Matran: Session des agents pastoraux du canton de Fribourg
Matran,
(APIC) Plus de 160 prêtres et agents pastoraux du canton de Fribourg ont participé la semaine dernière à la traditionnelle session pastorale de Matran. Le prêtre et psychologue canadien Jean Monbourquette a animé la réflexion sur les chemins du pardon au delà des fausses conceptions et des obstacles.
« C’est une des meilleurs sessions que j’ai vécues », a relevé un des prêtres présents se faisant l’écho de l’ensemble des 163 participants. Satisfaction générale donc à la fois pour la qualité des conférences que pour la richesse des échanges en carrefour.
« Le pardon connaît une grande popularité de nos jours, même dans les milieux non-chrétiens », relève d’emblée le Père Monbourquette. Mais souvent il ne s’agit que d’une technique de psychothérapie, sans référence spirituelle. Ce pardon sécularisé se rattache à une vague culture chrétienne. On lui prête beaucoup d’efficacité pour régler les problème de colère, d’anxiété et même d’alcoolisme. Le « Nouvel Age » en parle beaucoup.
La richesse du pardon chrétien
Le pardon chrétien a lui une autre richesse. Il inclut la dimension divine sans lequel il serait bien souvent au dessus des forces humaines. Il correspond au plan de Dieu sur nous. Vouloir pardonner immédiatement sur un pur acte de volonté est néanmoins très difficile et peu de gens en sont capables, note Jean Monbourquette. Le pardon intégral qui permet de guérir les blessures nécessite de nombreuses étapes. Il chemine à travers notre émotivité blessée. C’est une conversion. Quand notre cœur est prêt, nous nous laissons toucher par le pardon de Dieu que nous pouvons à notre tour transmettre à notre offenseur dans un processus qui respecte à la fois la psychologie humaine et la spiritualité chrétienne.
Au lieu du pardon, on peut toujours choisir la vengeance qui procure une sorte de satisfaction provenant d’une « justice » dans la souffrance mutuelle, explique le religieux . C’est un sentiment humain, mais Jésus ne l’admet pas. Il contient le risque d’engendrer une spirale de la violence. « Je veux faire souffrir l’offenseur autant qu’il m’a fait souffrir. » Mais la souffrance étant un sentiment subjectif, le risque de représailles et de contre-représailles est énorme.
Autre forme de réponse, la violence passive: ne pouvant extérioriser le désir profond de me venger, ce sentiment va peu à peu me contaminer et engendre en moi dépression et pessimisme, à quoi bon tenter de faire quelque chose?
Autre possiblité encore: la rancune, le ressentiment, le culte du souvenir du mal qui m’a été fait. C’est une attitude très pernicieuse psychiquement et physiquement, relève jean Monbourquette qui y voit une des causes de maladies chroniques comme l’hypertension ou l’arthrite. Le fait de vivre dans le passé empêche de développer des projets d’avenir.
L’obsession de l’agression peut encore provoquer une sorte d’identification à l’offenseur et pousser à l’imiter. On répète l’injure subie sur soi et sur les autres dans une sorte de masochisme et de sadisme. C’est souvent le cas pour les abuseurs d’enfants.
Les fausses conceptions du pardon
Face à ces conceptions très négatives, il importe de ne pas avoir de fausses conceptions du pardon, souligne J. Monbourquette. Le pardon n’est pas synonyme, d’oubli, d’amnistie: on ne peut pas passer l’éponger, effacer purement et simplement les faits. Il faut cicatriser la blessure en tenant compte de l’émotion et même de l’envie de se venger.
Pardonner ne signifie pas trouver des excuses à l’offenseur: « Il n’était pas responsable parce qu’il était ivre ou perturbé. »
Le pardon ne veut pas dire qu’il faut renoncer à réclamer justice, mais qu’il faut rejeter la violence pour l’obtenir. Que justice soit rendue est même souvent une nécessité avant de pouvoir entamer une démarche de pardon. Le pardon ne peut pas être réclamé avec une arrogance qui implique l’humiliation de l’offenseur. Au contraire un véritable pardon restaure la dignité des personnes.
Pardonner ne signifie pas non plus continuer comme si rien ne s’était passé. Il s’agit de réparer ce qui a été brisé, d’approfondir l’amour. C’est la condition nécessaire à la réconciliation.
Face à cette difficulté du pardon, il faut aussi admettre que cette démarche ne dépend pas que de nos propres forces, mais qu’elle est un signe de la grâce de Dieu, souligne le prêtre canadien.
Les étapes du pardon libérateur
La première étape du pardon est de décider de ne pas se venger alors que la réaction naturelle à une offense est la vengeance. Le comportement chrétien consiste à décider de ne pas se venger, avant même que l’offense ait été commise, ce qui implique une éducation à la non-violence.
Les étapes suivantes consistent à guérir ses blessures. Il est d’abord indispensable de les reconnaître. Le refus ou le refoulement des blessures sont à l’origine de beaucoup de névroses, note le prêtre psychologue. Les blessures occultées risquent toujours de se rouvrir, souvent par une réaction disproportionnée à un événement sans grande importance. Reconnaître ses blessures doit permettre d’en parler à quelqu’un d’autre.
Admettre la responsabilité de ses actes est une saine culpabilité. Mais il y a aussi une culpabilité malsaine obsessionnelle. Ma conscience ou mes normes morales deviennent alors mon propre bourreau. Il faut donc se pardonner à soi-même. C’est là le travail de l’Esprit Saint capable de ramener cette paix intérieure.
Autre condition se savoir aimer par Dieu de manière gratuite. Il faut se débarrasser de fausses images de Dieu. Il n’est pas quelqu’un qui nous protège de toute souffrance, mais il nous accompagne dans notre souffrance.
En étant réconcilié avec soi-même et avec Dieu permet alors seulement de tenter une démarche de réconciliation avec l’autre. Se savoir pardonner permet de consacrer toute notre énergie aux autres, conclut le Père Monbourquette. (apic/is/als/mp)
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