À Belfaux, un Crossfire sous le soleil de l’espérance

Dans le centre paroissial de Belfaux (FR), alors que le mercure a dépassé les 30 degrés, les jeux d’eau attirent particulièrement les jeunes. En ce 14 juin 2025, le festival chrétien Crossfire vit une édition sous un ardent soleil, où le thème jubilaire de l’espérance rayonne également.

Beaucoup de rires et de joie dans le complexe paroissial de Belfaux en ce début d’après-midi. L’heure est à la compétition dans la bonne humeur avec des épreuves telles que la battle de pistolet à eaux, la pêche à l’aveugle, ou le ‘pictionnary’ sur des thèmes religieux. Ceux qui ne participent pas à ce tournoi par équipes peuvent écouter des élèves de l’école de musique locale reprendre des tubes de diverses époques sur la scène en plein air.

Sous la chaleur, les jeux d’eau ont été les bienvenus | © Raphaël Zbinden

Jean-Marc Andenmatten, l’un des organisateurs de Crossfire, se réjouit du bel ensoleillement. «C’est magnifique, la météo radieuse nous met plus dans un esprit de festival, nous espérons que cela va attirer du monde.» Alors que quelques centaines de jeunes et de moins jeunes sont déjà présents, l’agent pastoral estime qu’environ un millier de personnes se rassembleront dans l’église pour le témoignage et la messe. Un chiffre et un succès qui se maintiennent depuis la première édition en 2018.

Donner aux jeunes des impulsions

Parmi les jeunes présents, les motivations sont assez diverses. S’ils ont conscience de participer à une manifestation organisée par l’Église, un certain nombre sont surtout attirés par les jeux et l’ambiance festive. C’est le cas de Kevin, 13 ans, qui vient de la ville voisine de Villars-sur-Glâne. «C’est mon premier festival et je m’amuse beaucoup», confie-t-il à cath.ch. Mais il est surtout venu parce qu’il prépare sa confirmation et qu’un des animateurs l’y a invité. Il avoue ainsi que l’aspect de la foi est «secondaire». «Je voulais être avec mes copains et c’est plus cool d’être ici qu’à la maison.»

L’abbé Jacques Rime a participé à l’animation du festival | © Raphaël Zbinden

Un aspect qui n’étonne pas l’abbé Jacques Rime, chargé d’animer le ‘pictionnary’. Le curé modérateur de l’Unité pastorale Sainte-Trinité (Grolley-Belfaux-Courtion) estime que même si beaucoup de jeunes ne sont pas motivés par la spiritualité, une telle manifestation a l’avantage de les mettre en contact avec la foi. «Et, qui sait, de peut-être leur donner des impulsions.»

Sofia, 15 ans, est également venue avec ses copines. Mais pour elle, Dieu est au centre de sa démarche. «Mes grands-parents, qui sont des personnes formidables, m’ont transmis la foi, assure celle qui a été confirmée cette année. Et c’est très important dans ma vie.»

La foi n’est pas morte

Michael, 21 ans, est l’animateur qui a invité le groupe de Kevin à Crossfire. Cela fait quatre ans qu’il participe aux préparations de confirmations. Il a à chaque fois des groupes avec des tempéraments très différents, ce qu’il trouve très enrichissant. Il souligne à quel point les jeunes sont avides de questionnements par rapport à la religion, au sens de la vie. «Nous essayons de les guider dans leur cheminement, mais au final, les réponses, c’est eux qui les ont. Parfois, ils ne sont pas attentifs, mais quand il s’agit vraiment d’écouter, ils sont là, et au fond d’eux-mêmes ils sont intéressés. Je constate en tout cas que la foi n’est pas morte.»

Michael anime des préparations à la confirmation | © Raphaël Zbinden

Paul, à 14 ans, veut lui aussi plus tard animer des groupes de confirmands. Il distingue deux catégories chez ses contemporains. «Il y a les jeunes qui ne veulent pas faire comme leurs parents et qui se rapprochent pour cela de l’Église. Ils y sont souvent attirés par des amis ou des influenceurs sur les réseaux sociaux. Les autres se sont vus transmettre la foi dans leur famille et ils continuent sur ce chemin.» Pour le garçon, le festival Crossfire est important, car en proposant de la musique actuelle et des activités festives, il parle davantage aux jeunes que d’autres événements proposés par l’Église.

