Une présence millénaire
L’émigration juive ne date pas de hier: dès la fin du XIXème siècle, sous la domination ottomane, on assiste déjà à une hémorragie constante en direction de la Palestine, de Beyrouth et des Amériques. Ces départs, affaiblissant la communauté locale, ont par contre permis la fondation de communautés juives syriennes à l’étranger. Sous le Mandat français, des juifs sont élus au parlement syrien, mais au départ des Français en 1946, les quelque 30’000 juifs syriens deviennent rapidement suspects aux yeux des nationalistes arabes, qui combattent le mouvement sioniste en Palestine.
Lors du partage de la Palestine et de la création de l’Etat d’Israël, des émeutes antijuives éclatent dans les principaux centres de peuplement juif. Il y a des morts dans les pogroms. De nombreuses synagogues – dont la plupart de celles d’Alep – et des maisons appartenant à des juifs sont incendiées. Nombre d’entre eux fuient alors le pays. Victimes de lois discriminatoires, les juifs syriens ont pour la plupart l’interdiction de sortir du pays jusqu’à ces dernières années. D’autres épisodes douloureux précipitent le mouvement. L’affaire de l’espion juif Elie Cohen, exécuté publiquement à Damas, et les attitudes hostiles lors de la Guerre des Six Jours, favorisent les tentatives d’émigration clandestine. Ceux qui partent légalement ne peuvent prendre leurs biens avec eux.
Certains, très aisés, ne veulent pas émigrer. Quittant le quartier juif surpeuplé de Damas, ils s’installent dans une banlieue résidentielle appelée ironiquement « Tel Aviv ». Sur les quelque 4 à 5’000 juifs restés dans le pays en 1983, une bonne partie choisissent l’exil dans le sillage des pourparlers de paix de Madrid fin 1991 quand les restrictions de voyager sont allégées. La dernière vague quitte la Syrie en 1994 en compagnie du grand rabbin. (apic/be)
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