Burundi: Le clergé de Bururi fait bloc autour de son évêque
Bururi / Bruxelles, 24 février 1998 (APIC) Au Burundi, « le mensonge reste utilisé comme arme de guerre, y compris dans le clergé », dénoncent les prêtres du diocèse de Bururi, qui font bloc autour de leur évêque, Mgr Bududira, victime à leurs yeux d’une campagne de calomnie orchestrée de l’extérieur.
Dans un message adressé aux Caritas des pays du Nord, les prêtres déplorent la situation alarmante dans la région, qui ne bénéficie « d’aucun soutien d’aucune ONG », ce qui est pour eux un « refus d’assistance à personnes en danger ».
Tout en faisant état des témoignages « de certains chrétiens et pasteurs qui sauvent des vies humaines, en luttant pour la paix et la justice, le pardon et la réconciliation », le clergé de Bururi relève « de graves déviations », comme « la violence innommable qui engendre la mort des innocents, la vengeance et la peur ». Tout cela étant « couvert par le mensonge utilisé comme arme de guerre, par la désinformation, la délation, la manipulation globalisante et diabolisante, surtout contre les personnes références ». Les signataires se disent indignés de constater que, « au sein du clergé burundais, ces armes de mensonge et de calomnie » sont utilisées contre certains évêques et leurs collaborateurs « par des tracts qui non seulement nuisent à leur réputation, mais ont aussi pour résultat la destruction de l’Eglise et de la société burundaises ».
Le clergé de Bururi vise spécialement la série de tracts « La Pause » qui, depuis plus d’un an, « s’acharne à calomnier et à persécuter » Mgr Bududira, par ailleurs le président de la conférence épiscopale du Burundi, pour « souiller sa réputation et donc aussi la nôtre » au Burundi et à l’extérieur. Cette campagne est menée, semble-t-il, par un groupe constitué de l’un ou l’autre prêtre burundais résidant à l’étranger. A leurs yeux, « ces déviations et bien d’autres viennent de l’idéologie de l’exclusion et de l’extermination de ceux qui ne partagent pas les mêmes points de vue politiques ou qui n’appartiennent pas au même groupe ethnique, d’où les rivalités cycliques pour l’avoir, le pouvoir et la domination.
20 morts par jour
Le message destiné aux Caritas et à une dizaine de conférences épiscopales des pays du Nord, ainsi qu’au conseil pontifical Cor Unum, au nonce apostolique et à tous les évêques du Burundi, attire aussi l’attention sur la misère alarmante de la population du diocèse de Bururi suite à la guerre civile. Le diocèse couvre les provinces de Makamba, Rutana et Bururi, soit 18 communes. Celles de Burambi, Buyengero, Nyanza-Lac, Vugizo et Rumonge ont toute leur population déplacée depuis octobre 1996 (quelque 150’000 personnes, soit 25 % des populations déplacées du pays), et celles de Vyanda, Bururi, Songa, Mugamba, Mabanda et Makamba hébergent des dispersés en provenance des zones troublées. « Aucun soutien d’aucune organisation non gouvernementale (ONG) » n’est accordé à ces populations, s’insurge le clergé du diocèse. Les prêtres signalent que la situation dure depuis octobre 1996 et qu’il n’y a « aucune perspective d’aide à l’horizon ». Deux ONG sont bien intervenues tout récemment (Caritas pour 144 tonnes, dont 36 de haricots et 108 de maïs, dans le cadre de son programme nutritionnel). Cette aide « ne couvre que 15 jours et n’atteindra même pas la moitié de la population sinistrée » (et seulement 24.000 des 150’000 déplacés), tandis qu’on continue d’enregistrer 20 morts par jour, généralement des femmes et des enfants.
« Les ONG nous opposent un refus », affirment les prêtres de Bururi, qui attribuent ce « refus d’assistance à personnes en danger » à « l’ethnicisation et l’instrumentalisation politique de l’aide humanitaire » et à des considérations « plus idéologiques qu’humanitaires ». Face à cette tendance à une aide « sélective » comme à « un choix discriminatoire » des partenaires, les prêtres lancent un SOS en faisant appel au « sens humanitaire et évangélique » de leur correspondant. S’ils se réjouissent du travail humanitaire réalisé à la paroisse de Byengero, ils déplorent que celles de Murago, Minago, Rumonge, Kigwena, Nyanza-Lac et Martyazo ne bénéficient pas du même traitement, « sans doute parce que les responsables ne sont pas expatriés ». (apic/cip/mp)
webmaster@kath.ch
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/burundi-le-clerge-de-bururi-fait-bloc-autour-de-son-eveque/