout donner. Je ne vais certainement pas céder ». Seul le pape pourrait le déplacer, insiste Mgr Krenn, « et alors je vais le cœur joyeux partout où il veut m’envoyer ». L’évêque de Sankt Pölten a qualifié de « parfaitement stupides » les bruits médiatiques laissant entendre qu’il pourrait être transféré sur le siège de San Marino ou à la curie romaine.
Dans son interview, Mgr Krenn a vertement critiqué la déclaration de ses quatre confrères, les évêques Weber, Schönborn, Kapellari et Eder, à propos de l’ »affaire Groër ». Une déclaration à laquelle il n’a pas été associé et qui n’est à ses yeux « certainement pas la bonne manière » de prendre position publiquement sur cette affaire. (apic/kna/kap/be)
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