« A Pattaya, tout le monde vit du commerce du sexe »
Pattaya, (Thaïlanle), 26 novembre 1999 (APIC) La minuscule communauté chrétienne de Thaïlande lutte en première ligne contre la prostitution qui sévit dans la cité balnéaire de Pattaya, à 150 kilomètres au sud de Bangkok. L’Eglise protestante du Christ de Thaïlande et l’Eglise catholique gèrent en effet plusieurs centres à Pattaya pour aider les prostituées à quitter leur profession et pour empêcher des enfants d’être entraînés dans ce milieu.
« A Pattaya, tout le monde vend du sexe ! » « Et personne n’a honte », s’indigne Piangta Chumnoi, presbytérienne, qui dirige à Pattaya le projet de l’Eglise du Christ. La plupart des 18 enfants – âgés de 3 à 15 ans – qui sont accueillis dans ce centre sont des enfants de prostituées ou des enfants abandonnés par leurs parents.
Les centres « Source de vie » gérés par les Soeurs du Bon Pasteur et les orphelinats dirigés par les Pères Rédemptoristes jouent également un rôle important dans la lutte contre le tourisme du sexe, très florissant autour des hôtels qui bordent la plage de Pattaya.
« Pattaya est une ville spéciale, explique Piangta Chumnoi. Certes, la prostitution sévit à Bangkok et à Chiang Mai. Mais ici, à Pattaya, le tourisme signifie presque exclusivement le tourisme du sexe. Pouvez-vous me dire si vous avez rencontré beaucoup de touristes femmes dans cette ville? »
La ville « double » en hiver
Même si plus de 25 % des huit millions de touristes qui viennent en Thaïlande chaque année visitent Pattaya, le nombre des touristes femmes est insignifiant, renchérit la gérante d’une agence de voyages. Elle estime que la moitié des 200’000 habitants de Pattaya ne sont pas originaires de la ville mais sont venues d’ailleurs pour travailler dans le commerce du sexe. La population de la ville « double » en effet durant l’hiver, lorsque les touristes occidentaux (pour la plupart des hommes d’un certain âge) viennent profiter des « plaisirs » que leur offre Pattaya.
Des milliers de jeunes femmes et d’adolescentes quittent les villages pauvres du nord de la Thaïlande pour venir trouver un « emploi facile » à Pattaya. On fait même venir des femmes et de très jeunes filles de pays voisins – Myanmar, Cambodge et Vietnam – pour travailler dans les sex-shops portant l’enseigne de pubs, de salons de massage, et de bars, sans compter les centaines de prostituées qui arpentent les rues de Pattaya et « racolent » ouvertement les touristes.
Selon les informations fournies par l’ECPAT (mouvement de lutte contre la prostitution des enfants dans le tourisme en Asie), de Bangkok, le revenu annuel du « commerce du sexe » illégal en Thaïlande s’élève à environ 54 milliards de baht soit 2,2 milliards de dollars.
« Nous faisons tout ce que nous pouvons pour protéger les enfants vulnérables de cet engrenage du vice », déclare Joan Gormley, soeur du Bon Pasteur au centre « Source de vie ».
Elle ajoute: « Chaque matin plus de 150 enfants, âgés de moins de sept ans – enfants d’employés de bars, de nettoyeurs de la ville, de prostituées vivant dans les quartiers pauvres – sont ramassés dans des fourgonnettes du centre. Des enseignants et des bénévoles, sous la supervision des religieuses, prennent soin des enfants jusqu’au retour de leurs parents ».
« L’atmosphère des quartiers pauvres est gangrenée par le trafic de drogues et la prostitution. Nous préparons les enfants à l’école en suscitant chez eux la soif de savoir et l’amour de la vie », explique Soeur Gormley. C’est la seule façon, souligne encore cette religieuse irlandaise qui parle couramment le ’thai’, « d’empêcher les enfants de tomber dans le cycle infernal de la prostitution ».
La Thaïlande, qui a 63 millions d’habitants, compte environ 200’000 chrétiens. (apic/eni/ba)
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