L’École Pierre, communiquer par la louange

En fin d’après-midi, le traditionnel témoignage est offert par l’École Pierre, à Lyon. L’établissement se définit comme une école de «communication et de louange». Trois étudiants d’une vingtaine d’années viennent ainsi expliquer leurs parcours de vie et leurs motivations. Valentin souligne l’objectif de l’institution de faire dialoguer la culture de l’Église avec celle du monde. Une mission qui passe essentiellement par la musique. Les témoignages sont ainsi émaillés de plusieurs chants composés par les étudiants eux-mêmes.

Loïs est étudiante à l’École Pierre, à Lyon | © Raphaël Zbinden

Les trois jeunes gens ont pour point commun d’avoir vécu des situations de vies difficiles, où la foi a été une bouée de sauvetage. Alors que Loïs a apprivoisé sa timidité maladive et ses peurs grâce à sa rencontre avec Dieu, Valentin et Joshua ont pu surmonter grâce à la foi des crises existentielles, des angoisses et des addictions. L’École Pierre s’est ainsi saisie du «rêve» comme thème de l’année.

Se relever de ses cendres

La vertu théologale de l’espérance est également au centre de l’Année sainte que vit actuellement l’Église. L’abbé Fortunat Badimuene file son homélie sur les trois vertus et sur la symbolique de la croix et du feu, à l’origine du nom du festival. «Crossfire» fait en effet référence à un événement qui s’est produit au 15e siècle, lorsque le crucifix a survécu miraculeusement à l’incendie qui a dévasté l’église de Belfaux.

L’abbé Fortunat Badimuene a centré son homélie sur les trois vertus théologales et la Sainte Trinité | © Raphaël Zbinden

«Il arrive que notre vie soit en miettes, comme les cendres de cette église, a relevé le prêtre. Mais une braise vivante existe sous ces cendres. Et l’Esprit saint rallume notre espérance et nous relève (…) Les jeunes d’aujourd’hui vivent abattus, mais nous devons être dans la joie, car le Christ est ressuscité!»

Encouragés par cet appel, les participants se dirigent, après la messe, vers les divers lieux de restauration positionnés dans le complexe. Certains restent dans l’église pour un temps d’adoration. La soirée et la nuit est ensuite pleinement consacrée à la musique et à la danse avec plusieurs groupes de musique et des DJ. (cath.ch/rz)

Une musique chrétienne appelée à «dépasser ses frontières»

Le groupe de rock chrétien OMG (Oh! My God) est l’un de ceux à se produire le 14 juin à Belfaux. OMG s’est formé en 2016 à Dole, dans le Jura français. Ses influences musicales viennent du rock-metal, notamment du groupe «Evanescence», dont il reprend d’ailleurs régulièrement des chansons. Son leader, Jean-Baptiste Berning, explique à cath.ch sa démarche.

Les membres du groupe OMG (toute à dr. Jean-Baptiste Berning) | © credofunding.fr

Êtes-vous partis dans l’idée de faire du «rock chrétien»?
Jean-Baptiste Berning: Nous nous sommes formés à l’occasion d’un événement de Pentecôte, dans notre paroisse. Alors, oui, nous voulions faire de la musique se référant à la foi chrétienne. Mais cela à partir de nos goûts musicaux communs, hors de la perspective de ressembler à de la «musique chrétienne».

Justement, ce que l’on appelle habituellement «rock chrétien» est plus proche du rock-pop que du rock-metal. Vous sentez-vous original à ce niveau-là?
Nous sommes conscients d’être un peu hors du moule du rock chrétien. Mais c’était un parti pris. Nous ne voulions pas être dans un «formatage» de style.

Qu’est-ce qui fait votre différence?
Le rock-metal, traditionnellement, est une musique assez sombre et grave, parfois transgressive. Selon moi, elle possède aussi une profondeur particulière. Nos paroles se saisissent de thèmes peut-être moins directement « louangeurs » que le rock chrétien mainstream. Nous allons plus soulever des questionnements. Par exemple, nous avons mis en musique un psaume qui porte sur la guerre.

Avez-vous le souhait de toucher un public en dehors de celui déjà acquis au «rock chrétien»?
Tout à fait. Nous avons joué dans plusieurs festivals et concerts profanes et nous voulons vraiment continuer dans cette voie. Je pense que l’on peut porter l’étiquette «chrétien» et toucher des personnes qui ne sont pas intéressées par la religion. La musique chrétienne ne devrait pas essayer de toujours rentrer dans des cases, mais dépasser les frontières qu’elle a tendance à se fixer elle-même. Cette dichotomie est d’ailleurs quelque chose d’assez contemporain. Car dans les époques passées, la musique chrétienne ne se distinguait pas forcément de la musique en général, les gens n’écoutaient pas du Bach en se disant: «J’écoute de la musique chrétienne». RZ

Raphaël Zbinden

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