Alors que je fais des photos, un couple s’approche du brûloir situé au pied de l’arbre. Ils allument un cierge, se recueillent un moment à l’abri du vénérable tilleul puis repartent. Ce tilleul à longues feuilles offre une certaine fraicheur et le repos pour les yeux alors que le ciel nuageux que perce le soleil de juillet est aveuglant.
«En fait, le gardien ce n’est pas moi, c’est lui,», sourit Stéphane Rosset, le sacristain de la chapelle de Notre-Dame des marches. Il désigne le tilleul à l’ovale parfait qui veille sur la chapelle depuis plus de 300 ans.
«Le gardien», c’est ainsi que le Service des forêts et de la nature du canton de Fribourg dénomme le vénérable tilleul. La fiche indique qu’il a «certainement été planté lors de la construction de la chapelle, en 1705». Un petit panneau de bois accroché à l’enclos de l’arbre assure que le vénérable tilleul a été planté en 1720. Peu importe, au pied de ce tilleul, on ne sent pas d’humeur à chipoter.
La chapelle, un sanctuaire marial, accueille deux pèlerinages annuels qui comptent des centaines de malades. «Le prochain, le pèlerinage d’automne, est prévu le 16 septembre», indique Stéphane Rosset. Le lieu est connu loin à la ronde depuis que la guérison miraculeuse de la jeune Léonide Andrey, le 17 mai 1884. La Seconde guerre mondiale, empêchant les pèlerins de se rendre à Lourdes, a contribué à la notoriété du lieu que l’on surnomme le petit Lourdes fribourgeois. On y célèbre des messes tous les dimanches et les mardis. «On y compte entre 60 et 100 personnes», relève Stéphane Rosset.
Le lieu attire également nombre de randonneurs qui viennent à la chapelle, passent au café-restaurant et font halte sous cet arbre classé comme remarquable. Ce tilia platyphyllos, (tilleul à longues feuilles), surplombe la chapelle avec ses 29 m de hauteur. Le service des forêts indique un diamètre de 180 cm. Ces données paraissent sous-évaluées pour qui se trouve au pied de l’arbre qui paradoxalement impressionne et rassure en même temps.
«Il n’y a pas une seule personne qui ne me parle de cet arbre, témoigne le sacristain. Certains viennent pour la chapelle et découvrent l’arbre à cette occasion. Ils posent plein de questions.»
Même s’il n’a pas de rôle liturgique, le Gardien est lié à la chapelle, estime Alexandra Maeder qui tient le café restaurant des Marches depuis trois ans. «Les gens arrivent au restaurant où je les accueille. L’arbre, c’est le deuxième rendez-vous. Il apaise beaucoup de monde, vous savez.» Les clients lui parlent systématiquement du tilleul, ajoute-t-elle.
«La chapelle c’est la vie spirituelle, l’arbre est un lieu de vie énergétique lié à la nature. Cet arbre accueille des rires, des chagrins et des prières aussi.» Le brûloir, apparemment très fréquenté, crée ce lien, elle en est sûre.
De fait, on trouve très souvent des tilleuls plantés près des églises. Ils abritent les réunions des fidèles à la sortie de la messe. Cette essence a plusieurs vertus dont celle, notamment, d’apaiser les êtres humains. C’est pour cette raison que l’on trouve des tilleuls près des lieux de rassemblement.
En empruntant la route qui mène à la chapelle de Notre-Dame des Marches, malgré la forêt en arrière-plan, on ne voyait que ce magnifique tilleul. En repartant, on lui tourne le dos et c’est bien dommage qu’il ne nous accompagne pas, au moins dans le regard. (cath.ch/bh)
Bernard Hallet
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