Rome: Avortement pour une jeune fille de treize ans enceinte et mentalement retardée?

L’affaire bouleverse la Sicile: « L’Osservatore Romano » scandalisé

Rome, 15 décembre 1999 (APIC) « L’Osservatore Romano » revient sur l’affaire de la jeune sicilienne de 13 ans, retardée mentale et enceinte de trois mois, que l’on voudrait faire avorter, sur les conseils de son médecin et tuteur. La décision définitive du tribunal des mineurs sur cet avortement devrait tomber ces jours. Le quotidien du Vatican lance une mise en garde. Et ne mâche pas ses mots.

« Après cinquante ans reviennent les horreurs du racisme nazi ». C’est en ces termes que le Père Gino Concetti, théologien moral de l’Osservatore Romano, commente le 12 décembre 1999 dans le quotidien du Vatican le débat sur cette jeune sicilienne de Raguse, qui attend un bébé et que l’on veut faire avorter.

Accueillie depuis deux semaines dans une maison familiale, alors qu’elle vivait jusque là plus ou moins abandonnée, la jeune fille est enceinte de près de trois mois. La décision définitive de la faire avorter doit donc être prise d’ici quelques jours par le tribunal des mineurs, puisque la loi italienne ne permet pas l’avortement au-delà de trois mois de grossesse.

Pour le Père Concetti, la décision de faire avorter la jeune fille est une injure contre la civilisation, une insulte honteuse à la conscience humaine, un crime contre la vie d’un être humain qui a seulement le tort d’avoir été conçu dans une rencontre de violence sexuelle aux dépens d’une jeune fille handicapée, privée de la capacité de décider pour elle et pour son propre enfant. « Les handicapés sont traités comme des choses, comme l’objet de la volonté des autres » déplore-t-il. « L’être humain que la jeune fille porte en elle est traité comme un déchet de la société ».

Tandis que la décision de l’avortement a été prise par le médecin de famille de la jeune fille, désigné quelques jours auparavant par le tribunal des mineurs pour être son tuteur, des infirmiers sont venus la chercher dans la journée du 10 décembre pour l’emmener à l’hôpital, mais sans la trouver. Par ailleurs, on apprenait le lendemain, dans la soirée du 11 décembre, que la jeune fille n’aurait finalement pas été victime d’un viol, mais que le père de l’enfant serait en réalité un garçon de 14 ans avec lequel elle sortait.

Pour l’instant, l’avortement n’a donc pas encore eu lieu. En attendant, le fait suscite beaucoup d’émoi dans l’opinion publique sicilienne. Les mouvements catholiques et les évêques se montrent en effet opposés à cet avortement, et proposent d’accueillir et d’élever l’enfant, tout en assurant à la jeune fille des conditions de vie normale. Celle-ci semble être consciente de son état, et désireuse de garder son enfant.

Solidarité locale

La Curie épiscopale de Noto a transmis une note au juge tutélaire qui a décidé de l’interruption de grossesse. Selon l’avocat de la Curie, les articles 12 et 13 de la Loi 194, qui permettent l’avortement dans certains cas, ne sont pas applicables. Il s’agit selon lui d’un cas très particulier. Ce qui compte avant tout, c’est le respect du droit à la vie de l’enfant, car la vie de la mère n’est pas en danger.

Dans cette note, la Curie rappelle – comme l’avait déjà annoncé l’évêque, Mgr Giuseppe Malandrino – que le diocèse est prêt à prendre en charge la jeune Laura et son enfant, le temps qu’il faudra. Le diocèse demande que la tutelle soit retirée au docteur Rufino étant donnée que sa volonté est contraire à celle de Laura, et qu’elle soit de nouveau confiée au précédent tuteur, qui souhaitait laisser vivre l’enfant, ou à d’autres.

L’ancien ministre de la famille, Antonio Guidi, a demandé de son côté qu’une commission examine pourquoi le tuteur a été remplacé.

Entre-temps, Laura continue à susciter la générosité des Italiens. Le bureau diocésain de pastorale de la santé de Catane offre « des milliers de bras prêts à accueillir la jeune Laura et son enfant ». Don Benzi, prêtre italien connu pour son engagement auprès des prostituées et des toxicomanes, estime que « cette enfant n’est pas une malade mentale. C’est une adolescente qui n’’est pas intégrée, qui a des difficultés de relations, en raison de ce qu’elle a vécu dans son enfance. Elle n’est pas folle et veut garder l’enfant. Elle a très peur d’être obligée de rentrer chez elle, avec sa mère et son beau-père, ou qu’ils viennent la chercher pour l’emmener à l’hôpital. Les responsables de la maison d’accueil où elle se trouve actuellement ont déclaré qu’ils étaient heureux d’avoir Laura et son enfant chez eux », a conclu don Benzi. (apic/imed/zn/tg)

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