Liban: Le chanteur Marcel Khalifé devant le tribunal, verdict le 15 décembre
Beyrouth, 2 décembre 1999 (APIC) Accompagné d’une foule de sympathisants, le chanteur Marcel Khalifé a comparu mercredi durant 90 minutes devant un tribunal de Beyrouth sous l’accusation « d’avilissement de l’islam » pour avoir mis en musique un verset du Coran. Le verdict est attendu pour le 15 décembre. La plupart des avocats du populaire poète libanais d’origine chrétienne – qui conteste le chef d’accusation – sont musulmans.
« Je suis très malheureux de comparaître devant un tribunal à la place généralement réservée aux trafiquants de drogue et autres criminels », a-t-il lancé en entamant son plaidoyer devant la juge unique Ghada Bou Karroum, rapporte jeudi le quotidien de Beyrouth « L’Orient-Le Jour ». La chanson incriminée est dédiée aux victimes du massacre de Cana, en avril 1996, où les Israéliens ont bombardé près de Tyr une concentration de réfugiés libanais dans l’enceinte d’une position de l’ONU, faisant plus de 100 morts et des dizaines de blessés, essentiellement des femmes et des enfants.
Militant pour les droits de l’homme et la libération des peuples, Marcel Khalifé ne s’est pas contenté de mettre en musique de très beaux poèmes comme ceux du Palestinien Mahmoud Darwish (c’est pour l’un d’eux, qui inspire la chanson « Je suis Joseph, ô Père », qu’il est inculpé d’avilissement de l’islam). Il est devenu le symbole de la lutte pour les grandes causes. Il a déclaré devant le tribunal être trop respectueux de toutes les croyances pour avoir jamais voulu avilir l’islam ou toute autre religion : « Il y a dix-neuf confessions au Liban et je n’ai jamais appartenu à aucune d’elles, j’ai œuvré pour la patrie et pour l’humanité ».
Un procès qui fera jurisprudence
Marcel Khalifé ignorait l’existence d’une « fatwa » interdisant la mise en musique d’un verset du Coran, ont expliqué les avocats. Si le chanteur libanais est reconnu coupable, il risque une peine de six mois à trois ans de prison. Le quotidien francophone de Beyrouth commente ce procès, qui fera jurisprudence, en écrivant que « dans moins de 15 jours, le Liban saura si la justice se tourne résolument vers l’avenir ou si elle compte rester plongée dans un passé qui jusqu’à présent n’a été porteur que de déceptions, de souffrances et
de déchirements ». (apic/orj/be)
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