Edith Stein canonisée le 11 octobre ?

Rome: Publication du décret préalable de canonisation de la carmélite allemande

Rome, 17 février 1998 (APIC) Le décret préalable à la canonisation d’Edith Stein, la philosophe juive allemande devenue carmélite sous le nom de soeur Thérèse-Bénédicte de la Croix, morte à Auschwitz en 1942, a été publié le 16 février dans les « Actes du Saint-Siège » la collection des textes officiels du Vatican. De source non officielle, la cérémonie de canonisation aurait lieu le 11 octobre prochain à Rome. Jean Paul II avait béatifié Edith Stein comme martyre en mai 1987.

Née le 12 octobre 1891 dans la ville alors allemande de Breslau (actuellement Wroclaw, en Pologne), dans une famille juive, Edith Stein fait de brillantes études de philosophie à l’école du phénoménologue Husserl et devient professeur de lycée, puis d’université, jusqu’au moment où les lois hitlériennes antijuives la privent de sa chaire.

Entre-temps, en 1922, à l’âge de 31 ans, la jeune femme découvre la foi catholique grâce à une autobiographie de sainte Thérèse d’Avila trouvée chez une amie protestante dont le témoignage chrétien l’a frappée dès l’âge de 27 ans. Elle reçoit alors le baptême, malgré la douleur qu’elle sait infliger à sa mère, juive profondément croyante.

Poursuivant sa recherche philosophique, elle s’attelle à une traduction en allemand de saint Thomas d’Aquin en allemand et rencontre le couple Maritain à Paris. Les lois qui la privent de la possibilité d’enseigner vont être pour elle le signal providentiel qui la pousse à entrer au carmel de Cologne. Elle y étudie saint Jean de la Croix. Le danger se rapprochant, et pour ne pas faire courir de risques à sa communauté, celle qui est devenue Sœur Thérèse Bénédicte de la Croix part pour le carmel de Echt, en Hollande, accompagnée de sa soeur aînée, Rosa, qui l’a rejointe dans sa foi et au carmel (sans pour autant se faire moniale). C’est là qu’elles seront toutes deux arrêtées, après que la protestation des évêques de Hollande contre les discriminations imposées aux juifs par les nazis ont déchaîné des représailles d’abord contre les juifs catholiques.

Des témoins ont attesté l’attitude admirable des deux soeurs lors du voyage dans le convoi qui les conduisit à Auschwitz. Au moment d’entrer dans la chambre à gaz où elle va trouver la mort le 9 août 1942, à 51 ans, Edith Stein, dirent-ils, était « calme ». Son corps ayant été livré au four crématoire, elle est la sainte « sans tombeau ».

Un miracle

Le 23 mai 1997, un décret de Jean-Paul II ouvrait la voie à la canonisation de la bienheureuse, en reconnaissant un miracle dû à son intercession: la guérison de la jeune américaine Thérèse-Bénédicte Mac Carthy, née le 9 août 1984, jour anniversaire de la mort de la religieuse – raison pour laquelle son père lui avait donné le prénom de la carmélite.

Douzième de treize enfants, l’enfant a 2 ans et demi quand, le 20 mars 1987, elle avale une dose massive d’un produit très toxique, le tylenol. Elle est emmenée dans le coma à l’hôpital à Bockton, puis à Boston, le foie et les reins gravement atteints. Les médecins s’attendent à la voir mourir. Sa survie exige au moins une transplantation d’organes. Mais elle quitte l’hôpital sur ses deux jambes quelques jours après, des ballons à la main, « sans avoir pris l’ombre d’un médicament », souligne le rapport médical, et sans séquelle aucune.

Pour le docteur Ronald Kleinmann, gastro-entérologue du département de pédiatrie de l’hôpital général du Massachusetts, qui a suivi l’enfant lors de son séjour à l’hôpital, cette guérison subite, totale et irréversible est bel et bien un « miracle ». Le médecin, juif, a lui-même témoigné pendant cinq heures devant un « tribunal » de 8 médecins et prêtres représentant la Congrégation romaine pour les causes des saints, insistant sur le fait que, médicalement, la guérison était inexplicable.

Pendant que l’enfant était dans l’unité de soins intensifs, ses parents avaient prié par l’intercession de soeur Thérèse-Bénédicte de la Croix. Ils avaient lancé une chaîne de prière en téléphonant à leurs amis de faire de même. Cela se passait deux mois avant la béatification de Edith Stein par Jean-Paul II.

Au moment où l’enfant était hospitalisée, son père, Emmanuel Charles Mac Carthy, prêtre dans le rite catholique melkite (qui admet l’ordination d’hommes mariés), devait prêcher une retraite sur la non-violence, dans le Dakota. Avec sa femme Mary, il décida de ne pas y renoncer, se souvenant de cette phrase de Thérèse d’Avila: lorsqu’on s’occupe des affaires de Dieu, il s’occupe des nôtres. C’est aussi pour cela qu’ils lancèrent la chaîne de prière. C’est au moment précis où la retraite s’achevait que le médecin écrivait le rapport notant une subite amélioration dans l’état de l’enfant. La Congrégation pour les causes des saints a reconnu le miracle comme étant dû à l’intercession de la carmélite. Cette reconnaissance lui ouvre désormais le chemin vers la canonisation. (apic/cip/imed/mp)

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