Fribourg: Décès du Père dominicain Léopold Bruckberger
Fribourg, 7 janvier 1998 (APIC) Le dominicain français Raymond-Léopold Bruckberger est décédé dimanche 4 janvier à Villars-sur-Glâne, près de Fribourg, à l’âge de 90 ans. Ecrivain, polémiste, résistant, religieux non-conformiste, le Père Bruckberger aura traversé le siècle se faisant autant d’amis fidèles que d’ennemis irréductibles. Il était l’auteur de nombreux ouvrages dont certains ont connu de gros succès publics.
Né en 1907 à Murat dans le Cantal d’un père autrichien et d’une mère française, Léopold Bruckberger est entré dans l’ordre des dominicains en 1929. Après ses études en philosophie et en théologie couronnées par un doctorat en 1936, il fut avant-guerre secrétaire de la « Revue thomiste ». Pendant la guerre, il est aumônier de la résistance. C’est lui qui accueille de Gaulle à la cathédrale de Paris lors de la libération. Il restera par la suite proche des milieux gaullistes et de Pompidou.
En 1949-50, on le retrouve aumônier de la Légion étrangère dans le Sahara. Il séjourne ensuite durant huit ans aux Etats-Unis et publiera alors « Images d’Amérique ». De retour en Europe, il participe à la réalisation du film le « Dialogue des carmélites » d’après l’œuvre de Bernanos. Cette production fera connaître son nom du grand public.
En rupture avec son ordre, qu’il ne quittera cependant jamais, Léopold Bruckberger s’établit en Suisse au bord du lac Léman en 1962. En 1965 il publie une « Histoire de Jésus-Christ ». Au début des années 70 sa lettre ouverte au pape Paul VI reprochant à ’l’Ostpolitik’ du Vatican de ne pas tenir suffisamment compte de la persécution des intellectuels des pays communistes fait grand bruit. Comme plus tard d’autres ouvrages dont « Oui à la peine de mort » ou « Le capitalisme, mais c’est la vie ! » ou encore ses chroniques tenues dans « L’Aurore » et « Le Figaro ». En 1985, il succède au philosophe Raymond Aron, au sein de l’Académie de sciences morales et politiques.
Se présentant lui-même dans ses mémoires comme « moine, amant de Barbara, prêtre indigne, mais non renégat » Léopold Bruckberger aura connu une existence mouvementée qui lui attira à la fois ennemis acharnés et admirateurs enthousiastes. « Le mot ’indomptable’ a été inventé pour cet homme d’airain sans cesse porté et emporté par sa foi chrétienne. L’on avait le sentiment qu’il s’était trompé d’époque Léopold; que le Seigneur l’avait conçu pour des violences moyenâgeuses, des combats à l’épée ou à la masse d’arme », dit de lui dans un dernier hommage l’écrivain Frédéric Dard, alias San Antonio. Le Père Bruckberger sera enterré le 9 janvier à Chexbres (VD), lieu de sa dernière résidence. (apic/lib/kna/mp)
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