Sri Lanka: L’Excommunication qui frappait le Père Balasuriya a été levée
Colombo, 16 janvier 1998 (APIC) L’excommunication qui frappait le théologien Tissa Balasuriya, 74 ans, a été officiellement levée le 15 janvier au cours d’une « cérémonie de réconciliation » dans la chapelle de l’archevêché de Colombo, au Sri Lanka.
La mesure d’excommunication qui frappait le Père Balasuriya, un oblat du Sri Lanka, lui avait été notifiée il y a tout juste un an. La nouvelle, confirmée par la Congrégation des Oblats, à Rome, n’a cependant pas été annoncée vendredi par la salle de presse du Saint-Siège.
Avec l’autorisation de la Congrégation pour la doctrine de la foi, que préside le cardinal Ratzinger, Mgr Nicholas Marcus Fernando, archevêque de Colombo, a levé la sanction qui pesait sur le prêtre. Celui-ci avait auparavant signé une profession de foi. « Je considère que c’est une solution satisfaisante et je remercie tous ceux qui ont prié et intercédé en ma faveur », a déclaré le Père Balasuriya à la sortie de la cérémonie.
Une vingtaine de personnes ont assisté à la cérémonie de réconciliation, dont Mgr Osvaldo Padilla, nonce apostolique au Sri Lanka, et Mgr Vianney Fernando, évêque de Kandy et président de la Conférence épiscopale du Sri Lanka.
Le P. Balasuriya était accompagné du P. Marcelo Zago, supérieur général de la Congrégation des Missionnaires Oblats de Marie Immaculée, qui semble être à l’origine de cette réconciliation, ainsi que du P. Bernard Quintus, supérieur provincial. Le Père Zago avait fait le déplacement de Rome en compagnie de trois de ses conseillers.
Le communiqué de la Congrégation des Oblats signale que des détails concernant la réconciliation et les textes officiels seront publiés dans l’édition du 22 janvier du journal catholique de Colombo « The Messenger ».
Remous après une sanction contestée
Le document de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, signé par le cardinal Ratzinger, préfet, et par Mgr Bertone, secrétaire, après avoir été approuvé le 2 janvier 1997 par le pape, stipulait que le P. Tissa Balasuriya ne pouvait plus « être considéré comme un théologien catholique ».
La notification confirmait un jugement émis par la Conférence épiscopale du Sri Lanka le 5 juin 1994 à propos du livre du religieux intitulé « Marie et la libération humaine ». Les positions du théologien, pouvait-on alors lire, sont « incompatibles avec la foi de l’Eglise » pour ce qui concerne « la doctrine de la révélation et sa transmission », la christologie, la sotériologie (doctrine du salut) et la mariologie. La notification de Rome ajoutait à ces reproches des positions erronées sur le ministère du Successeur de Pierre, réduisant la primauté à une « question de pouvoir ».
Rome précisait que, vu sa « persistance dans l’erreur », le P. Tissa Balasuriya encourait l’excommunication dite automatique (sans qu’il soit nécessaire de porter une sentence). Le document romain relevait que la Conférence des évêques du Sri Lanka avait entrepris un dialogue avec le théologien dès 1994, et que le supérieur général des Oblats avait lui-même invité à une rétraction publique. Malgré ce dialogue et des médiations successives, le P. Balasuriya « a répété ses positions doctrinales », constatait encore la notification.
Large soutien
Au Sri Lanka et dans d’autres pays, la sanction avait provoqué l’indignation d’autres théologiens et religieux. Dès le lendemain, l’Association oecuménique des théologiens du tiers monde (AOTIM) disait sa « consternation ». Le Forum International des Religieux pour la Société Globale (Colombo) diffusait au Sri Lanka et à travers le monde une pétition adressée au pape, réclamant « un procès équitable, conforme au Droit Canon ».
Partout dans le monde, de nombreuses organisations catholiques leur emboîtèrent le pas, sans toutefois risquer un jugement sur les positions théologiques du religieux asiatique, à l’exception de la section belge francophone de l’Association Européenne de Théologie Catholique (80 membres, tous docteurs en théologie ou licenciés chargés d’enseignement théologique au niveau supérieur).
La liberté du théologien
Tandis que le P. Balasuriya s’adressait au Tribunal de la Rote, instance judiciaire suprême de l’Eglise, pour demander à être entendu dans un « procès équitable », le supérieur et le président du bureau théologique des Oblats du Sri Lanka demandaient à Rome de lever la sanction pour « offrir à la communauté théologique internationale et à l’Eglise d’autres moyens de se situer face à d’éventuelles erreurs ».
A noter que l’excommunication du Père Balasuriya a été levée à la veille du Synode des évêques d’Asie, qui doit s’ouvrir à Rome en avril prochain. Plusieurs évêques asiatiques avaient exprimé des doutes sur la manière de faire de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Ils avaient du reste fait savoir que des questions sur le sujet allaient être posées à Rome. (apic/eda/cip/pr)
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