« Le pape a abusé de l’hospitalité indienne »
New Delhi, 11 novembre (APIC) L’appel du pape Jean-Paul II à l’évangélisation de l’Asie, au cours de sa visite de trois jours à New Delhi, a provoqué des réactions diverses en Inde. Le porte-parole d’un groupe nationaliste hindou a accusé le pape d’avoir « abusé de l’hospitalité indienne » et de vouloir convertir l’Inde au christianisme.
« Les peuples d’Asie ont besoin de Jésus Christ et de son Evangile », a affirmé le pape lors d’une cérémonie à New Delhi, le 6 novembre. « Vous, évêques, devez faire encore plus d’efforts pour propager l’Evangile du salut aux quatre coins de l’Asie », a déclaré Jean-Paul II aux évêques, aux prêtres et aux religieuses réunis dans la cathédrale du Sacré-Cœur de New Delhi.
Au cours de la cérémonie, Jean-Paul II a également plaidé pour la liberté religieuse. « Si ce droit fondamental n’est pas accordé, tout l’édifice de la dignité et de la liberté humaines est ébranlé », a-t-il souligné, rappelant que « dans certaines régions de l’Asie, toute proclamation explicite est interdite et que la liberté religieuse est refusée ou systématiquement restreinte ».
L’évangélisation et la liberté religieuse sont deux points très délicats en Inde où, ces derniers mois, on a compté plus de 150 attaques contre les chrétiens, que les nationalistes hindous accusent de recourir à des conversions forcées et d’offrir des compensations matérielles pour la conversion au christianisme.
Les journaux indiens n’ont pas manqué de reprendre sur leurs manchettes les propos du pape. L’ »Asian Age », entre autres, titrait « Convertissez l’Asie maintenant, dit le pape ». Les évêques indiens ont jugé ces titres « exagérés ».
Continuer à proclamer l’Evangile
Mgr Alan Basil de Lastic, président de la Conférence épiscopale de l’Inde, a souligné lors d’une conférence de presse que le pape n’avait pas demandé « d’accélérer les conversions »., L’archevêque de New Delhi a défendu l’emploi du terme « évangélisation »: « Nous allons continuer à proclamer la parole du Christ. Libre à ceux qui le veulent de l’accepter. Il n’est pas question d’utiliser la force ou des incitations ». L’archevêque de Lastic a également reproché aux nationalistes hindous de réclamer l’interdiction des conversions. « Une telle demande, est perverse, parce qu’elle rejette la liberté fondamentale qu’a chacun de choisir sa religion selon sa conscience ».
Pour l’évêque d’Islamabad, Anthony T. Lobo, secrétaire général de la Conférence épiscopale du Pakistan, le mot « évangélisation » a été mal interprété. « Evangéliser, c’est prêcher la bonne nouvelle. Il ne s’agit pas seulement de conversion ou de prosélytisme ».
Mgr Anthony Lee Kok Him de Malaisie, a souligné que « le pape nous a indiqué bien clairement que ce ne sont pas les idéologies qui doivent guider l’Eglise dans le prochain millénaire, mais la foi en Jésus le Sauveur ».
« C’est une très bonne chose que le pape ait explicité la position chrétienne en ce qui concerne l’Evangile que nous nous engageons à prêcher à travers le monde », a relevé de son côté K. Rajaratnam, luthérien, président du Conseil national des Eglises de l’Inde, qui regroupe 29 Eglises protestantes et orthodoxes. Il s’est dit satisfait que le pape ait fait ressortir clairement la nécessité pour l’Eglise de s’engager aux côtés des pauvres, et ait soulevé des questions sociales.
Rajender Chadha, porte-parole d’une section du « Rashtriya Swayamsevak Sangh » (RSS), groupe nationaliste hindou important, n’a guère apprécié l’appel du pape à la liberté religieuse: « le pape a abusé de l’hospitalité de l’Inde. Il n’aurait pas du dire ce qu’il a dit. Le pape, a confirmé les craintes que l’Eglise catholique a « le projet de convertir l’Inde au christianisme ».
La presse italienne revient aussi sur la difficulté et la complexité de la mission de l’Eglise en Inde. Pour « La Repubblica », la visite du pape en Inde a été une humiliation. « Pour la première fois en 20 ans, le pape est arrivé dans un pays qui le marginalise, qui le réduit à presque rien. Le reportage télévisé ne dure que quelques secondes et la presse ne publie pratiquement rien. L’accueil que lui a donné le gouvernement s’en est tenu au protocole, rien de plus ». (apic/eni/tg)
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