La référence à Léon XIII est forte de multiples significations. Gioachino Pecci fut un grand pape dont l’empreinte marqua profondément l’Eglise sur de nombreux points, même s’il ne fut pas béatifié ni canonisé. En le prenant pour ‘patron’, Robert Francis Prevost place la barre haut.
Lorsqu’il est élu en 1878, il est âgé de 67 ans et de santé fragile. On pense qu’il fera un pape de transition. En fait, il aura un des pontificats les plus longs de l’histoire de 25 ans, jusqu’à son décès à 93 ans, en 1903.
L’Eglise est alors encore empêtrée dans son furieux combat contre le modernisme et le concile Vatican I n’a pas arrangé grand chose. ‘Prisonnier du Vatican’ depuis l’occupation de Rome par la République italienne, Léon XIII va sortir de l’impasse par un habile jeu diplomatique. Il refusa de demeurer dans la nostalgie d’un passé douloureux, mais choisit de négocier avec l’Allemagne de Bismarck, la Belgique, l’Angleterre ou la France républicaine. En 1892, il invite les catholiques français à se rallier à la république honnie.
Sur le plan social, Léon XIII avait pleinement conscience des enjeux de son temps. Il dénonça les excès du capitalisme, tout en condamnant le socialisme, et pris la défense des ouvriers, réclamant un juste salaire et une limitation du temps de travail. Son encyclique de 1891, Rerum novarum, a fondé la doctrine sociale de l’Église.
Léon XIII fut aussi un grand intellectuel à la plume prolixe laissant une œuvre doctrinale importante dans une vingtaine d’encycliques. Il écrit sur la famille, la Vierge Marie, le rosaire, mais aussi la démocratie, la république, etc.
Il fit du néo-thomisme le point de départ d’un renouveau intellectuel dans l’Église qui, pour manifester l’actualité de la pensée de saint Thomas d’Aquin, insère la théologie thomiste classique dans une problématique moderne, la dégageant de ses oripeaux scolastiques.
En se rattachant à l’héritage de son prédécesseur Léon XIV entend probablement aussi bien marquer son attention pour les pauvres, dans la lignée du pape François que son attachement à la raison et à la sciences, chères à Benoît XVI, ou encore à la dimension missionnaire de Jean Paul II.
Son style ne sera certainement pas celui de François. Il l’a d’ailleurs déjà démontré en apparaissant à la tribune dans la tenue portée par Benoît XVI et Jean Paul II, tout en répétant le message de paix du pape François adressé Urbi et Orbi le jour de Pâques. (cath.ch/mp)
Maurice Page
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