La commission d’enquête parlementaire française sur les modalités du contrôle par l’État et de la prévention des violences dans les établissements scolaires a présenté le 2 juillet à Paris ses résultats, après trois mois d’auditions, rapporte le magazine chrétien La Vie.
Ce groupe a été créé en février 2025, dans le sillage du scandale sur l’établissement privé catholique de Bétharram, au sud-ouest de la France. Au total, 132 plaintes liées à cette école ont été déposées pour des violences physiques et sexuelles subies à partir des années 1960 jusqu’en 2011. L’affaire, qui a éclaté en 2024, a pris une tournure «d’État», avec l’implication du Premier ministre François Bayrou, accusé d’avoir négligé les soupçons dans des périodes où il était maire de Pau, ministre de l’Éducation nationale, mais également parent d’élèves, alors que ses enfants ont été scolarisés dans l’établissement.
Le rapport de la commission parlementaire, bien que ne portant pas exclusivement sur Bétharram, consacre 60 pages à la chronologie des défaillances autour de l’établissement, détaillant notamment le nombre effarant de plaintes restées sans suite.
La commission s’attarde particulièrement sur l’enseignement catholique, qui concentre une bonne partie des recommandations, qu’elles lui soient entièrement dédiées ou pas, remarque La Vie. Ainsi, un axe de travail est centré sur la question du «tabou» des contrôles par l’État des établissements privés sous contrat, dont la grande majorité, en France, sont catholiques. La commission recommande ainsi de confier à la direction générale de l’enseignement scolaire les mêmes missions, s’agissant des établissements privés sous contrat, que celles qui lui sont confiées pour les écoles et établissements publics.
Le rapport déplore de façon générale une prévention insuffisante, tant auprès des élèves que des personnels. Il met en avant des procédures de signalement qui ne sont pas encore suffisamment systématiques, remettant en cause la nécessité de passer par la voie hiérarchique.
Parmi les 50 recommandations du document, l’une a provoqué une polémique particulière dans les milieux catholiques. Elle concerne la demande de lever le secret de la confession dans le cadre d’abus sur mineur. Une recommandation qui, pour La Vie, semble «dépasser le mandat de la commission», et qui pose la question de la partialité des rapporteurs. Même si le magazine français reconnaît le «jalon indéniablement positif et crucial dans la lutte contre les violences faites aux enfants» que constitue le rapport, ce dernier «pourrait bien être la première marche d’un ciblage des établissements catholiques et de leur ‘caractère propre’, reposant sur une anthropologie chrétienne». Un point sur lequel l’Église catholique s’est toujours montrée intransigeante, la révélation d’une information obtenue en confession étant un motif d’excommunication.
Ce n’est pas la première fois que le secret de la confession est visé, remarque le site d’information Aleteia. Le rapport sur les abus sexuels commis dans l’Église, publié en octobre 2021 par la Ciase, remettait lui aussi en question le secret de la confession. Mgr Éric de Moulins-Beaufort, alors président de la Conférence des évêques de France (CEF) avait à ce moment-là réaffirmé que «la confession doit rester secrète et le secret de la confession restera parce que cela ouvre un espace de parole libre qui se fait devant Dieu et, en ce sens-là, est plus fort que les lois de la République». (cath.ch/lavie/aleteia/arch/rz)
Raphaël Zbinden
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