Edmond Kaiser dénonce le massacre à huis clos en Tchétchénie

Fribourg: 73’000 francs pour la Fondation Sentinelles, au secours de l’innocence meurtrie

Fribourg, 29 novembre 1999 (APIC) « Ce qui m’intéresse, ce n’est pas le bonheur de tous les hommes, c’est le bonheur de chacun », lance Edmond Kaiser, en citant Boris Vian. Militant passionné de la cause de l’innocence bafouée – il dénonce aujourd’hui le massacre à huis clos des civils en Tchétchénie – le responsable de la « Fondation Sentinelles » a reçu lundi à Fribourg un chèque de 73’000 francs pour soutenir son engagement au secours de l’innocence meurtrie partout dans le monde. Ce don représente l’entièreté de la recette de la revue satirique « FriBug » qui a connu un grand succès.

Visiblement touché par ce geste de solidarité, Edmond Kaiser a tenu à dire merci au nom des millions de fillettes mutilées sexuellement – excisées et infibulées – dans de nombreux pays d’Afrique et d’ailleurs. Merci au nom de ces enfants « guides d’aveugles » dont on vole l’enfance au Sénégal ou en Inde, petits enfants loués ou prêtés par leur famille, astreints à mendier en compagnie de l’aveugle qu’ils conduisent, que « Sentinelles » cherche à libérer et à scolariser. Merci au nom de ces petites filles du Tamil Nadu, qu’on tue pour le simple fait qu’elles soient de sexe féminin, et pour lesquelles il faudra payer une dot. « Sentinelles », par un travail patient dans les villages, a déjà pu sauver, en une année, une septantaine de fillettes vouées à une mort certaine.

La bêtise et la méchanceté des hommes

A 86 ans, le fondateur de « Terre des Hommes » en 1959 et du mouvement « Sentinelles » en 1980 – une fondation sise à Lausanne, qui a pour but « le secours aux victimes et la mise hors d’état de nuire des instruments de leur malheur » – ne veut toujours pas contenir son indignation face à la bêtise et à la méchanceté des hommes.

Lundi, il a reçu un peu de baume sur le cœur: « Sentinelles », sa fondation, aura davantage de moyens pour faire face à l’urgence. Suivre les actions développées par Edmond Kaiser, c’est accepter une véritable « descente aux enfers » de l’inhumanité: reconnaître le calvaire de la fille-mère et de son enfant, qui n’a ni existence légale dans le Code de la famille algérienne, ni soutien familial dans une société maghrébine qui punit de « mort sociale » ce genre d’ »immoralité contre nature ». Découvrir le visage de ces filles kenyanes, sauvagement mutilées sexuellement à l’aide d’une vieille lame de rasoir, vendues à l’âge de 10 ou 12 ans pour se « marier » (il s’agit plutôt d’un mariage par un viol inaugural sordide! lance Edmond Kaiser) … en échange de deux ou trois vaches.

« Sentinelles » dénonce également le système du « Trokosi » au Ghana. Coupables d’un « crime » familial antérieur désigné par des devins coutumiers, ces fillettes vierges « esclaves des dieux » sont livrées au service de prêtres animistes qui les « épousent ». Comme pour les mutilations sexuelles ou la maladie du « noma », une infection qui ravage les visages jusqu’à causer la mort, l’organisation d’Edmond Kaiser a longtemps crié dans le désert, face à « l’indifférence » des fonctionnaires de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), pris par d’autres priorités ou gênés par la dénonciation de ces « coutumes » relevant de fausses conceptions religieuses.

Edmond Kaiser s’est d’ailleurs rendu lui-même en Egypte auprès du cheikh Tantawi au Caire: la « fatwa » qu’il lui a remise condamne avec force les mutilations sexuelles qui sont rejetées par l’islam, mais propagées par des milieux ignorants ou intéressés à ce que ces pratiques barbares se perpétuent. Face à cette réalité souvent décourageante, de telles « victoires », les visages « réparés » d’enfants mutilés par le « noma » – opérés dans les hôpitaux de Genève, Yverdon ou Sion grâce à un grand mouvement de solidarité – sont sa plus grande récompense. (apic/be)

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