Le projet de registre électronique des prêtres de LGF a été évoqué au détour d’une interview de l’évêque Charles Morerod, publiée par le journal alémanique NZZ le 17 juillet 2025. À la question «Un registre national au niveau de la Conférence des évêques ne se fait-il pas attendre depuis longtemps?», Mgr Morerod aurait répondu: «Un tel registre est précisément mon objectif. En France, il existe déjà un système numérique: les prêtres y reçoivent une carte d’identité avec un code QR. Chaque paroisse peut ainsi vérifier par smartphone s’il y a des reproches ou des restrictions.» L’évêque de LGF précise: «Nous introduisons actuellement ce système dans le diocèse de Lausanne, Genève, Fribourg. Et je m’engage au sein de la conférence épiscopale pour qu’il soit mis en œuvre dans toute la Suisse. Tout le monde n’est pas encore convaincu, car le système français est moins connu en Suisse alémanique. Mais le processus est lancé.»
L’information a été reprise et développée le jour-même par la RTS. Dans l’émission Forum, l’évêque relève tout d’abord que, contrairement à ce que dit la NZZ, il n’a jamais proposé la création d’un registre national, tout en précisant qu’il n’est pas contre. L’initiative du registre reste donc limitée à LGF.
Mgr Morerod souligne qu’il « s’agit d’éviter que des gens déjà connus pour des problèmes passent entre les gouttes ». En scannant le QR code, un code couleur vert, orange ou rouge apparaît. L’évêque se dit toutefois perplexe sur la couleur orange. Le scan peut être fait à l’aide d’un simple téléphone portable, est-il précisé. «Quand un prêtre inconnu se présente dans une paroisse en disant ‘je suis prêtre, je veux célébrer la messe’, il faut savoir s’il y a déjà eu des sanctions contre cette personne, ou même si c’est un prêtre tout court», explique Mgr Morerod au téléjournal de la RTS. Il rappelle que cela peut permettre de repérer de faux prêtres ou des prêtres qui ne seraient plus autorisés à exercer.
Le problème de la situation actuelle, c’est que quelqu’un peut se promener avec une carte valable cinq ans alors qu’un problème est apparu dans l’intervalle, remarque-t-il. Cette nouvelle carte remplacera celles déjà existantes, mais qui n’intègrent pas de données actualisables en temps réel. La mise à jour des informations figurant sur ces cartes relèvera de la responsabilité de l’évêché. Un travail déjà en cours à Fribourg. L’initiative devrait être mise en place d’ici à la fin de l’année.
Le 19h30 donne la parole à l’abbé Claude Deschenaux, doyen de la Gruyère, qui voit positivement le projet. «Nous, le clergé, souffrons beaucoup de tous ces abus, parce qu’on est tous mis dans le même sac, et le fait de pouvoir avoir un contrôle du clergé qui va bien, qui va moins bien, peut-être aussi de confrères qui sont dans certaines difficultés, je pense que cela devrait bien passer.»
Pour autant, le projet pose diverses questions, notamment sur l’aspect de la protection des données. Sur la RTS, Laetitia Kulak, experte en digitalisation dans le domaine des ressources humaines, s’interroge notamment sur la sécurité. « Je suis assez surprise et perplexe qu’on envisage d’utiliser une telle technologie dans un contexte où les données sont aussi sensibles, alors même que cette technologie n’est pas sécurisée à 100% », estime-t-elle. « Qu’allons-nous faire de ces données? Où vont-elles aller? (…) Je pense que c’est avant tout un problème de sécurisation, mais cela pose aussi la question éthique (…) Je trouve cela dangereux et discriminant, commente l’experte. «Il est important de pouvoir stocker ces données dans un environnement vraiment sécurisé. »
L’évêché seul aura accès aux données des prêtres et le dispositif est destiné uniquement aux paroisses. Mais, dans le 19h30, Valentine Murith, présidente de la paroisse St-Nicolas/St-Paul de Fribourg, s’interroge: «Tout à coup, quelqu’un est vert, rouge ou orange, on ne sait pas vraiment ce qu’il y a derrière, jusqu’à quelles informations on aura accès, qui pourra les consulter. Je trouve qu’il y a un aspect juridique, de protection des données qui n’est pas du tout clair.»
Dans Forum, Mgr Morerod précise effectivement que les couleurs ne signifieraient pas forcément l’existence d’un délit. «Ce pourrait être que quelqu’un ne serait plus capable d’exercer à cause d’une démence précoce qui ne se remarque pas bien.» Pour l’évêque, l’objectif du dispositif, qui s’ajoute à plusieurs autres mesures de prévention, est aussi de restaurer la confiance chez les fidèles. (cath.ch/rts/nzz/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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