Justice environnementale: Léon XIV se place dans les pas du pape François

«La violation du droit international et des droits des peuples, les inégalités et la cupidité […] produisent la déforestation, la pollution, la perte de biodiversité», rappelle le pape Léon XIV, le 2 juillet 2025. Il s’exprime ainsi dans son message pour la 10e Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la Création.

L’appel du pape à une «justice environnementale» intervient au lendemain d’une rencontre avec des cardinaux du Sud déterminés à faire pression sur les pays développés pour qu’ils remboursent leur dette écologique. Le 3 juillet, le Vatican publie en outre un formulaire de messe dédiée à la sauvegarde de la création.

Alors que le continent européen subit une canicule exceptionnelle, le Vatican s’illustre cette semaine par des appels vigoureux à agir face au dérèglement climatique et ses conséquences sur les plus vulnérables. Publié ce mercredi à l’occasion de la Journée mondiale de prière de la sauvegarde de la Création qui se tiendra le 10 septembre, le message du pape Léon XIV intitulé Semences de paix et d’espérance ne fait pas de détour.

«Dans différentes parties du monde, il est désormais évident que notre terre est en train de tomber en ruine», déplore le nouveau pontife. «Partout, l’injustice, la violation du droit international et des droits des peuples, les inégalités et la cupidité qui en découlent produisent la déforestation, la pollution, la perte de biodiversité», s’indigne-t-il.

Léon XIV cherche la «prise de conscience»

Dans son message, Léon XIV fait sienne l’exhortation apostolique Laudate Deum (2023) du pape François qui citait abondamment les rapports du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec). Il écrit ainsi que les «phénomènes naturels extrêmes causés par le changement climatique induit par les activités humaines augmentent en intensité et en fréquence». Il prévient aussi que les «conflits armés» ont des effets en termes de «dévastation humaine et écologique».

Au-delà de ce sombre constat, Léon XIV veut provoquer une «prise de conscience». Pour lui, «la destruction de la nature ne touche pas tout le monde de la même manière: bafouer la justice et la paix signifie frapper davantage les plus pauvres, les marginalisés, les exclus.» L’ancien missionnaire au Pérou ajoute que la souffrance des communautés autochtones est «emblématique» en ce domaine.

«La création est transformée en champ de bataille»

Dans un autre passage, le pontife dénonce ceux qui perçoivent la nature comme «un instrument d’échange». Dans ces dynamiques, analyse le pape, «la création est transformée en champ de bataille pour le contrôle des ressources vitales». Il se désole d’entendre que des forêts et des zones agricoles sont devenues «dangereuses à cause des mines» ou que des conflits éclatent autour des sources d’eau.

Face à ces réalités, le pape Léon XIV plaide pour une «justice environnementale». Il s’agit d’une «nécessité urgente» qui ne peut plus être considérée comme un «concept abstrait ou un objectif lointain», insiste-t-il. S’adressant tout particulièrement aux chrétiens, le pape prévient: «Dans un monde où les plus fragiles sont les premiers à subir les effets dévastateurs du changement climatique, de la déforestation et de la pollution, la sauvegarde de la création devient une question de foi et d’humanité.»

Dans son message, le pape entend aussi tordre le cou à une interprétation du récit biblique de la création. «La Bible ne promeut pas la domination despotique de l’être humain sur la création», insiste le pontife, citant l’encyclique Laudato si’ (2015), dont l’Église célèbre le dixième anniversaire. «Au contraire, il est important de lire les textes bibliques dans leur contexte, avec une herméneutique adéquate, et de se souvenir qu’ils nous invitent à ›cultiver et garder’ le jardin du monde.» Ainsi, explique Léon XIV, «cultiver signifie labourer, défricher ou travailler et garder signifie protéger, sauvegarder, préserver, soigner, surveiller».

Une semaine sous le signe de l’écologie

Hier, le pape Léon XIV a reçu trois cardinaux venus d’Asie (Felipe Neri Ferrāo), d’Afrique (Fridolin Ambongo) et d’Amérique du Sud (Jaime Spengler) pour entendre leur «appel à la justice climatique». À moins de cinq mois de la COP30 au Brésil, ils ont encouragé le pape Léon XIV à s’y rendre pour porter la voix des victimes du changement climatique. Dans un document programmatique présenté au pape et à la presse, ces porte-paroles des évêques du Sud global appellent notamment les pays riches à payer leur dette écologique et à en finir avec les mensonges de «l’économie verte».

Le 3 juillet, le Vatican publie un nouveau formulaire pour une messe dédiée à la «sauvegarde de la création» (pro custodia creationis), qui sera ajoutée au Missel romain ­– ce livre liturgique à la couverture rouge qui fixe les règles et les prières pour la célébration de la messe. Cette innovation s’inscrit dans la ligne des diverses initiatives lancées ces dernières années par l’Église catholique pour promouvoir la cause de l’écologie. (cath.ch/imedia/hl/rz)     

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