Lausanne: Assemblée de l’Association des Groupes d’accompagnement post-avortement
Lausanne, 3 février 1998 (APIC) AGAPA, l’Association des Groupes d’Aide Post-Avortement en Suisse romande, tenait lundi soir à Lausanne sa première assemblée générale. En un an et demi, cette association qui se veut non-confessionnelle et non-idéologique s’est déjà fait pas mal d’ennemis. « C’est parce que nous brisons un tabou, celui de la souffrance après un avortement, que d’aucuns voudraient occulter », lance Michel Hermenjat, vice-président et porte-parole d’AGAPA.
« Nous subissons des attaques violentes en provenance des partisans de l’avortement, notamment des ultras de l’Union suisse pour décriminaliser l’avortement (USPDA) qui veulent absolument nous faire passer pour une filiale de ’Oui à la Vie’; nous sommes aussi victimes des tentatives de récupération de la part de partisans ’pro life’ extrémistes, et cela fait du tort à AGAPA ». Assistant social de formation, ancien tuteur général de la Broye fribourgeoise, Michel Hermenjat relève que la nouvelle association est orientée résolument sur l’accueil de personnes blessées par une perte de grossesse – volontaire ou non – et de personnes ayant subi des violences dans l’enfance, ces problématiques étant souvent liées.
Mettre un nom sur les douleurs et le non-dit causé par un avortement
Parlant en connaissance de cause – le syndrome post-avortement fait partie de son expérience professionnelle et de vie – Michel Hermenjat souligne que cette souffrance concerne en majorité des femmes, mais parfois aussi toute la famille. « On est en train de s’apercevoir qu’une décision aussi importante que celle d’une interruption de grossesse ou du renoncement à accueillir un enfant annoncé peut atteindre non seulement la mère, mais également le père, voire même des enfants nés vivants après ou avant une interruption de grossesse ».
« Il s’agit de mettre un nom sur les douleurs et sortir du non-dit causé par une décision que nous croyions à l’époque intelligente et juste, oser en parler dans le couple, voire avec les enfants, bref briser un tabou », témoigne un membre d’AGAPA qui a mal vécu un avortement. « Quand nous avons essayé de remettre en question notre décision, au centre de planning familial, nous avons été mal reçus! »
Fondée en juin 1996, AGAPA s’inspire d’exemples nord-américains. Présidée par une femme médecin fribourgeoise, Diane Savoy, l’association a son siège au numéro 9 de l’Avenue Jean Paul II à Villars-sur-Glâne (FR). AGAPA Suisse-romande compte déjà une septantaine de membres actifs, dont de nombreux assistants sociaux, éducateurs, sages-femmes, infirmières, médecins, etc.
En plus de l’antenne téléphonique offerte dans chaque canton romand et des entretiens individuels, AGAPA propose des groupes d’accompagnement à visée thérapeutique dans la plupart des cantons romands. Déjà 50 personnes ont suivi un accompagnement post-avortement et leur nombre devrait atteindre les 200 en 1998. Ce parcours d’accompagnement d’une durée de 54 heures est réparti sur 4 mois, à raison de 3 heures par semaine. Les groupes, qui accueillent 6 à 8 participants, sont généralement constitués de 2 accompagnateurs justifiant d’une pratique professionnelle dans divers domaines de la relation d’aide. Une bonne expérience dans ce domaine est nécessaire, note AGAPA, car certaines étapes particulièrement libératrices peuvent être très chargées émotionnellement.
AGAPA propose 4 axes d’accompagnement, qui sont: la reconnaissance de soi et de l’autre; faire face à la culpabilité; les étapes du deuil; vers la réconciliation avec soi, avec l’autre, avec le Créateur. Actuellement, 3 médecins psychiatres FMH engagés dans l’approche du syndrome post-avortement – un syndrome dont l’existence ne serait pas prouvée scientifiquement, pour les partisans de l’avortement, et qui n’aurait par conséquent qu’une fonction de propagande idéologique – suivent attentivement et soutiennent le développement d’AGAPA.
L’association, dont les statuts se réfèrent à l’éthique chrétienne, se démarque de tout prosélytisme et de tout confessionnalisme. « La présidente est catholique, je suis moi-même de tradition réformée; nous n’avons aucun lien structurel avec les Eglises institutionnelles, même si nous nous sommes assuré le concours attentif d’un pasteur réformé évangélique et d’un prêtre catholique, le Dominicain fribourgeois Jean-Michel Poffet », précise Michel Hermenjat. « Très interpellé par notre démarche, le Père Poffet se met à disposition des participants qui le souhaiteraient pour un accompagnement plus spirituel; dans ce cas, on déborde pratiquement de l’accompagnement thérapeutique proposé habituellement ».
AGAPA, conclut son vice-président, ne prend pas position pour ou contre l’avortement, mais veut tout simplement donner aux personnes concernées le droit de dire: « J’ai mal après un avortement » et son action se situe résolument « en aval ». (apic/be)
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