Au terme de sa toute première audience jubilaire, samedi 14 juin dans la basilique Saint-Pierre de Rome, le pontife a exprimé sa préoccupation pour la situation au Proche-Orient. Il a exhorté à un engagement collectif pour débarrasser le monde de la «menace nucléaire», à travers «une rencontre respectueuse et un dialogue sincère».
«Nul ne devrait menacer l’existence de l’autre», a laissé entendre samedi le pape américano-péruvien lors de l’audience jubilaire tenue dans la basilique Saint-Pierre de Rome. «Les nouvelles qui nous parviennent ces jours-ci sont très préoccupantes. La situation en Iran et en Israël s’est gravement détériorée», a-t-il constaté, invitant «dans un moment aussi délicat», les parties «à la responsabilité et à la raison».
À l’issue de ses salutations adressées en plusieurs langues, à environ 6’000 fidèles et pèlerins rassemblés dans la basilique, l’évêque de Rome a exhorté à «construire un monde plus sûr, libéré de la menace nucléaire». Cet objectif «doit être poursuivi à travers des rencontres respectueuses et un dialogue sincère pour construire une paix durable, basée sur la justice, la fraternité et le bien commun», a affirmé le pape Léon XIV qui, dès ses premières prises de paroles, ne cesse d’appeler à la paix dans les pays où les conflits continuent de faire des victimes.
«Il est du devoir de tous les pays de soutenir la cause de la paix, en empruntant des chemins de réconciliation et en promouvant des solutions qui garantissent la sécurité et la dignité pour tous», a martelé Léon XIV.
Le conflit israélo-iranien qui a pris un nouveau tournant ce vendredi 13 juin dure depuis des décennies. Israël qui affirme disposer de renseignements prouvant que l’Iran s’approchait du «point de non-retour» vers la bombe atomique, a lancé une attaque sur le sol iranien. Plus de 200 sites militaires et nucléaires ont été touchés et les plus hauts gradés iraniens ont été assassinés ainsi qu’au moins neufs scientifiques nucléaires dans les frappes touchant notamment des quartiers résidentiels de la capitale Téhéran.
Ces scientifiques, dont les noms ont été publiés par Israël, sont Fereydoun Abbasi et Ahmad Reza Zolfaghari Daryani, experts en ingénierie nucléaire; Akbar Motalebi Zadeh, expert en ingénierie chimique; Saeed Barji, expert en ingénierie des matériaux; Mohammad Mahdi Tehranshi, Mansour Asgari et Amir Hassan Fakhahi, experts en physique; Abd al-Hamid Minoushehr, expert en physique des réacteurs, et Ali Bakhouei Katirimi, expert en mécanique.
L’Iran a affirmé que 78 personnes ont été tuées et plus de 320 blessées, en majorité des civils, femmes et enfants, dans les frappes israéliennes menées dans la nuit de jeudi à vendredi. Le chiffre a été communiqué par l’ambassadeur iranien à l’ONU, Amir Saeid Iravani, lors d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité des Nations Unies. D’autres victimes sont signalées dans diverses régions du pays.
Les missiles iraniens avaient jusqu’à samedi causé la mort de trois Israéliens et fait plus de 150 blessés. Le ministre de la défense israélien Israël Katz a affirmé que si l’ayatollah Khamenei continuait «à tirer des missiles sur des civils israéliens, Téhéran brûlera !»
Le Saint-Siège entretient des relations diplomatiques avec les deux parties et a toujours veillé à éviter un isolement de la République islamique d’Iran sur la scène internationale. Le nonce apostolique avait été l’un des rares diplomates à rester en poste lors du changement de régime en 1979. Il avait ainsi pu rendre visite aux diplomates de l’ambassade des États-Unis, alors pris en otage par les miliciens du nouveau pouvoir.
Dans les années plus récentes, le pape François a eu plusieurs contacts avec les dirigeants iraniens, recevant notamment le président de l’époque, Hassan Rohani, le 26 janvier 2016, venu au Vatican dans le cadre de son premier déplacement international après l’accord sur le nucléaire iranien signé en 2015 avec le soutien du président américain de l’époque Barack Obama, mais auquel son successeur Donald Trump s’est opposé.
Par ailleurs, le cardinal belge Dominique Mathieu, archevêque de Téhéran-Ispahan des latins, est devenu à la surprise générale, en décembre 2024, le premier représentant de l’Iran au sein du Sacré-Collège. Il a donc participé au récent conclave ayant conduit à l’élection du pape Léon XIV, et s’est entretenu avec le nouveau pape en audience privée le 2 juin dernier. (cath.ch/vaticannews/imedia/cv/be)
Jacques Berset
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