Décès de Jacques Neirynck à 93 ans

L’ancien conseiller national vaudois Jacques Neirynck est décédé le 24 juillet 2025 à l’âge de 93 ans. Avant la politique, il avait déjà connu plusieurs vies comme professeur en Afrique et à l’EPFL, écrivain, essayiste ou homme de télévision. Catholique convaincu, il n’a jamais manqué non plus de s’engager et d’exprimer son opinion dans l’Église.

Doué d’un savoir qui embrassait presque toutes les branches de l’intelligence, Jacques Neirynck a été un touche-à-tout de génie plaidant pour la réconciliation de la foi et de la science et pour leur enrichissement mutuel. Ne refusant jamais la polémique, il imposait son charisme sur les sujets les plus divers concernant, la science, la mondialisation, le capitalisme, la défense des consommateurs, la foi, l’Église ou le dialogue interreligieux. Comme écrivain, il est l’auteur de plusieurs romans qui ont connu de gros succès de librairie.

«Jacques Neirynck est sans doute le meilleur exemple d’un chercheur qui s’implique pour la société. À l’heure où les enjeux technologiques et scientifiques sont devenus aussi importants, je rends hommage à son engagement au Parlement, dans les médias, dans la vie de la cité en général », a relevé la présidente de l’EPFL Anna Fontcuberta i Morral.

Une jeunesse belge

Jacques Neirynck est né le 17 août 1931 à Uccle, en Belgique. Après avoir obtenu en 1954 son diplôme d’ingénieur électricien à l’Université catholique de Louvain, il travaille jusqu’en 1957 dans un charbonnage. En 1958, après son doctorat, il part au Congo qui est encore une colonie belge pour enseigner à l’université de Léopoldville, aujourd’hui Kinshasa, jusqu’en 1963.

De retour en Belgique, il travaille au laboratoire de recherche de l’entreprisse Phillips. En 1972, il est nommé professeur à l’École polytechnique fédérale de Lausanne, (EPFL) où il travaillera jusqu’à sa retraite en 1996.

Défenseur des consommateurs

En dehors de son activité scientifique, Jacques Neirynck est, depuis 1963, un des promoteurs du mouvement de défense des consommateurs en Europe, au sein duquel il exerce différentes activités en Belgique, en France et en Suisse où il collabore régulièrement à des émissions de radio et de télévision comme À bon entendeur.

Parcours politique

Ce n’est que sur le tard, après sa retraite, alors qu’il approche les 70 ans, qu’il s’implique en politique. Il est élu de 1999 à 2003 et de 2007 à 2015 comme conseiller national pour le Parti démocrate chrétien (PDC) avant de se faire écarter par la nouvelle génération.  

Catholique convaincu, Jacques Neirynck n’a jamais manqué non plus de s’engager et d’exprimer son opinion dans l’Église à travers de nombreuses conférences, notamment sur les rapports sciences et foi, des articles ou des interventions médiatiques.

Romans et essais

Son deuxième roman, Le Manuscrit du Saint-Sépulcre, publié en 1994, est le plus connu. Jacques Neirynck propose, à partir d’une enquête fictive menée sur la datation du Suaire de Turin, une réflexion suggestive sur la place de l’Église dans un monde médiatique et scientifique. Suivent L’Ange dans le placard en 1999, puis La Prophétie du Vatican en 2003.

Jaccques Neirynck s’intéresse aussi au dialogue avec l’islam et publie avec Tariq Ramadan un livre intitulé Peut-on vivre avec l’islam? Il prendra plus tard vigoureusement la défense de l’islamologue lorsque celui ci sera accusé de viol en 2017.

Toujours dans le domaine religieux, il s’intéresse en l’an 2000 à l’énigme Vassula voyante qui affirme recevoir de messages directs du Christ et de la Vierge.

En 2007, il se lance dans le roman policier historique avec une série se déroulant à la Belle Époque.

En 2018, dans son essai Le secret des Suisses – Le goût du consensus, il se penche sur le cas particulier de la Suisse, à partir duquel on peut étudier la démarche d’une politique authentique, détournée des attraits du pouvoir pour se consacrer au bien commun.

En 2025, à l’occasion des 1700 ans du Concile de Nicée, Jacques Neirynck publie encore CREDO, Lectionnaire des baptisés où il regroupe des textes rassemblés dans le cadre de la Conférence Catholique des Baptisé·e·s Francophones. (cath.ch/mp)

Une vision synodale de l’Église bien avant l’heure
En 1997, à l’approche de l’an 2000, Jacques Neirynck livrait à l’agence de presse internationale catholique (APIC) sa vision d’une Eglise synodale bien avant l’heure: «Le refus obstiné de la démocratie dans l’Église catholique est une source de difficultés considérable. On ne peut pas demander aux gens de se prononcer en tant que citoyens sur des questions juridiques, économiques, politiques, qui du reste leur échappent dans une large mesure, sans leur donner le moindre droit de décision dans l’Église. Or l’enseignement de Jésus montre qu’il n’y a pas de discrimination, qu’il n’y a pas de chrétiens de première et de seconde catégorie. Le chrétien ordinaire doit avoir le même poids que le théologien ou le mystique. MP

Maurice Page

Portail catholique suisse

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