Le contexte est important. Il n’est peut-être pas si éloigné d’aujourd’hui. Nous sommes dans un territoire «païen», Césarée de Philippe, où Jésus arrive. Le terme de païen désignant dans l’Écriture plutôt une communauté étrangère au peuple d’Israël.
Jésus interroge ses disciples: «au dire des gens, qui est le Fils de l’homme? autrement dit, «que dit-on de moi?» Après différentes réponses qui lui sont données, Jésus interpelle ses disciples: «Et pour vous, qui suis-je?» La réponse vient de Pierre: «Tu es le Fils de Dieu vivant».
Là commence un nouveau chemin pour Pierre. Jésus lui rappelle que ce n’est pas de lui que vient cette réponse. Simon Pierre est habité par l’Esprit et pour cela, Jésus lui dit: «heureux es-tu Simon, fils de Yonas», qui résonne comme une béatitude.
« Simon Pierre reçoit ainsi une promesse solennelle de Jésus »
De cette rencontre essentielle entre Jésus et Pierre, s’ouvre une promesse, celle d’engager Pierre dans l’aventure du Salut en le configurant comme le rocher sur lequel va se construire une communauté en devenir. C’est la Bonne Nouvelle qui commence à se construire. Simon Pierre reçoit ainsi une promesse solennelle de Jésus.
Aujourd’hui, pour chacune et chacun, il y a aussi une promesse pour nous aider à avancer dans notre vie de foi. Tout d’abord, il nous pose la même question: «Qui suis-je pour toi?» Depuis notre baptême comment répondons-nous à cet appel? Le vivons-nous comme une promesse?
Ensuite, le contexte dans lequel nous sommes est aussi fortement imprégné de questionnements, de quêtes mais aussi d’indifférences, de désertions, d’incertitudes… présentes du temps de Jésus.
« Quand bien même nous sommes fragiles, par nous l’Esprit fait germer des graines »
Allons-nous nous retirer? Allons-nous donner l’impression que nous ne sommes pas capables de trouver, comme les apôtres à la Pentecôte, les mots pour comprendre ce nouveau langage de nos sociétés. Oui, quand bien même nous sommes fragiles, par nous, l’Esprit fait germer des graines dont on sait la capacité de grandir et de faire grandir (Mt 13, 31).
Dans cette Parole d’aujourd’hui, je relève deux repères qui font grandir en nous la Bonne Nouvelle. D’abord, la métaphore des «portes» que l’on trouve dans le passage «Tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Église et la puissance de la mort ne l’emportera pas sur elle».
Le texte d’origine parle des «portes de l’Hadès» (Hades, dieu des enfers), en hébreu le Shéol, donc le royaume des morts. Les portes, ici, symbolisent non pas un accès, mais la puissance de résistance et la force pour combattre le mal et en être vainqueur. C’est ici toute la signification de notre baptême. C’est ici, toute la puissance de l’Espérance de la foi.
« les clés du royaume: pas un pouvoir, mais une responsabilité fondamentale à l’égard de la Parole »
Et puis, celle qui nous parle des «clés du royaume». Comment entendre cette phrase «Tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux». Nous ne sommes pas dans le registre du pouvoir, mais dans celui d’une responsabilité fondamentale à l’égard de la Parole qui nous habite et dont nous ne pouvons pas ne pas témoigner, car elle libère, délivre et promeut celui qui la reçoit et en vit.
Alors, rappelons-nous, en cette fête de Pierre et de Paul, dans un monde à nouveau déstabilisé par les guerres, d’inscrire dans notre cœur, telle une balise, ces deux paroles d’espérance qui ont traversé toute leurs vies: «Seigneur, où irions-nous, c’est toi qui a les paroles de la vie éternelle» (Jn 6, 68) et «Pour moi, vivre, c’est le Christ» (Ph 1, 21).
Frère Michel Fontaine OP | Vendredi 27 juin 2025
Mt 16, 13-19
En ce temps-là,
Jésus, arrivé dans la région de Césarée-de-Philippe,
demandait à ses disciples :
« Au dire des gens,
qui est le Fils de l’homme ? »
Ils répondirent :
« Pour les uns, Jean le Baptiste ;
pour d’autres, Élie ;
pour d’autres encore, Jérémie ou l’un des prophètes. »
Jésus leur demanda :
« Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je? »
Alors Simon-Pierre prit la parole et dit :
« Tu es le Christ,
le Fils du Dieu vivant ! »
Prenant la parole à son tour, Jésus lui dit :
« Heureux es-tu, Simon fils de Yonas :
ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela,
mais mon Père qui est aux cieux.
Et moi, je te le déclare :
Tu es Pierre,
et sur cette pierre je bâtirai mon Église ;
et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle.
Je te donnerai les clés du royaume des Cieux :
tout ce que tu auras lié sur la terre
sera lié dans les cieux,
et tout ce que tu auras délié sur la terre
sera délié dans les cieux. »
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