Les nominations: Au lendemain de son élection, le pape Léon XIV a confirmé «provisoirement» dans leur charge les dirigeants de la Curie romaine, s’accordant un temps de discernement avant de procéder à d’éventuels renouvellements. Plusieurs nominations importantes sont attendues, dont celle de son successeur au poste stratégique de préfet du dicastère pour les Évêques, en charge de la sélection des évêques dans les pays occidentaux. Outre les successions du cardinal Michael Czerny – qui fêtera ses 80 ans en 2026 – à la tête du dicastère pour le Service du développement humain intégral ou celle du cardinal Kevin Farrell, préfet du dicastère pour les Laïcs, la famille et la vie et camerlingue, certains remaniements pourraient intervenir à l’automne dans d’autres institutions, notamment la secrétairerie d’Etat et le dicastère pour la Communication.
La réforme de la Curie: Grand chantier du pontificat précédent, la réforme de la Curie romaine a abouti à la promulgation d’une nouvelle Constitution apostolique, Praedicate Evangelium, en 2022. Léon XIV a défendu à plusieurs reprises cette réforme, indiquant qu’il comptait bien poursuivre l’héritage de François. Le cardinal Vincent Nichols, archevêque de Westminster, a récemment déclaré que le nouveau pape allait annoncer ses premières mesures cet automne. Cependant, la refonte des entités de la Curie – avec la fusion de divers bureaux en super-dicastères – s’est parfois passée dans la douleur. Pour les observateurs, la restructuration du dicastère pour la Communication notamment reste encore un chantier délicat à mener.
La diplomatie du Saint-Siège: Le nouveau pape s’est présenté dès son élection comme un héraut de la paix, mais il reste à savoir de quelle façon il infléchira la diplomatie du Saint-Siège sur ce point. Durant ses premiers mois de pontificat déjà, Léon XIV a évoqué à plusieurs reprises sa disponibilité pour accueillir au Vatican des «négociations» entre les parties russe et ukrainienne, comme il l’a fait en recevant le président ukrainien Volodymyr Zelensky le 9 juillet dernier. La proposition du pontife, appuyée par l’Italie, avait été jugée «irréaliste» par le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Autre dossier important: celui de la Terre sainte, où on a pu voir, après la récente attaque sur la paroisse de Gaza, que l’Église pouvait encore faire entendre sa voix.
Des finances à équilibrer: Sur le plan économique, le Saint-Siège traverse une période délicate. Malgré le train de réformes mené par le pape François pendant tout son pontificat afin d’assainir les finances vaticanes et rationaliser le fonctionnement de son administration, le Saint-Siège doit chaque année rogner un peu plus sur son patrimoine pour assurer son fonctionnement. Et il reste peu transparent: aucun bilan financier n’a été publié depuis 2022. Léon XIV aura pour mission de faire appliquer les changements établis par François en combattant l’inertie culturelle au sein de la Curie romaine, mais devra prendre aussi soin de ne pas brusquer des employés du Saint-Siège qui ont souffert ces dernières années. Il devra aussi relancer les dons, et donc continuer à combattre les affaires financières qui ont beaucoup nui à l’image du Saint-Siège.
La lutte contre les abus: La crise des abus sexuels sur mineurs commis par des membres du clergé catholique a déjà secoué les pontificats de Jean Paul II, de Benoît XVI et de François. Le nouveau pontife a pour tâche de continuer la lutte de l’Église contre ce fléau, notamment en Afrique et en Asie. Léon XIV devra suivre prochainement plusieurs dossiers, dont le procès de l’ancien jésuite Marko Rupnik, artiste slovène qui fut très proche du pape François et accusé d’abus par une vingtaine de femmes. Le dicastère pour la Doctrine de la foi (DDF) a désormais sélectionné les juges qui devront donner une sentence, mais la date du verdict est encore inconnue. À l’automne, la Commission pontificale pour la protection des mineurs doit aussi rendre son deuxième rapport annuel sur l’état de la lutte dans les Églises du monde. Son premier rapport en 2024 avait suscité des critiques pour son manque de consistance et de sévérité.
Les polémiques liturgiques: Léon XIV est attendu sur le sujet épineux de la liturgie, alors que les restrictions drastiques apportées par le pape François à la célébration de la messe tridentine depuis 2021 ont créé de vives tensions parmi les catholiques traditionalistes notamment en Europe et aux États-Unis. Le secrétaire de Benoît XVI avait affirmé que la décision de François avait «brisé le cœur» du pape émérite, qui avait au contraire libéralisé l’usage de ce rite antérieur au Concile Vatican II. En reprenant en main ce dossier, Léon XIV pourrait également se pencher sur la question épineuse du dialogue avec la Fraternité Saint-Pie X, qui malgré la levée d’excommunications d’évêques en 2009, n’a pas encore réintégré l’Église catholique.
L’unité des chrétiens: L’unité des chrétiens devrait être le cœur du premier voyage du pape Léon XIV. De source vaticane, un déplacement en Turquie est en effet à l’étude pour le mois de novembre, dans le cadre de la commémoration du Concile de Nicée (325). Ce voyage poursuivra le rapprochement avec le patriarcat orthodoxe de Constantinople opéré sous les pontificats précédents. Le patriarcat de Moscou reste une pierre d’achoppement dans le dialogue œcuménique. La rencontre organisée à Cuba entre Cyrille et le pape François, en février 2016, avait semblé ouvrir une percée inédite mais le dialogue a été rompu en raison du soutien actif du patriarche de Moscou à l’offensive russe en Ukraine, qu’il a qualifiée de «guerre sainte», une position inacceptable pour Rome. (cath.ch/imedia/cd/bh)
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