L’unique moyen de ramener l’ordre dans le pays

Congo (RDC) : Mgr Monsengwo réclame l’envoi d’une force internationale

Kinshasa, 12 novembre 1999 (APIC) Il faut envoyer une force multinationale dotée de pouvoirs concrets d’une mission bien définie pour remettre de l’’ordre au Congo. C’est ce que réclame Mgr Laurent Monsengwo Pasinya, archevêque de Kisangani. Il s’agit d’assurer la sécurité des personnes et des biens, comme cela a finalement été fait au Kosovo et comme cela est en train de se faire au Timor Oriental. Dans une interview à l’agence missionnaire vaticane Fides Mgr Monsengwo souligne l’importance de l’application des accords de Lusaka signés en juillet dernier.

Le diocèse de Kisangani, situé dans l’Est du pays, est occupé militairement depuis le mois d’août 1998 par les rebelles et par les troupes rwandaises et ougandaises. Malgré les accords de Lusaka, les heurts continuent parce ceux qui veulent prendre le pouvoir par la force, n’arrêterons pas la guerre tant que leur but n’est pas atteint. Les accords de paix, dans la mesure où ils prévoient une solution consensuelle, ne les arrangent pas, constate-t-il.

Le conflit a en outre des raisons économiques qui consistent dans l’exploitation des richesses minières du pays, dans la Province du Haut Congo, la Proince Orientale, la Province du Kasaï, ou encore la Province du Katanga, et celle du Bas-Congo pour le pétrole. Plus la guerre dure, plus elle profitera à ceux qui veulent accaparer les ressources naturelles du pays. Les accords de Lusaka ne peuvent amener la paix au Congo que dans la mesure où il y a une volonté positive de la communauté Internationale pour les appliquer.

L’Eglise durement frappée

Pour Mgr Monsengwo, si l’Eglise est durement frappée par les vols, les pillages et les meurtres, c’est parce qu’elle milite en faveur de la paix, et cherche par le dialogue une solution aux problèmes. Le gens qui veulent la guerre ont fondé leur action sur une idéologie ethnocentrique. Ils ne peuvent pas accepter que l’Eglise prêche la fraternité.

Il est évident que la population du Congo veut un pays uni et souhaite que l’intégrité territoriale et la souveraineté nationale soient sauvegardées, estime l’archevêque de Kisangani. Parmi les causes de la guerre, il faut rappeler les 32 ans du système dictatorial de Mobutu, appuyé par les puissances occidentales dans le cadre de la guerre froide. Mais la responsabilité immédiate revient d’abord au mouvement des rebelles du RCD, à l’Ouganda et au Rwanda, qui ont amené la guerre au Congo pour les raisons politiques qui leur sont propres, juge Mgr Monsengwo. En outre les puissances de la Communauté internationale, qui ont interrompu le processus de démocratisation voulu par la Conférence Nationale Souveraine, à quelques mois des échéances prévues pour le référendum constitutionnel, portent aussi une grave responsabilité. Elles ont consacré le principe de la prise du pouvoir par la force.

L’Eglise est l’institution la plus qualifiée pour pouvoir travailler à la réconciliation dans ce territoire martyrisé. Pour l’archevêque, la mise en place et l’actualisation de l’option de l’Eglise-Famille de Dieu, voulue par l’Assemblée spéciale du Synode des évêques pour l’Afrique, est plus qu’opportune. « Le peuple vit cette période avec un courage remarquable, une endurance quasiment surhumaine, dans une attitude de foi. En dépit de la lassitude que causent ces événements, notre peuple triomphera. »

« Je crois que la première chose à faire, est de s’employer à ce que les accords de Lusaka soient appliqués rigoureusement par tout le monde, en tenant compte de toutes les échéances prévues. Cela, de façon à ce que d’ici le mois de mars 2000, la situation soit pacifiée, qu’on ait une nouvelle armée nationale et que les troupes étrangères, toutes les troupes étrangères, se retirent du pays. »

Malheureusement, j’ai l’impression que la Communauté internationale traîne un peu les pieds et nous risquons d’arriver à une situation que plus personne ne contrôlera, déplore Mgr Monsengwo. « Je crois qu’il faut envoyer une force multinationale avec des pouvoirs concrets et la mission bien définie de remettre de l’ordre au Congo et d’assurer la sécurité des personnes et des biens. »

Une situation économique catastrophique

D’après la Fédération des Entreprises du Congo, les affaires ont baissé de 70 % en 1998. Les principales entreprises d’extraction dans le domaine du diamant sont au bord de l’abîme. La première, Gécamines, est à l’agonie; la deuxième, la Société Minière de Bakwanga, chargée de l’extraction des diamants au Kasaï, a pratiquement réduit à zéro son travail à cause du siège des rebelles autour de la ville de Mbuji-Mayi.

Pour le seul mois de septembre, la vente des diamants a baissé de 46%, pour atteindre la somme de 12 millions de dollars contre 18 millions pour le mois précédent. 80% des ressources sont englouties dans l’effort de guerre. Depuis le mois d’avril, le franc congolais a été dévalué de 35%. A Kinshasa même, les denrées de première nécessité commencent à manquer.

La situation dans le domaine des droits de l’homme est encore plus grave. La République Démocratique du Congo figure au premier rang pour le nombre de violations des droits de l’homme selon une classification basée sur dix paramètres, dont la manipulation des procès, la persécution des opposants, et le phénomène des « personnes disparues ». (apic/cip/fides/mp)

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